Pr Rachid Belhadj : « Les demandes d’hospitalisation en lits de réanimation ont augmenté »

Pr Rachid Belhadj : « Les demandes d’hospitalisation en lits de réanimation ont augmenté »

Le Directeur des activités médicales et paramédicales au CHU Mustapha Pacha d’Alger, Professeur Rachid Belhadj, s’est exprimé au sujet de la situation épidémique actuelle, liée au Coronavirus (Covid-19).

Dans un entretien accordé à TSA, le Directeur des activités médicales et paramédicales au CHU Mustapha d’Alger, Professeur Rachid Belhadj, a affirmé que « le nombre de cas graves et les demandes d’hospitalisation en lits de réanimation ont augmenté ».

« Nous avons constaté que la virulence du virus est sérieusement menaçante et touche beaucoup plus les sujets âgés qui arrivent chez nous avec des besoins importants en oxygène. On enregistre également une saturation des lits d’hospitalisation et notamment la réanimation et un nombre important de décès par rapport à il y a une quinzaine de jours, ce qui évidemment nous inquiète », a-t-il fait savoir.

« Les malades qu’on hospitalise pour le moment ont tous besoin d’oxygène. Ceci engendre une nouvelle problématique : une forte demande en oxygène, en raison notamment d’une surconsommation. À titre d’exemple au CHU Mustapha, nous avons 1 005 lits qui ont des sources d’oxygène. Nous avons atteint actuellement 300 personnes hospitalisées et tous utilisent de l’oxygène. Nous sommes en train de veiller à ce que l’approvisionnement en oxygène soit le plus régulier possible », a-t-il détaillé.

Interrogé sur le bilan des contaminations et des décès au sein du CHU Mustapha, le Professeur Belhadj a révélé que « onze (11) décès ont été enregistrés vendredi 13 novembre au CHU Mustapha », soulignant que « parmi les personnels soignants, nous comptons trois (3) décès. En nombre de contaminations nous recensons entre 20 et 30 personnels contaminés par jour ».

Dans ce même contexte, il a rajouté que « la plupart des contaminations parmi les personnels de la santé sont d’ordre familial. Cela veut dire qu’on est beaucoup plus protégé à l’hôpital qu’en dehors, dans le milieu familial notamment ».

« Mais en tant que professionnels de la santé, nous sommes convaincus qu’on sera tous contaminés : plus le virus est là, plus il y aura ce qu’on appelle une immunisation collective des personnels de la santé, et malheureusement nous avons beaucoup de formes graves et des décès notamment pour les personnes qui ont des comorbidités. Il faut souligner que huit mois après le début de l’épidémie, on n’a pas encore décidé si (la Covid) est une maladie professionnelle ou bien un accident de travail. Il faut que l’État, à l’instar des autres pays, statue si c’est une maladie professionnelle ou un accident de travail, et que les personnels contaminés ou décédés puissent bénéficier de leurs droits », a-t-il confié.

Lors de son entretien, le Directeur des activités médicales et paramédicales au CHU Mustapha a adressé un message à la population pour rappeler que « le danger est réel et constant et devient de plus en plus menaçant sur la santé publique en Algérie ».

« Nous appelons la population encore une fois à respecter les mesures-barrières et protéger les personnes âgées qui sont les plus touchées. Sur 17 personnes en réanimation, après 24 h on a 17 décès. Ce cycle est entretenu et la virulence du virus est de plus en plus mortelle », a-t-il insisté.

Par ailleurs, le Professeur Belhadj a rassuré sur le fait que « la situation n’est pas chaotique comme certains le disent », mais il a indiqué que « nous sommes dans une situation très difficile dans laquelle nous sommes en train de gérer notre personnel, les malades et les équipements et les sources d’oxygène ».

« Nos inquiétudes en tant que professionnels de la santé, ce sont les villes qui n’ont pas assez de structures sanitaires. Quand on a 10 lits de réanimation pour toute une wilaya, c’est très difficile de faire face à une demande. Et cela s’est répercuté par un très grand nombre d’évacuations vers les grands CHU », a-t-il expliqué.

S’exprimant sur l’utilisation de la chloroquine, le même responsable a fait savoir que « sa prescription commence à être abandonnée », soulignant que « quand il s’agit de personnes âgées souffrant de problèmes cardiovasculaires, et lorsqu’on fait des ECG il y a des contre-indications à donner la chloroquine ».

« La nouveauté c’est qu’il y a l’introduction de ce qu’on appelle la corticothérapie et des anticoagulants. Les malades présentent des troubles respiratoires. Dans ce cas, il faut de l’oxygénothérapie », a-t-il encore expliqué.

« Il y a des personnes qui achètent des extracteurs d’oxygène, qui se permettent de traiter leurs parents chez eux, or ce n’est pas la solution. Il faut un examen et un suivi médical. Il est clair que nous faisons face à un manque de personnel spécialisé notamment en réanimation. La preuve, nous sommes en train d’utiliser nos médecins résidents en anesthésie-réanimation », a-t-il conclue.

Rédaction d’Algérie 360.