Béchar: Colère après la mort de deux employés de l’ENTP.

Béchar: Colère après la mort de deux employés de l’ENTP.

Naciri El Hachemi, un manœuvrier de 36 ans à l’Entreprise nationale des travaux aux puits (ENTP), est décédé dimanche dernier, victime de «négligence» et «d’exploitation» par son employeur. Il a été enterré vivant à plus de douze mètres de profondeur, lorsque les parois d’un puits de forage au niveau du chantier ENTP TP178, à Béchar, se sont effondrées.

Le lendemain, lundi, à minuit, le jeune Mhamdi Mohamed Saleh Ben Miloud, soudeur, âgé de 25 ans et originaire de la commune de Sedrata, dans la wilaya de Guelma, a subi une mort violente dans un accident survenu sur le chantier TP 226 à Hassi Messaoud. Selon le rapport de l’accident, portant la référence 05/16, dont nous détenons une copie, l’accident a eu lieu lors de l’opération de gerbage du BHA 6 – Bottom Hole Assembly, garniture et tubage d’un trou, quand la victime a été heurtée de plein fouet au niveau du thorax par la clé de forage.

Elle a été déclarée morte dès son arrivée à l’hôpital de Hassi Messaoud, rapporte le même rapport. Le défunt a été enterré le jour m ême à Sedrata. Ces deux accidents ont depuis enflammé les réseaux sociaux dans lesquels sont relayés des messages et témoignages de dénonciation des conditions de travail dans les chantiers pétroliers de l’ENTP, l’Enafor, l’ENTP Forage. Les internautes ont exprimé massivement leur colère face à la négligence et ce qu’ils qualifient «d’abus de pouvoir» de certains responsables et chefs de chantier accusés d’«exploitation inhumaine de simples manœuvriers», les «obligeant à exercer dans des conditions de travail dégradantes et dangereuses». D’ailleurs, des employés de l’ENTP ont appelé à travers les réseaux sociaux à une grève générale.

Ils ont menacé de paralyser leur entreprise si le chef de chantier TP178, responsable de ces accidents, n’est pas jugé. Tous les employés avec lesquels nous nous sommes entretenus ont évoqué avec amertume «les conditions lamentables» dans lesquelles ils travaillent et les risques qu’ils encourent à chaque opération effectuée. Le cas du jeune Naciri El Hachemi de Ouargla, orphelin de père, et seul responsable et soutien de sa famille, fait légion. Ce dernier a été forcé à descendre dans le puits malgré le danger, selon les témoins. Le tragique accident est survenu lorsque le chef de chantier a ordonné à la victime de descendre dans le puits et de récupérer une barre en fer tombée au fond.

Naciri a refusé catégoriquement de s’y engouffrer d’autant qu’un autre employé avait essayé mais dû remonter aussitôt pour des difficultés respiratoires suite à un début d’asphyxie dès les cinq mètres de profondeur. S’en est suivie une vive altercation à l’issue de laquelle le chef de chantier a insisté, obligeant le jeune à descendre et à récupérer la barre en fer, racontent ses collègues. Maintenu par une corde, le jeune est descendu dans le puits profond d’environ 12 mètres. C’est au moment où il a donné le signe pour le faire remonter que les parois du puits se sont effondrées, l’enterrant vivant.

«Il a fallu plus de 32 heures pour retrouver son cadavre», raconte un de ses proches, qui ajoute qu’«il a été dégagé mardi vers 5h du matin». La victime a été inhumée jeudi dernier. Selon des cadres de l’entreprise, il existe des moyens techniques et matériels pour retirer des barres ou tiges tombés dans un puits de forage, tels que les cloches ou les tarauds de repêchage. «Beaucoup d’employés dans cette société sont victimes de négligence et d’exploitation. Une enquête doit absolument être faite pour punir les coupables !», s’insurgent des employés rencontrés. A noter qu’aucun responsable n’a été présent sur le chantier au moment de l’accident, entre autres les chefs de projet et les spécialistes en HSE.

Il y a lieu de rappeler que des accidents graves ont été enregistrés en 2015 et ont coûté la vie à 3 employés, dont un chef de service mécanique, mort après avoir été écrasé par les fourches d’un Clark. Deux autres, dont un ingénieur, sont décédés suite à l’explosion dans un puits de pétrole, où s’affairait une équipe à son curage.