Le 4e mandat peut-il venir à bout de la crise de l’habitat et celle de l’emploi?
Logement, emploi, flambée des prix des produits de consommation, informel, spéculation et dépendance par rapport au baril de pétrole: les batailles prioritaires du prochain locataire d’El Mouradia.
La classe politique qui semblait tétanisée par la question du 4e mandat du président de la République commence à frémir. Les problèmes et les préoccupations des Algériens sont identifiés. Comme le sont les défis assignés à l’économie nationale qui reste quasiment inféodée à ses exportations d’hydrocarbures qui ont, certes, connu un début de légère embellie en ce début d’année, après avoir dangereusement chuté en 2013 au point de mettre en danger les équilibres financiers. Une glissade qui s’est effectuée dans le sillage d’une enveloppe des importations, qui a atteint un autre record (plus de 55 milliards de dollars).
Dans un tel contexte, on a envie de dire aux prétendants au fauteuil du palais d’El Mouradia: «Donnez-nous des solutions!». Il sera difficile en effet de garantir indéfiniment une paix sociale à coups de milliards de dollars, lorsque l’on est démuni d’un appareil de production performant. Tous les experts s’accordent à dire que les augmentations de salaires, somme toute légitimes ne peuvent être indéfiniment financées par les recettes générées par les seules ventes de gaz et de pétrole, sans mettre en péril les équilibres budgétaires et créer de l’inflation. «Les hydrocarbures… ont constitué l’essentiel (96,72%) des ventes du pays à l’étranger les 11 mois 2013», a indiqué le 21 décembre le Centre national de l’informatique et des statistiques des Douanes (Cnis).
«Il faut être très prudent sur les salaires, parce que si on va au-delà, on met en difficulté l’avenir de nos équilibres budgétaires» avait recommandé le 9 mai 2013, le grand argentier du pays, Karim Djoudi, en marge d’une séance de questions orales à l’Assemblée populaire nationale. La condition sine qua none pour assurer une stabilité pérenne est de disposer d’un outil de production créateur de richesses et de mettre en oeuvre une justice sociale qui puisse faire reculer des revendications de base incontournables, pour assurer un quotidien dans la dignité: le droit au logement et au travail, avec des salaires décents.
Le 4e mandat peut-il venir à bout de la crise de l’habitat et celle de l’emploi alors que trois mandats successifs ne sont pas arrivés à les éradiquer? Des questions qui se posent avec davantage d’acuité, comme autant de défis à la plupart des concurrents du président de la République, sans aucune expérience de gestion des affaires du pays et qui, de surcroît, n’ont pas eu le privilège d’exercer la fonction présidentielle.
D’autant plus que compter sur uniquement la manne pétrolière pour développer le pays relève de l’illusoire. Le constat est fait. Les chiffres sont sans appel. «Durant le mois de mai dernier (2013, Ndlr), les exportations algériennes ont poursuivi leur baisse (6,47%) sur le sillage d’une baisse de près de 7% des exportations d’hydrocarbures, qui ont représenté 95,5% du total des exportations du pays», avait indiqué le Centre national de l’informatique et des statistiques des Douanes (Cnis).
«Cela peut s’interpréter comme un choc pour la balance des paiements extérieurs en 2013», avait fait remarquer, le 10 juin, lors d’une conférence de presse, le gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Laksaci. Les batailles, qui demeurent à gagner pour sortir de la dépendance par rapport aux exportations d’hydrocarbures pour aspirer faire partie du cercle fermé des pays dits émergents, sont nombreuses.
A commencer par celle de l’autosuffisance alimentaire pour mettre fin aux pénuries récurrentes de produits de première nécessité à travers leur matière première: la poudre de lait et les tensions qu’elle génère sur cette filière quand ce n’est pas la pomme de terre ou les prix de la courgette, du sucre ou de l’huile…
Des phénomènes qui ne peuvent être combattus que par la mise en oeuvre de mécanismes de régulation des marchés, d’un contrôle strict de prix… pour mettre fin à l’anarchie qui prédomine dans un secteur du commerce sur lequel la mafia de l’informel a pratiquement la mainmise.
Mettre fin à ces réflexes «carnivores» qui caractérisent cette sphère qui exerce son contrôle sur plus de 40% de la masse monétaire en circulation et qui a pris la fâcheuse habitude de saigner aux quatre veines ses concitoyens à l’approche du mois sacré du Ramadhan, des fêtes de l’Aïd ou des rentrées scolaires (lire L’Expression du 20 janvier). Autant de défis que les gouvernements qui se sont succédé depuis 1962, n’ont pu relever.