Les ressortissants algériens désirant se rendre en Turquie seront toujours soumis à la procédure d’obtention de visa.
La suppression de cette procédure «n’est pas dans l’agenda» des deux pays, selon M. Ahmet Necati Bigali, ambassadeur turc en Algérie. « Il n’y a aucune discussion sur ce sujet.
A l’heure actuelle, avec l’Algérie, cette question n’est pas dans l’agenda», a-t-il déclaré mardi 14 septembre, en cours d’une conférence de presse animée au siège de son ambassade, sur les hauteurs d’Alger.
La réplique du diplomate turc se veut une mise au point pour taire des rumeurs persistantes accréditant l’option de la suppression prochaine du visa turc pour les Algériens. Un journal arabophone algérien, El Khabar, dans l’une de ses livraisons d’avril dernier, révélait la levée imminente du régime de visa pour le libre mouvement des biens et des personnes. Membre du G20, la Turquie a abolit l’obligation de visa pour les ressortissants issus de 60 pays, selon l’ambassadeur. C’est le cas, entre autres, du Liban, la Jordanie , la Syrie et la Libye.
En 2009, environ 42 000 ressortissants algériens ont pu obtenir leurs visas d’entrée en Turquie. Le chiffre semble satisfaire M. Bigali. «Nous constatons qu’il y a un grand intérêt des touristes algériens pour la Turque, a-t-il affirmé.
Notre pays est devenu une destination assez importante. Nous avons des cultures similaires et nous sommes dans la même sphère de civilisation. Comme nous partageons les mêmes valeurs culturelles.» Pour l’année en cours, l’ambassade turque compte délivrer 50 000 visas aux algériens, espère ce diplomate
Barrières douanières contraignantes
En Algérie, les produits turcs importés sont soumis à de fortes tarifications douanières, a expliqué l’ambassadeur dépité. Pour étayer ses propos, il a souligné, à titre d’illustration, que l’exportation des produits de textiles turcs vers l’Algérie demeure insignifiante en raison des barrières douanières. Une situation qui exaspère et inquiète de plus en plus les responsables turcs. Et ils ne se gênent pas de le crier sur tour tout les toits.
«Il y a une concurrence déséquilibrée entre les produits turcs et les produits européens qui entrent en Algérie. Les pays européens sont plus favorisés que la Turquie », s’est plaint M. Bigali, non sans réclamer que les conditions mises en place par l’Algérie à l’endroit des pays européens soient les mêmes pour la Turquie.
Ankara réclame un accord de libre échange
Pour espérer lever ce boulet, la Turquie , 17ème économie mondiale, a introduit officiellement, depuis plusieurs années, une demande exhortant l’Algérie a ratifié un accord de libre échange. Depuis, les turcs sont sur le grill. «Nous n’avons même pas des discussions en la matière, a précisé l’ambassadeur. Nous voulons toujours signer cet accord depuis des années.
Nous attendons toujours le feu vers des autorités algériennes.» Blocages de la part d’Alger? Une forme d’une fin de non-recevoir de la requête turque? En diplomate, M. Bigali a éludé la question. «Je ne sais pas. Le gouvernement algérien est souverain. C’est à lui de décider. On ne peut lui forcer la main », a-t-il répliqué. Pour convaincre le gouvernement algérien du bien-fondé de cet accord, M. Bigali a ressorti une nouvelle carte.
«L’Algérie doit signer un accord de libre échange avec la Turquie en vertu du traité d’association ratifié entre l’Algérie et l’Union Européenne. En annexe, un article le lui recommande», a-t-il fait savoir. L’ambassadeur reste toutefois convaincu que la ratification de l’accord de libre échange entre Alger et Ankara faciliterait les échanges commerciaux de même qu’il abolirait «les entraves» imposés aux commerce entre les deux pays
Des échanges commerciaux en baisse en 2009
En 2009, la valeur des échanges commerciaux entre l’Algérie et la Turquie a atteint 5 milliards de dollars, selon M. Bigali, contre 4 milliards de dollars en 2008. La baisse des échanges s’explique notamment par la crise économique mondiale qui a affecté le pays d’Ataturk.
Ce pays eurasiatique a été classé 6ème client de l’Algérie en 2009 avec plus de 2 milliards de dollars d’importations. Les deux pays sont liés par un contrat portant sur la livraison par l’Algérie de quatre milliards de mètres cubes de GNL par an, pendant vingt ans, soit jusqu’à 2014.
7ème fournisseur de l’Algérie, la Turquie a réalisé des exportations de plus de 1,7 milliard de dollars en 2009. Il s’agit essentiellement des produits semi-finis, des équipements électroniques et des produits alimentaires.