Rabah Saadane, le Cheikh comme ses protégés aiment à l’appeler, a encore une fois prouvé mercredi soir contre l’Egypte à Oum-Dourman (Soudan) qu’il reste un grand maître dans l’art difficile de mener des équipes nationales à la qualification à un mondial. La carrière de Saadane, avec cette qualification venue de cette terre chaude et si accueillante d’Afrique, prend une envergure absolument extraordinaire, celle d’un grand entraîneur.
En l’espace de 27 ans, ce natif de Batna a qualifié à deux reprises l’Algérie à un mondial. Il a également rendu le rêve de millions d’Algériens une réalité, et doublement en leur donnant la joie de savourer une si belle revanche contre l’Egypte, qui avait éliminé sur le même score les Fennecs pour le Mondial de 1990.
Ce pur produit de l’Institut des Sciences et de la Technologie Sportive (ISTS) de Ben Aknoun (Alger), aujourd’hui âgé de 63 ans, accumule les succès: il a offert dans cette belle ambiance d’une soirée africaine à Khartoum un si précieux cadeau à la jeunesse Algérienne: la fierté d’appartenir à un pays d’Hommes.
Ancien footballeur (MSP Batna, MOConstantine, JSEl Biar, USMBlida et Rennes-France), il devient, à la suite d’un malheureux accident, un entraîneur, qui, à partir de 1976, va réussir une fabuleuse success-story, digne des grands coachs internationaux. Et, là où Saadane met la main, tout devient brillant. Saadane est de l’or en barre, un fabuleux créateur de succès, même si parfois il a beaucoup souffert de l’incompréhension de son entourage. Est-ce ainsi un hasard si cet homme se verra confier par les structures fédérales de l’époque la sélection nationale en 1999, 1981-82, 1984-86, 2003-2004 et enfin en 2007?
L’homme, comme pour donner de la texture, de la consistance à sa carrière, voyage beaucoup. Il est sollicité par plusieurs grands clubs arabes et maghrébins.
Homme aux grandes qualités humaines, avec une sensibilité à fleur de peau, il dirigera la sélection nationale du Yemen, puis des clubs en Arabie Saoudite, en Tunisie et au Maroc où il gagne un titre africain avec le Raja de Casablanca.
Et puis, l’homme est surtout connu pour avoir été le premier entraîneur Algérien à mener une sélection nationale à un Mondial: c’était en 1979 lorsqu’il avait qualifié les juniors à la coupe du Monde au Japon.
Cet homme au grand charisme, à qui ses amis comme ses ennemis lui reprochent de rester stoïque sur son banc de touche et ne pas s’énerver quand son équipe se fait malmener, fera partie du staff qui a qualifié l’Algérie au Mondial espagnol (1982). Avant de prendre le commandement du navire Algérien pour le mener à bon port au mondial Mexicain, quatre années après l’odyssée de Gijon.
Un homme en Or
Et puis Saadane, c’est un tiroir-caisse, une machine humaine à distribuer des succès: il le prouvera à la tête du Raja de Casablanca (Maroc), ou de l’ESSahel
(Tunisie). Mais, il accèdera à la gloire en 1986 lorsqu’il permet à l’Algérie de revenir à un Mondial, après avoir accepté la direction technique au moment où l’équipe nationale traversait des zones de turbulences.
Celui qu’on a surnommé à cette époque »l’Altitude », réussira en fait à faire atterrir en douceur une équipe Algérienne alors aux abois pour la mener gaillardement au pays des Aztèques, où se sont donné rendez-vous les grandes nations du football mondial.
Rabah Saadane, l’homme par qui les succès arrivent, est pourtant toujours venu à la tête de la sélection nationale aux pires moments, pour reconstruire ce qui a été détruit par des techniciens étrangers.
Pour toutes les équipes qu’il a coaché, c’est l’homme Providence: il a une »baraka » que peu de techniciens peuvent se targuer d’avoir. Sans être tout à fait un sorcier, il est simplement un enfant du football, d’abord un défenseur hargneux, ensuite un entraîneur besogneux. Et, surtout, un meneur d’homme.
L’entraîneur Algérien porte en fait bien son nom: Rabah (vainqueur) Saadane (heureux), pour avoir pu redonner ce goût de la victoire et cette joie de vivre à des millions d’Algériens.