Tizi Ouzou : nos plages sont-elles propres ?

Tizi Ouzou : nos plages sont-elles propres ?

A l’approche de la saison estivale qui ouvrira ses portes ces prochaines semaines, nos plages sont-elles propres ? Sont-elles sûres ? A-t-on pris les mesures nécessaires ?

Mon Journal a mené une enquête auprés des services concernés …Causes et effets des eaux usées déversées dans la mer…reportage.

Implacable et invisible, cette menace est pratiquement inconnue du grand public. La joie de barboter dans une eau qui parait sibylline occulte le risque qu’encourt le baigneur qui se baigne dans une eau polluée.

Sur la côte de Tizi Ouzou, aux longs bandeaux de plages au sable fin entrecoupés d’autres aux gravillons miroitant de propreté, des milliers d’estivants y séjournent les trois mois d’été, en l’occurrence les mois de juin, juillet et août. Le flux de touristes ne cesse de croître chaque année, du fait que des centaines de famille choisissent le tourisme national depuis les Primptemps arabes.

Des enquêtes sur la pollution

Nos plages donc affichent «complet». La propreté doit donc être de mise. Des milliers de mètres cubes d’eaux usées des rivières et pire encore des égouts sont déversés sur notre côte.

Si le ruissèlement de celles-ci parait presque invisible durant la saison estivale, c’est que tout simplement l’été est une saison sèche, et que les rivières assèchées ou presque ne drainent pas grand-chose vers la mer qui puisse attirer l’attention du baigneur. Et pourtant, l’hiver durant, les eaux des rivières en crue descendent en dévalant des pentes raides des montagnes et collines densément habitées, fournissant à la mer une pollution inquantifiable.

A-t-on seulement pensé à mener des enquêtes sur cette pollution ? La Kabylie déroule son chapelet de villages perchés sur les collines. Les eaux usées des rivières et des égouts sont presque systématiquement orientées à longueur d’année vers la mer. Ces dizaines de rivières distantes entre elles de moins de 05km, représentent un déversoir permanent vers la mer qui se charge d’absorber leurs eaux usées.

L’absence de centre de traitement des égouts en suffisance sur la côte ne fait qu’empirer la situation avec les constructions nouvelles de plus en plus nombreuses, et le flux de touristes toujours allant crescendo. A titre d’exemple, la station d’épuration des eaux usées est conçue selon nos sources pour seulement 15 000 habitants, alors que cette célèbre ville touristique accueille jusqu’à 70 000 touristes par jour l’été !

Des maladies du passé apparaissent périodiquement sur nos plages l’été. Le cas de l’épidémie de conjonctivite (maladie des yeux, qui les rend rouges et larmoyants avec un sentiment pour les patients d’avoir une poignée de grains de sable sous les paupières est édifiant).

Vers la fin des années 2000, cette épidémie a fait des centaines de malades sur la côte.

Des cas de maladies dermatologiques (maladies de la peau) sont souvent signalés chez les baigneurs. La pollution marine n’est-elle pas en cause ? Les rivières et autres gros fossés quand ce n’est pas quasiment des buses comme c’était le cas il y a seulement quelques années sur la célèbre plage Feraoun sur la côte des Iflissen, ne sont-ils pas en cause ? Interrogé sur les precautions et les mesures de contrôle prises par les autorités des communes du littoral, un élu Saïd Bourti, qui en est à son 3e mandat, nous affirme : « nous travaillons en étroite collaboration avec le laboratoire de l’hôpital de la ville. Nous prélevons regulierement des échantillons d’eau de mer des plages qui sont analysés par les speçialistes.

Alerter la population sur

les dangers de la baignade

Si l’hôpital nous fait part d’un pic dangereux, nous alertons la population et les touristes des dangers de la baignade. Pour le moment cela n’a jamais été le cas ». Sur le volet relatif aux eaux usées déversées par les rivieres sur la côte, celui-ci ajoute : « En l’absence de stations d’épuration en certains endroits ; nous avons installé des bassins de décantation pourvus de gravillons filtrant. De ce fait, toutes les impuretés sont retnues avant qu’elles n’atteignent la mer ».

Le Commissariet national du littoral est mis aussi à contribution. Contacté par nos soins sur les mesures prises pour s’assurer de la propreté des lieux de baignade, un responsable dudit organisme nous déclare : « des prélèvements d’eau de mer sont effectués chaque quinzaine durant la saison estivale et analysés au laboratoire ».

« D’autre part des campagnes de volontariat pour le nettoyage des plages sont organisées les semaines qui precedent l’ouverture de la saison estivale. Ramassages d’ordures menagers, de cannettes, et des rejets marins. Les équipes de tâcherons de « blanche Algérie » sont aussi mobilisées par les autorités pour maintenir la constante propreté des lieux de baignade. Pour le moment, aucune alerte n’est donc lancée, mais tous les concernés s’accordent à dire qu’il ne faut jamais relacher la vigilance».

Est-ce suffisant d’en prélever chaque quinze jour pour s’assurer de la bonne propreté de l’eau ? Ne doit-on pas prendre à bras-le-corps le problème et s’assurer de la bonne qualité de l’eau avant le rush des baigneurs.

Des citoyens interrogés insistent surtout sur le fait que nos rivières ne doivent pas continuer à devenir des véhicules d’eaux usées. La construction de plusieurs stations d’épuration est plus que nécessaire le long de la côte.

Ferhat Tizguine