Virée nocturne avec les gendarmes de Guelma, Les boîtes de nuit sous haute surveillance

Virée nocturne avec les gendarmes de Guelma, Les boîtes de nuit sous haute surveillance

Les dancings, les cabarets et les boîtes de nuit sont soumis à une surveillance accrue par les services de sécurité, en prévision des fêtes de fin d’année.

« C’est une action préventive dans le cadre de la lutte contre toute forme de criminalité, notamment la consommation et la commercialisation de drogue, le recrutement de mineures et autres délits », a indiqué le commandant du groupement territorial de la Gendarmerie nationale (GN) de la wilaya de Guelma, le colonel Gana Benouda. Des descentes inopinées sont programmées dans ces lieux. Des unités spéciales sont mobilisées, entre autres les Sections de sécurité et d’intervention, des brigades cynophiles et celles de protection des mineurs et de la lutte contre la délinquance juvénile. Un avant-goût de ce que sera ce tour de vis a été donné dans la soirée de dimanche dernier lors d’une descente des éléments du groupement de la GN de Guelma dans un dancing, connu pour l’organisation de soirées bédouines, situé dans un endroit isolé. A l’intérieur, un grand parking. Les véhicules sont immatriculés dans les wilayas limitrophes et au-delà. Des videurs contrôlent les lieux.

Dans une grande salle, des hommes sont attablés sous une lumière tamisée alors que des femmes dansent. Des gendarmes passent au contrôle des clients. « On procède à la vérification d’identité des personnes pour s’assurer qu’elles ne sont pas recherchées ou ne font pas l’objet de mandat d’arrêt », a expliqué l’officier de la GN. Certains ont été même soumis à une fouille corporelle. Les gendarmes sont à la recherche d’armes, de psychotropes ou de kif traité. Les chiens renifleurs de la GN sont passés à l’action : les sanitaires sont passés au peigne fin. A la vue des gendarmes, des clients se cachent dans les toilettes. Les tables, les arrière-boutiques et même la scène de danse sont soumises au contrôle. Au même moment, un autre groupe de gendarmes procède à la vérification des véhicules stationnés à l’extérieur.

Le gérant rejoint le lieu, assurant qu’il exerce cette profession dans le cadre de la loi. « J’ai une autorisation d’exploitation d’un dancing. J’ai recruté des agents de sécurité pour veiller à la sécurité de la clientèle mais aussi à la sécurité des danseuses et serveuses. J’ai interdit l’accès à toute personne suspecte et la consommation de produits prohibés », a tenu à préciser M. Z., le gérant, affirmant qu’il n’est pas du tout « gêné » des visites inopinées des services de sécurité. « C’est une garantie de sécurité pour nous, notamment avec les fêtes de fin d’année », a-t-il soutenu. Le gérant signale que son dancing connaît un grand succès du fait de la programmation de la musique traditionnelle. « Avec la dégradation de la situation sécuritaire en Tunisie, on a récupéré une bonne partie de la clientèle qui avait l’habitude de passer le réveillon chez nos voisins », ajoute-t-il.

Des cartes professionnelles pour les danseuses

Dans l’arrière-scène, des femmes gendarmes fouillaient les danseuses et les serveuses, des jeunes filles venues de plusieurs wilayas pour travailler dans ce cabaret. Elles ont affirmé qu’elles sont déclarées à la sécurité sociale et possèdent des cartes professionnelles comme « serveuses ». Ces dernières touchent un salaire mensuel de 15.000 DA en plus des pourboires de la clientèle qui peuvent aller jusqu’à 5.000 DA la nuit. Le gérant dira que ces filles sont prises en charge par l’établissement. « On leur a loué des chambres dans des complexes touristiques et leur assure le transport. A la fin du travail, elles sont accompagnées par nos videurs », explique le responsable. Le colonel Gana a expliqué que toutes les femmes qui travaillent dans ce type de lieu sont identifiées et fichées par nos service. « Il s’agit, dans certains cas, de filles recherchées dans l’intérêt des familles, des filles qui ont fugué ou des mineures impliquées dans des délits », précise l’officier. Cette nuit, plusieurs cabarets ont été inspectés. Trois infractions liées à l’exercice de l’activité de surveillance sans autorisation et à l’emploi de personnel non titulaire de cartes professionnelles ont été constatées. Des infractions minimes par rapport aux craintes de la gendarmerie. En effet, ses éléments constatent une nette augmentation de la consommation de psychotropes dans les boîtes de nuit.

Les filles : attention au ghb !

Mélangées aux alcools, ces drogues deviennent dangereuses pour leurs consommateurs. « Des psychotropes sont proposés gratuitement sous forme de bonbons aux jeunes qui fréquentent ces endroits », relève le colonel Gana. Le responsable a mis également en garde contre la consommation du GHB ou drogue du viol. Ce produit sous forme de liquide a des effets sédatifs qui empêchent les victimes de résister à une agression sexuelle. Il est versé généralement dans les boissons à l’insu des victimes. « C’est un produit qui débarque dans notre pays à la faveur des fêtes de fin d’année », signale l’officier. Des échantillons ont été saisis et soumis aux analyses de l’Institut national de criminologie et de la criminalistique qui a confirmé qu’il s’agit bel et bien du GHB. Pour éviter ce genre de mésaventures et d’autres délits, « des points de contrôle et des barrages sont installés à proximité de ces lieux, en plus des patrouilles », affirme le colonel Gana.

N. B.