Le Docteur Mohamed Yousfi s’est exprimé dans la journée du jeudi 3 juin 2021, sur l’évolution des cas de contamination de la COVID-19 et des variants indiens et brittaniques.
En effet, le président de la société algérienne d’infectiologie a déploré lors d’un entretien accordé à « Reporters » le franchissement de la barre des 300 cas en Algérie. Cette barre franchie est selon lui « un indicateur qui alerte sur une hausse des cas progressive et insidieuse ». D’ailleurs il a été enregistré lors de ces derniers jours, une augmentation systématique avec 305 nouveaux cas mardi, 322 cas ce mercredi et 336 cas dans la journée d’hier.
D’après ce dernier, cette hausse loin d’être étonnante reflète le comportement laxiste de la population algérienne « qui ne répond plus aux exigences de la situation épidémiologique », Ajoutant qu’il y a eu un » relâchement de la population en matière de respect des gestes barrières dans la rue, dans les bus, dans les trains et dans les lieux publics. ». Ajoutant que les Algériens ne se soumettent plus au « port du masque ni a la distanciation physique » nécessaire à endiguer la contamination.
Ce relâchement total est dû selon lui à l’absence de restrictions des forces de l’ordre ainsi que « leur manque de réactivité par rapport à ces comportements ». Le médecin a également constaté le manque voir l’inexistence de contrôles en déclarant que « personne ne se fait rappeler à l’ordre dans les lieux que ce soit pour le port du masque, pourtant obligatoire, ou pour la distanciation physique. On ne le dira jamais assez, il faut respecter les gestes barrières ! »
Relâchement total de la population et des forces de l’ordre
Il a également tenu à souligner que ce laxisme de la population et des forces de l’ordre a « des effets directs sur le personnel médical », notamment à l’Établissement public hospitalier (EPH) de Boufarik spécialisé en maladie infectieuse ou lui-même exerce.
Le Dr. Yousfi a affirmé que « le personnel médical et paramédical est exténué et surchargé. Nous avons reçu à notre niveau le premier cas de Covid-19 en fin février 2020. Nous venons de boucler quinze mois de travail ininterrompu il y a quelques jours et nous entamons le seizième ». Déclarant que les travailleurs de l’EPH de Boufarik dont la charge de travail est gigantesque n’ont eu aucun répit depuis le début de la pandémie, et ce, après avoir pris en charge plus de « 4.000 malades, un nombre que n’a eu aucune autre structure hospitalière, ni CHU ni autre », soulignant que le taux d’occupation des lits qui était de 10 à 15% en mars a actuellement atteint les 50% au niveau des hôpitaux.
Aucun relayage d’information entre les établissements concernant les cas de variants
Le chef de service a l’EPH de Boufarik a également déploré l’inaction du gouvernement suite à leurs demandes répétées d’aides et a affirmé avoir « demandé aux autorités concernées à ce que nos équipes médicales soient renforcées en ressources humaines, mais il n’en fut rien. Aucun appui n’est venu ».
Le médecin a également exprimé son incompréhension, et son inquiétude face à la forte hausse de cas de variants britanniques et indien en Algérie qui s’élève actuellement à plus de 630 cas sur tout le territoire algérien dans plusieurs wilayas du pays. Il a également regretté le manque flagrant d’encadrements et de relai d’information entre les établissements hospitaliers en ce qui concerne leur évolution et les zones inféctées par le Ministère en charge de la santé.
Yousfi déclare ne détenir « aucune information sur le sujet et l’avoir dénoncé à plusieurs reprises », tonnant être dans la confusion absolue « au même titre que le citoyen lambda, on apprend dans un communiqué le nombre de variants et c’est tout. Rien de plus. Mais où sont-ils ces variants, où ont-ils été détectés, dans quelle région au juste d’une wilaya donnée. S’ils sont hospitalisés, dans quel hôpital sont-ils ? Nous, personnel de la santé, qui sommes en contact permanent avec les malades, nous devons savoir si nous avons devant nous un cas de variant pour qu’on sache comment se comporter, pour qu’on prenne encore plus de précautions. ».
Ce dernier que le personnel médical au front « doit savoir en temps réel où sont ces cas par le biais du ministère de la Santé et non par le biais d’un communiqué qui est destiné à la population générale ! ».
Le président de la société algérienne d’infectiologie a également expliqué avoir pris connaissance de cas de variants a Blida, cependant, « on ne sait pas où exactement, dans quelle région ? Lorsqu’on reçoit un malade d’une région où on sait qu’il y a d’autres cas de variant, par exemple, cela nous facilite le travail et on envoie son test directement à l’IP le séquençage »