Le sort de Boualem Sansal est désormais entre les mains de la justice. Ce jeudi 20 mars, au tribunal de Dar El Beïda à Alger, le procureur de la République a requis une peine de dix ans de prison ferme et une amende d’un million de dinars contre l’écrivain algérien. L’accusé, poursuivi pour atteinte à l’unité nationale et outrage à une institution étatique. Devra attendre le 27 mars pour connaître son verdict final.
L’audience s’est déroulée ce jeudi matin dans des conditions normales, sans mesures exceptionnelles. Boualem Sansal a comparu devant le juge pour répondre aux accusations portées contre lui. La justice a examiné les faits reprochés, en s’appuyant sur des documents et déclarations retrouvés dans ses appareils électroniques, dont son téléphone portable, son ordinateur et une clé USB.
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Interrogé par le tribunal, Boualem Sansal a nié toute volonté de nuire à l’Algérie à travers ses publications et ses déclarations. Il a affirmé qu’il s’agissait d’une simple expression d’opinion. Comme pourrait le faire tout citoyen. Et qu’il n’avait pas conscience du caractère potentiellement attentatoire de ses propos envers les institutions nationales. Il a également refusé de se faire assister par un avocat. Il a préféré répondre lui-même aux questions de la cour.
Procès de Boualem Sansal : dix ans de prison requis, verdict attendu le 27 mars 2025
Pour rappel, l’arrestation de Boualem Sansal, âgé de 76 ans, remonte au 16 novembre 2024, à l’aéroport international Houari Boumédiène, à son retour de Paris. Il devait initialement se rendre à son domicile à Boumerdès, mais a été interpellé et placé en garde à vue pour enquête avant d’être présenté au procureur de la République près le tribunal de Dar El Beïda. Ce dernier a décidé de son placement en détention provisoire à la prison de Koléa le 23 novembre.
Cette interpellation fait suite à des déclarations polémiques dans un entretien accordé à un média étranger aux tendances idéologiques marquées. Dans cet entretien, Boualem Sansal a notamment remis en cause les frontières de l’Algérie et affirmé que l’ouest du pays appartenait historiquement au Maroc. Reprenant ainsi des thèses contestées par les historiens et considérées comme une menace pour la souveraineté nationale.
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Selon lui, certaines régions comme Tlemcen, Oran et Biskra faisaient partie du territoire marocain avant d’être annexées par la France à l’époque coloniale. Il a également avancé que : » le Maroc a soutenu la guerre d’indépendance algérienne en échange d’une restitution de ces territoires « . Ajoutant qu’il s’agit d’un engagement que l’Algérie a ensuite renié. Menant au conflit armé de 1963 connu sous le nom de « Guerre des Sables ».
En somme, après les plaidoiries et les réquisitions du parquet. Le tribunal a annoncé que le verdict final pour Boualem Sansal sera rendu le 27 mars.