Les agents de contrôle sont intervenus plus de 25 000 fois dans des opérations liées aux pratiques commerciales et à la lutte contre la fraude.
Entre les barons du commerce illégal et les pouvoirs publics c’est le jeu du chat et de la souris. Les chiffres livrés par le ministère du Commerce attestent que la lutte contre l’informel est loin d’être gagnée malgré toutes les mesures prises pour que les fraudeurs rentrent dans le rang et activent à visage découvert.
A titre d’exemple, l’opération de bancarisation des fonds de l’informel lancée en août 2015. «La valeur des marchandises non facturées exposées à la vente à travers les différents marchés et locaux commerciaux de la wilaya d’Alger a dépassé 10 millions de dinars en juillet», indique un bilan rendu public par les services de la direction du commerce d’Alger. «Les agents de contrôle ont procédé, durant la même période, à 25 206 interventions dont 9 425 liées au contrôle des pratiques commerciales, tandis que les autres interventions ont concerné les opérations de lutte contre la fraude», révèle la même source. Des statistiques qui confirment que le phénomène est d’une grande ampleur et que la saignée que subit l’économie nationale à travers ce type de business n’est pas prête à être maîtrisée. Un constat confirmé par les services du département de Bakhti Belaïb il y a moins d’une semaine qui ont fait état du chiffre d’affaires engrangé par la mafia de l’informel: plus de 41 milliards de dinars durant les six premiers de l’année 2016.
«Le chiffre d’affaires dissimulé de transactions commerciales non facturées, mises au jour par les services du ministère du Commerce au 1er semestre 2016, a augmenté à 41,64 milliards DA contre 31,51 milliards de dinars durant la même période de 2015», a indiqué une dépêche de l’APS datée du 2 août 2016. Une pratique élevée au rang de culture dont la diversification montre toute l’étendue du fléau. 30.658 infractions pour défaut de publication des prix et tarifs (41% du nombre total des infractions), 5654 pour défaut de publicité des mentions légales (7,5%), 8320 pour exercice d’activité commerciale sans local (11,1%), 6 199 pour opposition au contrôle (8,3%), 5300 pour défaut de registre du commerce (7,1%) et 1244 pour pratique de prix illicites (1,7%) ont indiqué hier les enquêteurs du département de Bakhti Belaïb. Quelles mesures ont été prises contre ces «tricheurs» qui défient la République?
S’agissant des mesures administratives conservatoires, il a été procédé à la saisie de marchandises pour une valeur de 3,72 milliards de dinars et à la fermeture administrative de 6 435 locaux, indique le document du ministère du Commerce qui souligne que 3720 contrevenants ayant commis des infractions de facturation et d’exercice d’une activité commerciale sédentaire sans local font l’objet d’une inscription au fichier national des fraudeurs. Les frontières elles aussi n’ont pas été épargnées. «Les opérations de contrôle de la conformité et de la répression des fraudes, au niveau des frontières, ont permis la constatation de 43 863 infractions aux règles relatives à la protection du consommateur», a signalé la même source.
Tout indique cependant que cette mafia a fait de la capitale son repaire.