10e réunion des commissions nationales et experts arabes des droits humains : Comment faire avancer la cause

10e réunion des commissions nationales et experts arabes des droits humains : Comment faire avancer la cause

«L’Algérie est convaincue que plusieurs tragédies auraient pu être évitées si les belligérants avaient privilégié le dialogue et la réconciliation.»

En collaboration avec la Ligue arabe, le Comité international de la Croix-Rouge (Cicr) et la Commission nationale – algérienne – du droit international humanitaire, l’Algérie accueille la 10e réunion des Commissions nationales et experts gouvernementaux arabes en matière d’application du droit international humanitaire sur le plan national.

C’est en présence de Larbi Ould Khelifa, président de l’APN, de Mourad Medelci, président du Conseil constitutionnel, Mounia Moslem, ministre de la Famille, des ambassadeurs des pays arabes, du représentant du secrétaire général de la Ligue arabe, du secrétaire général du Parlement arabe et de nombreux invités dont le président de la Cour suprême, du procureur général près la Cour suprême et des représentants des Commissions nationales du droit international humanitaire que Tayeb Louh, ministre de la Justice et président de la Commission nationale pour le droit a ouvert les travaux de la 10e conférence.

Le devoir humanitaire nous interpelle

Ce sera d’abord à la représentante de la Croix-Rouge de s’exprimer: «Ces jours-ci, quand on lit le journal ou qu’on écoute la radio, on peut avoir l’impression que les conflits, la violence et les crises sont partout. Le Monde arabe est particulièrement touché par la violence: le conflit en Syrie perdure, la situation en Irak semble s’aggraver de jour en jour, les habitants de la bande de Ghaza continuent de souffrir, le Yémen et la Libye connaissent une période d’instabilité dramatique, pour ne citer que ces quelques exemples.

Cent cinquante ans après l’adoption de la première Convention de Genève, force est de constater que le droit international humanitaire a échoué.» Dans son intervention, le ministre de la Justice, Tayeb Louh, dira la «conviction» de l’Algérie que le règlement des conflits et l’élimination des foyers de tension dans le monde passaient par la voie du dialogue et la réconciliation ainsi que par la conjugaison des efforts de la communauté internationale.

«L’Algérie est convaincue que plusieurs tragédies auraient pu être évitées si les belligérants avaient privilégié le dialogue et la réconciliation» a insisté M.Louh. «Si le devoir humanitaire nous interpelle et nous incite à agir afin d’atténuer les conséquences fâcheuses de ces conflits et de leurs retombées, la responsabilité de la communauté internationale demeure entière pour rendre effectifs les principes de paix et de sécurité dans les relations internationales».

Pour M.Louh, «il est important d’impulser une nouvelle dynamique au système international de manière à ce qu’il puisse offrir à tous les peuples du monde des conditions de développement durable et équitable». Le ministre de la Justice a exprimé «le regret» de l’Algérie face aux nombreuses violations du droit international humanitaire constatées à travers le monde, citant «l’évolution inquiétante, ces dernières décennies, de la nature des conflits armés qui se déroulent en milieu urbain où les protagonistes sont mêlés à la population civile au sein de laquelle les femmes et les enfants sont les plus exposés».

L’ancrage des valeurs humanitaires

Le ministre a précisé que le véritable problème «ne réside pas dans l’absence de normes régissant le droit humanitaire mais dans l’absence de leur application, voire même de leur violation par certains Etats».

M.Louh a rappelé que l’Algérie suivait «avec beaucoup d’intérêt les débats organisés en prévision de la 32e conférence de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge prévue fin 2015 en vue de la mise en place des mécanismes permettant de mieux faire respecter les principes édictés par la Convention, exprimant le voeu de l’Algérie de «voir ces consultations aboutir à des conclusions constructives et consensuelles qui emporteraient l’adhésion de toutes les parties».

Mettant en avant l’intérêt que l’Algérie porte à l’ancrage des valeurs humanitaires, le ministre a rappelé que le président de la République Abdelaziz Bouteflika a promulgué en juin 2008 un décret relatif à la création de la Commission nationale de droit humanitaire. «Sa tenue concomitamment avec la célébration du 60e anniversaire du déclenchement de la révolution de libération, un événement porteur d’un message aux dimensions profondément humanitaires, témoigne de l’attachement de l’Algérie aux principes du droit international humanitaire», a souligné le ministre rappelant que le pays a adhéré aux conventions de Genève bien avant l’indépendance le 20 juin 1960.

Le ministre a observé, ces dernières décennies, «une évolution inquiétante de la nature des conflits armés. Les combats ne se déroulent plus comme avant sur un champ de bataille éloigné des zones urbaines habitées; ils se déroulent aujourd’hui très souvent en milieu urbain où les protagonistes sont mêlés à la population civile, au sein de laquelle les femmes et les enfants sont les plus exposés.

Il s’ensuit non seulement des violences directes sur des victimes qui ne demandent qu’à être épargnées par le conflit armé mais aussi, du fait des destructions massives des infrastructures, une détresse et une misère insupportables touchant aux droits les plus élémentaires de la personne humaine. Ce sont ces actions qui constituent des violations graves et répétées aux Conventions de Genève et leurs protocoles, qui posent la problématique de la mise en oeuvre de ces dernières, car en fait, le véritable problème ne réside pas dans l’absence de normes régissant le droit humanitaire, mais dans l’absence de leur application, voire même leur violation par certains Etats.

C’est le constat amer qui a été fait lors de la 31e Conférence internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, à l’occasion de laquelle les Etats se sont mis d’accord à travers une résolution sur la nécessité d’améliorer le respect du droit international humanitaire, sur l’inadéquation des mécanismes existants de contrôle et sur l’exigence de les renforcer et de les perfectionner.

«La présente conférence se tient au moment où plusieurs régions du monde connaissent des conflits armés et des tragédies humaines. Certains pays de la région arabe et de régions limitrophes ne sont pas à l’abri de cette situation qui a engendré des milliers de victimes innocentes, et des dizaines de milliers de réfugiées qui se retrouvent aujourd’hui dans des conditions précaires et inhumaines. Ces conflits ont attisé l’intolérance et la haine entre les groupes communautaires et ethniques. Ils ont, par ailleurs, créé un environnement propice à l’extrémisme et au terrorisme ainsi qu’aux différentes formes de criminalité.

L’Algérie est convaincue que ces tragédies auraient pu être évitées si les belligérants avaient privilégié le dialogue et la réconciliation au lieu de recourir à la violence et aux armes et si, de son côté, la communauté internationale s’était investie davantage dans le règlement de ces conflits par des moyens pacifiques».

C’est dans ce contexte que se tient la présente réunion qui a pour objectif principal d’unifier les positions des commissions nationales sur tout sujet se rapportant au droit international humanitaire et de rechercher des solutions aux violations de plus en plus nombreuses aux normes établies en la matière. M.Tayeb Louh a conclu en exprimant le voeu de l’Algérie de «voir ces consultations aboutir à des conclusions constructives et consensuelles qui emporteraient l’adhésion de toutes les parties».