Le naufrage d’une embarcation qui partait clandestinement vers les côtes espagnoles a fait réagir plus d’un. En Algérie, mais aussi en Espagne. Parmi les candidats infortunés à la migration clandestine qui se trouvaient sur cette barque, un seul échappa à la mort, tandis que ses compagnons ont tous perdu la vie, noyés en plein mer.
Au microphone de la chaine arabophone Al Chourouk, le rescapé, qui a pu rejoindre sa maison et sa famille, ainsi que sa localité désolée, raconte cette traversée qui a viré au drame. Au moins trois corps ont été repêchés ces derniers jours, tandis que des sources espagnoles évoquent 11 morts.
Un récit glaçant
Le rescapé indique que cette nuit-là, ils étaient plus d’une soixantaine sur cette plage à attendre leurs barques, et ce, afin de tenter leur chance d’atteindre « l’Eldorado ». Un chiffre effrayant qui témoigne de la gravité de la situation en Algérie. Le candidat miraculé affirme qu’il était en compagnie de deux de ses cousines et d’un ami, ainsi que d’autres personnes qu’il ne connaissait apparemment pas. Avant le départ, « il y avait ceux qui pleuraient, ceux qui priaient dieu, et ceux qui récitaient des versets du Coran », confie le rescapé.
L’expédition a quitté les cotes algériennes aux environs de trois heures du matin, au bout de deux heures de route, l’embarcation fait face au passage d’un grand navire de marchandises. « Le moteur est tombé directement en panne » assure le seul rescapé de cette malheureuse traversée, avant qu’il ajoute qu’une fois ce maudit moteur remis en marche, une vague surgit et heurte violemment la barque.
La barque se remplissait d’eau, « on était tous debout et on ne pouvait que prier Dieu et implorer son pardon » témoigne le rescapé. Mais la barque a fini par se renverser. Les Harragas infortunés se sont tous retrouvés collés à la barque renversée, « on a tout essayé pour la remettre à l’endroit, mais on n’a pas pu, on était trop fatigués », explique le rescapé.
« Surtout ne lâchez pas les jerricans »
Après que la barque fut renversée, le cauchemar des pauvres migrants commence à prendre une dimension infernale. Le rescapé indique que lui et ses compagnons ont essayé de détacher le moteur afin d’alléger la barque, mais en vain, ils ont alors décidé de vider les jerricans d’essence. « On a vidé les bidons d’essence un à un. Il nous a brulé la peau… il nous a vraiment brulé ».
Chaque rescapé a eu son Jerrican vide, sa seule bouée de sauvetage. Suite à cela les Harragas se sont séparés. Le rescapé raconte qu’il communiquait toutefois avec ses cousins. « Mohamed, va doucement ! Je lui disais, courage courage ! Ne lâche surtout pas ton jerrican ». Peu de temps après, plus personne ne répondait à ses appels qui s’évanouissaient au large de la méditerranée.
Heureusement pour ce rescapé, un bateau de pêcheurs est passé quelques heures après. « Je n’ai pas su comment je me suis retrouvé à bord », témoigne, ému, le Harrag miraculé. Une fois sauvé, il a été transféré aux gardes cotes puis entendu par la police.