13é anniversaire du référendum sur la charte pour la paix et la réconciliation nationale

13é anniversaire du référendum sur la charte pour la paix et la réconciliation nationale

Le crédit témoigné à la politique de la rahma initiée par le président Zeroual, qui n’avait alors consenti aucune largesse aux islamistes armés, devait servir en fin de compte de préambule aux concessions, sans limites, accordées aux islamistes et à leur bras armé.

Indissociable des bilans tous azimuts du règne sans partage, deux décades durant, de Bouteflika, la réconciliation nationale est devenue, bon gré mal gré, la trame de fond qui module aussi bien la propagande du pouvoir que les discours de ses relais.

L’opportunité offerte à ces derniers en cette date du 29 septembre qui coïncide avec le 13e “anniversaire” du référendum sur la charte pour la paix et la réconciliation nationale remet au goût du jour le rapprochement déconcertant commis, il y a une année exactement, par l’ancien président de la Commission nationale consultative pour la protection et la promotion des droits de l’homme (CNCPPDH), Me Farouk Ksentini qui disait : “Sans la moindre complaisance, et surtout sans le moindre excès, je considère honnêtement que la réconciliation nationale est un événement qui est de la même ampleur que le 1er Novembre 1954. Si la révolution de 1954 nous a permis de retrouver l’indépendance, la réconciliation nationale nous a permis de retrouver la paix.” Mais de paix, l’inclination outrancière des partis de l’allégeance, organisations et même des institutions qui leur sont subordonnées, occulte l’effervescence grandissante du front social, animé, entre autres, par une frange, distinctement omise par les dispositions de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Les retraités, invalides et radiés de l’ANP, ainsi que leurs ayants droit, qui revendiquaient ni plus ni moins qu’une régularisation de leur situation administrative et une revalorisation de leur pension de retraite, portant encore les stigmates de leurs sacrifices au front de la lutte antiterroriste, sévèrement réprimés par les services de sécurité, il y a moins d’une semaine à Haouch El-Mekhfi, ne méritaient-ils pas, eux aussi, quelques égards portés par la charte de 2005. Eux qui étaient les fers de lance dans les brasiers de la décennie noire et qui avaient permis à la République de rester debout. Cela, au moment où ceux qui avaient mis en péril la pérennité de la nation et de l’État lui-même, et dont les mains étaient encore maculées du sang de dizaines de milliers de victimes sont réhabilités et indemnisés sur l’autel du dévouement et du sacrifice des enfants valeureux de l’Algérie. Des milliers d’autres victimes ont, par dignité humaine, choisi le silence et, parfois même, d’accompagner cette réconciliation “coupable”. De la concorde civile à la charte pour la paix et la réconciliation nationale, que l’on estime avoir atteint 95% de ses objectifs, d’aucuns considéraient déjà que le terrorisme était militairement vaincu en 1999. Même l’actuel chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, devenu chantre des bienfaits de la réconciliation, claironnait, dès 1997, que la bête immonde était réduite à sa plus simple expression et que le terrorisme n’était plus que résiduel. Le crédit témoigné à la politique de la rahma initiée par le président Zeroual, qui n’avait alors consenti aucune largesse aux islamistes armés, devait servir, en fin de compte, de préambule aux concessions sans limites accordées aux islamistes et à leur bras armé. Aussi, si en ce 29 septembre 2018, qui nous rapproche davantage d’une fin de mandature des plus floues, il n’est plus d’à propos de disserter autour des circonstances d’avènement de cette charte, la propagande du pouvoir, uni, semble-t-il, pour le meilleur et pour le pire, autour de la perspective d’un cinquième mandat, exhume, pour sa part, à cette occasion, tous les bilans. Imputant toutes les réalisations au climat de quiétude retrouvé grâce à la charte pour la paix et la réconciliation adoptée par voie référendaire un certain 29 septembre 2005, les partis de l’allégeance, les organisations de masses inféodées au pouvoir et les médias publics viennent d’annoncer depuis hier la thématique de la campagne électorale pour la présidentielle de 2019. Même les mosquées sont mises à contribution dans cette entreprise, les imams ayant consacré leurs prêches de la prière du vendredi à la réconciliation nationale et ses retombées en termes de paix sociale et d’essor économique.

Kamel Ghimouze