Les ensembles El-Djazira de musique andalouse, Tarab d’Iran et Levenon du Liban, ont enchanté, jeudi soir à Alger, le public du 13e FestivAlgérie, qui a pu apprécier, dans des atmosphères solennelles, un florilège de pièces des trois terroirs culturels.
Le nombreux public de l’Opéra d’Alger Boualem-Bessaïh, qui accueille depuis mardi le 13e Festival international de musique andalouse et des musiques anciennes (FestivAlgérie), a d’abord apprécié l’ensemble de l’association El- Djazira de Kouba et ses 31 instrumentistes, dont une dizaine de femmes, sous la direction de Nesma Mohammedi à la kouitra.
Au programme de l’association nouba maya, rendue dans ses différentes déclinaisons rythmiques et mélodiques par l’ensemble des instrumentistes, conduits par les voix présentes et étoffées d’Imène Aïtouche, Hichem Zeroual, Yasmine El Askouri, Abdelghani Bouache, Nesma Mohammedi, Ahlem Babouche, Hiba Zahri et Chanez Haminoumna Kouass, Nehwa ghoziel (inqilab moual), Idha neftakar el ahd el kadim (m’seddar), Touiyari mesrar (b’taïhi), Istikhbar Moual, Achiq Rakia (derdj), Ya nadim ellaylou wella (n’çraf1), Tab Essoubouh (n’çraf 2), Kam wa kam (khlass), Kadiriya Moual et Chems el aâchiya.
Dans des accoutrements traditionnels du Vieil Alger, l’ensemble des instrumentistes, sous le regard bienveillant de Nesma Mohammedi, a brillé de maîtrise et de virtuosité, à l’instar de Mohamed Bachir Mazouni, interprétant un istikhbar moual avec son oûd (luth) «mythique», a-t-on estimé unanimement au sein de l’association.
Dirigé par Hassan Tabar au Sentour (sorte de qanun, frappé avec deux baguettes), l’ensemble Tarab d’Iran était également représenté par la cantatrice Sara Hamidi, Arman Sigarchi au oûd et Ershad Tahrani au zarb et au daf (percussions apparentées au bendir et au tar).
La troupe folklorique iranienne a présenté un programme en deux parties, d’abord «improvisations» dans le mode mahour (équivalant au mode majeur), puis une partie plus maîtrisée qui a concerné une «ouverture» en hommage à tous les compositeurs iraniens du XIXe siècle, à l’exemple du grand Zarin Panjeh, dont les œuvres ont été rendues dans la cadence bahar. «Très heureux de revenir à Alger et jouer pour un public qui me reconnaît», a déclaré Hassan Tabar, présent au FestivAlgérie pour la 9e fois.
«Levenon», ancienne appellation du Liban en araméen (groupe de langues afro-asiatiques), est le nom de la formation libanaise représentée par Elie Nehme à la contrebasse, Mustapha Nmer à la clarinette, Tarek Charbel au bouzouk (sorte de mandoline à la caisse arrondie et au manche long et fin) et Souhaïl Elias au Riq (tar). Pour sa première prestation en Algérie, l’ensemble libanais a choisi de présenter un florilège de musiques orientales de «l’Archive libanaise», adéquat au thème du festival, ont précisé Souhaïl Elias et Elie Nehme.
Des pièces de grandes figures de la chason libanaise, à l’instar de la diva Faïrouz, Sabah, Salwa El Katrib, Zaki Nassif, Ziad Rahbani et Wadie Essafi, ainsi que l’Egyptien Ibrahim El Aryane et l’Algérienne Warda, ont été interprétées au plaisir d’un public qui a savouré tous les instants de la soirée, ceux de la partie libanaise notamment.
Parmi les grands succès qui ont marqué leur temps et que le public a repris en chœur avec les artistes, Chou hal ayyam de Ziad Rahbani, Samaï Bayet de Ibrahim El Aryane, Rajâïn ya hawa et Kaddach kane fih ness de Faïrouz, ainsi que Bat’wenness bik de la regrettée Warda El Djazaïria.
Près de deux heures et demie de temps ont permis aux spectateurs de découvrir et constater le rapprochement entre les instruments anciens des trois formations, les variations modales contenues dans différents styles de musique et les coupes et ornements des accoutrements traditionnels, ce qui dénote, ont-ils relevé, de l’existence d’une «fusion et d’une interaction entre les cultures à travers les siècles».
Le 13e FestivAlgérie se poursuit à Alger jusqu’au 25 décembre prochain.