Quatorze offres de rachat ont été présentées à l’administrateur judiciaire chargé du redressement de la compagnie aérienne française Aigle Azur, en proie à de graves difficultés financières qui l’ont forcée à clouer ses avions au sol.
L’administrateur judiciaire d’Aigle Azur a reçu «14 manifestations d’intérêt essentiellement pour des actifs isolés», mais également pour des «projets de reprise plus globaux», selon le communiqué de l’entreprise. «Ces offres de reprise de la société sont toutes à parfaire et ne sont pas exécutables en l’état», selon la même source, qui précise que «leur sérieux industriel et leurs financements devront être confirmés dans les délais impartis».
La compagnie Air France s’est effectivement portée candidate à la reprise d’Aigle Azur, mais sa proposition ne concerne que l’activité moyen-courrier, comme les vols vers l’Algérie et le Portugal.
Pour Air France, ce rachat permettrait de renforcer ses positions sur les liaisons vers l’Algérie. En outre, il lui permettrait de récupérer une partie des 10 000 créneaux horaires détenus à Orly par Aigle Azur. Une ressource rare pour les compagnies face à la congestion des aéroports.
De fait, treize autres candidats ont présenté une offre à l’administrateur judiciaire. Parmi eux, les low cost Easyjet et Vueling ou encore la compagnie française Air Caraïbes, intéressée, elle, par les vols long-courriers. Gérard Houa, actionnaire d’Aigle Azur à hauteur de 20%, a également déposé une proposition. Tout comme deux anciens du groupe Air France, Lionel Guérin et Philippe Micouleau.
Par ailleurs, si une série de repreneurs potentiels ont ainsi manifesté leur intérêt pour Aigle Azur, l’avenir reste encore flou pour les 1 150 salariés de la compagnie aérienne, dont 350 en Algérie.
Tous les repreneurs potentiels ont désormais 48 heures pour améliorer leurs offres, en termes financiers ou d’emplois. Une audience du tribunal de commerce de Créteil est prévue lundi 16 septembre. La liquidation judiciaire pourrait alors déclarée. Le juge se prononcera également sur les différentes offres.
La piste Air Algérie
«Concernant la proposition de rachat des actions d’Aigle Azur, cette démarche doit intervenir après une étude sur la situation de la compagnie, définir le volume de ses dettes cumulées, connaître la situation de son personnel ainsi que les slots à partir des aéroports français», précise Air Algérie dans un communiqué publié sur Facebook. Ainsi, le pavillon national ne ferme, donc, pas la porte à un rachat d’Aigle Azur mais pose cependant ses conditions préalables à une telle opération. Toutefois, cette volonté se trouve contrecarrée par son manque de moyens financiers, la compagnie traversant une crise financière aiguë depuis plusieurs années. Elle dispose actuellement de 59 avions de différentes capacités. La majeure partie d’entre eux est vétuste.
13 000 passagers bloqués dont 11 000 en Algérie
En redressement judiciaire, Aigle Azur, dont la desserte de l’Algérie constitue le gros de son chiffre d’affaires, est dans une telle impasse financière qu’elle ne peut ni dédommager financièrement ses clients ni même assurer le rapatriement des voyageurs dont le vol retour a été annulé.
«Sur les 19 000 passagers qui se sont retrouvés en difficulté au plus fort de la crise, il en reste encore 13 000», a indiqué, lundi, le secrétaire d’Etat français aux Transports, précisant que «sur les 13 000 qu’il faut rapatrier, on en compte 11 000 en Algérie qui voudraient rentrer en France, 500 à 600 au Mali, au Liban, à Moscou… Mais ce sont des volumes plus petits y compris au Sénégal». Et pour ce faire, le secrétaire d’Etat français aux Transports a réuni, vendredi dernier au ministère, l’ensemble des compagnies françaises pour leur demander de prendre part au rapatriement, ce qui devrait amener à normaliser la situation dans les deux à trois semaines à venir. Les compagnies algériennes Air Algérie et Tassili Airlines ont également pris part à cette solidarité aérienne en proposant des tarifs préférentiels.
Pour ce qui est de l’indemnisation qui ne saurait intervenir dans l’immédiat, la compagnie avait expliqué dans un communiqué la procédure à suivre. Les clients algériens ne représentent que 10% des passagers pénalisés et peuvent se rapprocher des agences de voyages pour une solution de rechange. Ceux qui ont acheté les billets auprès de la compagnie doivent le signaler et patienter.