Après une année 2015 très difficile pour le tourisme en Tunisie, un secteur qui représente plus de 14% du PIB du pays, 2016 s’annonce plutôt sous de bons auspices. Il est, en effet, attendu que pas moins de 1,5 million d’Algériens se rendent dans ce pays voisin durant l’année en cours.
Le marché algérien a connu une croissance de 5 à 7% par rapport à l’année dernière durant laquelle la Tunisie a drainé 1,480 million d’Algériens, dont 30% ont résidé dans les hôtels alors que le reste a choisi la location de maisons pour leur séjour a indiqué mardi dernier le président de la Fédération tunisienne de l’hôtellerie (FTH), Radhouane Ben Salah à l’agence tunisienne TAP. Selon lui, le marché algérien est d’un « grand apport » pour la promotion de la destination tunisienne.
Du 1er janvier au 10 juin 2016, le nombre d’entrées de touristes algériens en Tunisie a atteint 451 000, soit (+2,8%) que l’année dernière. Près de 6 000 Algériens franchissent chaque jour le poste frontalier de Oum Teboul situé au nord de la frontière tuniso-algérienne.
Néanmoins, les touristes algériens sont obligés de payer la somme de 30 DT au titre de la taxe de sortie du territoire de Tunisie, une somme dont les Tunisiens sont exonérés lors de leur passage en Algérie, mais qui a provoqué le mécontentement des Algériens lors de son application en septembre 2014 par les autorités tunisiennes qui avaient laissé entendre qu’elles allaient reconsidérer cette mesure.
Mais depuis c’est le silence radio. Cette année, les autorités tunisiennes tablent sur un chiffre record dépassant celui de l’année dernière dernière (1,4 million de touristes). Pour la seule région de Sousse El Kantaoui, celle-ci devrait atteindre 120 000 touristes selon les premières estimations, a fait savoir le commissaire régional au tourisme dans le gouvernorat de Sousse, Foued El Oued.
Le responsable a expliqué que le pic de l’afflux des touristes algériens a lieu habituellement au cours du mois d’août car la plupart d’entre eux prennent leur congé pendant cette période, précisant qu’ils ont été la troisième nationalité à avoir afflué vers la région au cours de la saison précédente, se classant après les Britanniques et les Allemands.
La taxe de 30 DT imposée par les autorités tunisiennes il y a trois ans aux touristes lors de leur passage à la frontière tunisienne reste toujours en vigueur pour les Algériens. Alors que de l’autre côté, les Tunisiens qui traversent la frontière pour venir s’approvisionner en carburant algérien ne paient aucune dîme. Ces derniers sont pour la plupart des trafiquants d’essence.
Un contrebandier tunisien originaire de Foussana (Kasserine), qui tentait de faire entrer illégalement de la marchandise de contrebande en Algérie, a été tué le 31 juillet dernier. Les soldats ont tiré sur les pneus de la voiture après qu’il eut refusé de s’arrêter à la frontière. Pour protester contre cette taxe, des citoyens algériens en colère ont bloqué lundi dernier la route menant au passage frontalier de Bir Al Ater à Tebessa.
Les protestataires ont appelé à l’annulation de la taxe de 30 DT, imposée aux Algériens désireux de se rendre en Tunisie. Ils appellent les autorités algériennes à appliquer la réciprocité aux Tunisiens voulant se rendre en Algérie. Furieux, ils ont déploré l’accueil réservé par les Tunisiens aux touristes algériens.
Une opération de charme en direction de l’Algérie
Sur le plan touristique, la réouverture de la ligne Annaba-Tunis ne manquerait pas non plus d’encourager les Algériens, notamment les habitants de l’Est du pays, à faire de la Tunisie leur destination touristique estivale de prédilection. Pour encourager le flux touristique, la Société nationale de transport interurbain (SNTRI) a annoncé le lancement de deux lignes de transport terrestre reliant la capitale Tunis à Alger et Annaba.
Ce lancement intervient dans le cadre de l’accord signé entre la SNTRI et la société de transport terrestre algérienne Takhout Mohieddine. Le départ vers la ville de Annaba s’effectuera quotidiennement à partir du samedi 6 août vers 7h du matin. Celui vers Alger s’effectuera hebdomadairement et ce à partir du lundi 8 août vers 20h.
Les départs s’effectueront depuis la station de Bab Alioua avec la possibilité de réserver sa place en aller-retour. Cette desserte ferroviaire assurera le déplacement de centaines de voyageurs par fréquence pour un tarif avoisinant les 2 000 DA par billet. Le croisement sera effectué à Ghardimaou.
Quant aux formalités douanières, celles-ci seront opérées à bord du train, durant le trajet. Pour inciter les touristes algériens à passer leurs vacances en Tunisie, l’Office national du tourisme tunisien (ONTT) a lancé en début d’année une campagne de promotion particulièrement ciblée à travers des spots vidéo de quelques secondes en dialecte algérien.
Avec un slogan commun « La Tunisie, le pays qui vous va bien », le premier vante le pays du shopping et des fêtes, des restaurants luxueux et des soirées ensorcelante, des plus beaux souvenirs et des meilleurs moments. Le deuxième loue l’une des meilleures destinations mondiales de thalassothérapie, le pays de la détente et des soins, de l’accueil chaleureux et la tranquillité d’esprit.
Ce n’est pas la première fois que le ministère du Tourisme cible l’Algérie pour sauver la saison touristique. En effet en 2015, après les attentats du Bardo, les opérateurs tunisiens ont marqué une forte présence lors de la 16e édition du Salon International du tourisme et des voyages (SITEV) à Alger.
Alors que les marchés européens traditionnels ont nettement régressé après les attaques terroristes perpétrés en Tunisie l’année dernière, la fréquentation des touristes algériens est largement supérieure à celle des années précédentes et va contribuer, au côté du marché russe, à la reprise du secteur touristique en Tunisie pendant les mois prochains. Sur 200 hôtels fermés l’année dernière, 85 ont repris leurs activités. La Tunisie compte 700 hôtels classés.