1991-1994-2019 : À chaque crise sa conférence nationale

1991-1994-2019 : À chaque crise sa conférence nationale

Le panel de personnalités chargées de mener le dialogue a, désormais, une appellation officielle et une mission claire. Baptisé «instance nationale de dialogue et de médiation», le comité en question projette l’organisation d’une conférence nationale. Si le projet se concrétisait, elle sera la troisième dans l’histoire du pays après celle organisée en 1991 puis celle en 1994 avec comme porte-parole Abdelkader Bensalah.

Nawal Imés – Alger (Le Soir) – L’opinion publique en sait d’avantage sur les missions du panel reçu jeudi dernier à la présidence. La première réunion des six personnalités choisies pour mener dialogue et médiation aura permis de connaître les contours de la démarche que comptent entreprendre ces mêmes personnalités.
Le dialogue qui sera mené devra aboutir à une conférence nationale qui, dit-on, sera ouverte à tous. Si la tenue de la conférence nationale se concrétise, cette dernière sera alors la troisième dans l’histoire du pays qui en a connu deux autres à des moments cruciaux. La première en 1991 en pleine «ouverture» politique ayant permis l’émergence d’un parti islamiste, devenu rapidement une menace pour le pays. C’est sous Sid-Ahmed Ghozali, alors chef du gouvernement, qu’elle s’était tenue en plein mois de juillet. Quelques années plus tard, les partis politiques et les personnalités étaient à nouveau conviés à une conférence nationale de dialogue initiée par le Haut comité de l’État (HCE) et dont le porte-parole n’était autre que l’actuel chef de l’Etat.

Aujourd’hui, le contexte est fait d’un blocage inédit. D’un côté, une rue dont le plafond d’exigences n’a cessé d’augmenter et d’un autre, un pouvoir bien décidé à mener une feuille de route qui est loin de faire l’unanimité. Toutes les propositions faites jusque-là sont systématiquement rejetées, les personnes chargées d’en faire la promotion sont aussitôt montrées du doigt comme ayant tourné le dos au mouvement populaire.
La mission du panel est de fait des plus compliquées. Karim Younès en disait un peu plus hier, affirmant que «le dialogue prendra fin avec la programmation de la Conférence nationale, d’où émanera la commission de préparation, d’organisation et de contrôle des élections, ainsi que la feuille de route du processus politique devant aboutir au changement du mode de gouvernance du pays».

La veille, l’instance rendait public un communiqué dans lequel il était dit que le but de la démarche était de «prendre contact avec la classe politique, les personnalités nationales, les dynamiques de la société civile et des jeunes du mouvement populaire en vue d’avoir une définition précise de la voie de sortie de crise. Une fois les réunions de dialogue achevées, la commission élaborera une première mouture des propositions faites, avec la possibilité de réunir les points de convergence et les points de divergence.

La commission élaborera, par la suite, une mouture finale qui sera proposée pour adoption dans le cadre d’une conférence nationale à laquelle seront conviés tous les participants à ce dialogue».
Le document adopté sera par la suite «contraignant pour les autorités et sera soumis à la présidence pour le traduire en texte de loi». L’invitation lancée dimanche dernier à de nouvelles personnalités afin qu’elles rejoignent le panel n’a pas été favorablement accueillie par tous.
Hamrouche, Mokrane Aït Larbi et Lyès Merabet ont décliné l’offre en attendant que les principales formations politiques se positionnent au sujet de la conférence nationale.

N. I.