«L’intérêt de l’Algérie avant tout», avait dit Ait Ahmed à ses militants en 1963 quand le Maroc avait attaqué l’Algérie.
Les mots auront été insuffisants hier pour les invités du Forum d’El Moudjahid pour parler et évoquer la mémoire du héros et homme historique Hocine Ait Ahmed, à l’occasion de la commémoration du 1er anniversaire de sa disparition. Le parcours de l’homme étant complexe, il a fallu aux organisateurs, en l’occurrence l’Association nationale Mechaâl Echahid et le quotidien El Moudjahid, de répartir les chapitres sur les invités.
Ainsi, l’enseignant et chercheur en Histoire Mohamed Lahcen Zeghidi, s’est occupé de la biographie et l’engagement politique précoce de l’enfant de Ain El Hamam. La date et l’année de la naissance d’Ait Ahmed, 20 août 1926, pour le conférencier, ne sont pas fortuites. . «Alors que le 20 août correspond par la suite, après l’indépendance, à la Journée nationale du Moudjahid, l’année 1926 coïncide avec l’année de la création de l’Etoile Nord- Africaine».
Dda El -Hocine, voit aussi le jour, fera remarquer l’enseignant, dans une famille bénie. «Elle est à la fois kabyle(amazighe) et marabout très attachée à l’islam et à la langue arabe.» «Ce sont ces contexte et culture – là qui ont fait d’Ait Ahmed un Algérien au sens large du terme. Plus que cela, un Maghrébin». L’histoire retient, fait savoir M. Zeghidi, qu’«Ait Ahmed, est le leader et homme politique algérien qui s’est battu le plus pour l’unité du Maghreb».
Les signes qui indiquaient qu’Ait Ahmed allait devenir quelqu’un hors du commun, ne s’arrêtent pas là. Ait Ahmed, à la différence de beaucoup d’enfants de sa génération, précise l’invité du forum d’El Moudjahid,portait un intérêt singulier aux études. «D’ailleurs durant tout son parcours scolaire il était excellent. Il avait eu le bac facilement.» Tout en étant excellent dans ses études, Dda El Hocine, avait intégré précocement le parti du PPA.
«Ait Ahmed qui pensait auparavant comme la plupart des Algériens que la France était une force imbattable, avait assisté agréablement en 1942 à la défaite de cette dernière contre l’Allemagne», mentionne le conférencier. «Cette défaite avait renforcé en Ait Ahmed la conviction que la France pourrait être aussi battue par les Algériens et chassée d’une terre qui n’est pas la sienne». Et d’ajouter:
«C’est dans cette ambiance qu’il avait multiplié ses activités avec ses amis au lycée de Ben Aknoun contre la France, en procédant à la distribution des tracts, à la création de l’OS en 1947 et planification de l’attentat contre la Poste d’Oran…etc.». Cédant la parole au docteur Saïd Chibane, celui-ci après avoir rappelé les circonstances dans lesquelles il avait connu le défunt pour la première fois au lycée de Ben-Aknoun, surprendra les présents qu’Ait Ahmed, avait décidé tout juste après la défaite de la France contre l’Allemagne, de monter au maquis avec Laïmeche Ali et Benaî Ouali et autres.
«L’Aventure, en raison de la réticence des populations locales, n’aura duré que quelques jours dans les montagnes de Kabylie». Saïd Chibane qui n’a pas voulu s’étaler sur le passé de l’homme, préférant parler de ses principes, dira «qu’il y a deux choses qu’il faut tirer au clair au sujet d’Ait Ahmed». La première, est l’idée selon laquelle Ait Ahmed n’aimait pas la langue amazighe. «Si Ait Ahmed avait relégué la question de tamazight, contrairement à certains leaders (kabyles) qui mettaient cela en avant à chaque fois, il l’avait fait pour faire avancer la cause algérienne.» Le docteur se rappelle q’une fois, Ait Ahmed lui avait dit qu’ «si on s’attachait à la question de tamazight et on mettait celle-là en avant, la révolution algérienne allait perdre l’appui des pays arabes et la sympathie de beaucoup de pays amis justement des pays arabes».
La seconde chose que le docteur ophtalmologue voulait faire savoir à l’occasion d’hier, est le fait que «si l’Algérie avait évité la guérilla et la confrontation entre les régions après l’indépendance, c’est grâce à Ait Ahmed qui avait convaincu les dirigeants de l’armée de la Wilaya III historique d’abandonner l’idée de l’insoumission et d’opter plutôt pour le combat politique sous le parti du FFS».
C’est l’idée sur laquelle, est revenu de son côté l’ancien moudjahid et l’un des premiers militants du FFS, Lakhder Bouregaâ, en disant qu’Ait Ahmed quand il avait décidé de créer le FFS, avait demandé à ses militants et sympathisants, qui étaient montés au maquis et avaient à leur disposition des armes, de ne jamais tirer sur un militaire de l’ANP, et de leur rappeler à chaque fois que «le FFS est un parti de l’opposition pacifique». Lakhder Bouregaâ terminera son témoignage, en rappelant l’appel d’Ait Ahmed à ses militants qui étaient au maquis en 1963, en les appelant à descendre et se diriger vers les frontières Ouest pour défendre l’Algérie contre le Maroc. Ait Ahmed leur avait dit «L’intérêt de l’Algérie avant tout:»