Le groupe Nabni (notre Algérie bâtie sur de nouvelles idées) a entamé hier la série de publications entrant dans le cadre de la préparation du rapport Algérie 2020 «Cinquantenaire de l’indépendance : enseignements et vision pour l’Algérie de 2020».Ainsi, le premier chapitre portant sur le «Développement économique et création d’emplois» a été rendu public, lors d’une conférence
de presse organisée hier à la salle Frantz-fanon d’Alger.
Un panel d’experts économistes à pris part à cette rencontre qui a suscité un débat très constructif, sur la stratégie de développement en Algérie. Selon les initiateurs, le projet de ce premier chapitre préconise l’adoption de changements profonds et structurels dans la conduite des politiques économique qui permet la diversification de l’économie algérienne. Pour cela, cette initiative identifie quatre leviers de rupture fondamentaux nécessaires à mettre en œuvre. Il s’agit, notamment, de couper le cordon de la rente à l’horizon 2020, et de planifier la fin de la dépendance budgétaire aux recettes des hydrocarbures. Le deuxième levier de rupture consiste à engager l’Algérie dans une stratégie économique cohérente pour un nouveau model de croissance. Quant au troisième levier, c’est d’adopter une nouvelle approche des politiques de l’emploi et de la formalisation de l’économie. Enfin, le quatrième levier consiste en le changement du cadre de gouvernance économique et l’approche de l’État en matière de conduite des politiques économiques. Intervenant lors du débat, l’économiste M. Abderrahmane Hadj Nacer a estimé que «l’économie est un rapport de pouvoir permanent». Il a renvoyé le manque d’investissements en Algérie aux techniques légales qui favorisent, selon l’orateur, le commerce au détriment de l’investissement. Plus explicite, l’économiste estime que «la logique de rentrer dans le marché international est une logique qui nous renvoie non pas à des astuces techniques, mais à une réflexion sur la rente». Le conférencier estime qu’en faisant des constats justes, nous arrivons à une politique juste.
Pour sa part, Abdelmadjid Bouzidi, expert en économie, estime que «la politique économique de l’Algérie repose sur la substitution aux importations». «C’est d’ailleurs ce qu’a exprimé le ministre de l’Industrie M. Mohamed Benmeradi qui veut justement développer une industrie substitutive d’importation», a-t-il dit. Dans le domaine de l’énergie, l’économiste préconise d’aller vers Desertec. «S’il y a du solaire, et il y a encore 150 milliards de dollars d’exportation d’électricité par le solaire, je suis pour le solaire», explique-t-il. S’agissant du secteur économique public, l’économiste précise qu’il faut mettre fin à ce secteur qui est, selon lui, peu efficace. Abordant le volet exportations, l’orateur a fait savoir que la politique économique de l’Algérie nie complètement la nouvelle stratégie industrielle mondiale qui repose, notamment, sur l’off-shoring. Les grandes croissances dominantes aujourd’hui dans le monde sont fondées sur l’économie de la connaissance, due à quatre biais. Il s’agit, selon lui, de l’éducation, l’innovation et la recherche, les technologies d’information et de communication, et le climat des affaires. «Désormais, la croissance ne repose plus sur la productivité globale des facteurs», a-t-il dit.
S’agissant de l’approche faite par l’initiative Nabni, basée, selon M. Bouzidi, sur des indicateurs fondamentaux macro-économique, de type institutions financières internationales, est une approche réductrice. Il a proposé à ce sujet d’intégrer la PME à cette approche.
Pour rappel, le groupe Nabni se veut «apolitique, et l’initiative est citoyenne et indépendante». Mais comment permettre la mise en œuvre des propositions sans l’implication des politiques ? La question ne trouve toujours pas de réponse chez les initiateurs de Nabni.
Salima Ettouahria