1re édition du Rallye raid «Sahari International» d’Algérie: Ratage et amateurisme sur toute la route

1re édition du Rallye raid «Sahari International» d’Algérie: Ratage et amateurisme sur toute la route

«Aucun parmi les organisateurs n’a fait un seul kilomètre de piste. Pourtant, tous les rallyes raid sont organisés par des anciens pilotes qui ont l’habitude du terrain», déclare un ancien pilote, au fait du monde des sports mécaniques en Algérie.

Les participants au Rallye raid «Sahari international» d’Algérie, qui a pris fin samedi, sont quasi unanimes pour dire que «cet évènement n’a pas été à la hauteur, tant le circuit était parsemé d’embûches, tout au long de la compétition».

Cette confirmation d’un échec de la première compétition internationale de sport mécanique en Algérie depuis des lustres est relayée par l’APS, le très officiel organe d’information. Des participants à cette manifestation sportive ont indiqué à l’agence d’information officielle que «les organisateurs de ce rallye auraient peut-être dû consacrer plus de temps à préparer l’évènement, en faisant appel à des experts étrangers pour les aider dans cette tâche».

La concurrente italienne, Barbara Werner, a affirmé que le rallye n’a pas été à la hauteur sur les plans logistique et technique. Son compatriote motard, Franco Beco, a résumé au fait les organisateurs manquaient d’expérience, c’est regrettable. Ce n’est pas uniquement les concurrents étrangers qui ont été déçus par l’organisation de ce rallye en dépit des 14 milliards de centimes récoltés auprès des sponsors et le tapage médiatique qui a précédé son lancement.

La première étape qui devait relier Alger à Laghouat sur une distance de 380 km, a été tout simplement annulée pour, nous dit-on, des «raisons sécuritaires», notamment «la présence de camions et de semi-remorques sur la route». «Les responsables de la Fasm connaissent parfaitement ce tronçon. Ils ont l’habitude d’organiser des rallyes de régularité, notamment celui des Colombes. L’étape d’Alger vers Laghouat est beaucoup plus une balade qu’une étape.

Il y a toujours eu la présence des camions sur l’ensemble des routes nationales. Cela ne les a pas empêchés de poursuivre l’organisation de la compétition. Pourquoi cet amateurisme de la part des organisateurs ?», s’interroge un pilote. Et à notre interlocuteur d’enchaîner : «Dire que cela aurait pu mettre en danger la vie des pilotes, particulièrement celle des motards, c’est une méconnaissance du monde du sport automobile. Pire, c’est de l’amateurisme. Cela fait partie de la compétition et les pilotes sont conscients du danger qui les guette sur les routes», s’insurge notre vis-à-vis.

Faire appel à des experts internationaux

Pour cet ancien pilote, au fait du monde des sports mécaniques en Algérie, les responsables de la Fasm auraient dû faire appel à l’expérience des anciens pilotes professionnels algériens, français ou italiens qui ont l’habitude des rallyes raid et qui sont connus sur la scène internationale. «Aucun parmi les organisateurs n’a fait un seul kilomètre de piste. Pourtant, tous les rallyes raid sont organisés par des anciens pilotes qui ont l’habitude du terrain.

Ces gens-là auraient dû débourser une certaine somme d’argent et faire appel à Hubert Auriol par exemple. Ce dernier a déjà organisé un rallye raid il y a de cela quelques années qui s’est très bien déroulé avec le témoignage d’un journaliste de France 2», déclare notre interlocuteur. Notre vis-à-vis s’insurge aussi contre le fait que les organisateurs aient instauré trois disciplines en une ; à savoir le rallye de régularité, de chrono et rallye raid. «C’est du jamais vu. On ne peut pas organiser trois disciplines en un seul rallye.

C’est du remplissage qui est destiné à l’opinion publique.» Dans un autre registre, cet ancien pilote dément le fait que ce rallye soit un rallye raid. «On ne peut pas organiser un rallye raid et longer la route nationale. Un rallye raid doit aller au fin fond du désert avec tout ce que cela comporte comme risques, et ce, sur une distance de 3000 km jusqu’à 6000 km, comme cela était le cas lors du défunt Rallye international d’Algérie au début des années 1980.

Ce rallye était l’antichambre du rallye Dakar et tous les pilotes venaient participer pour pouvoir entamer par la suite le rallye de Dakar. C’était un rallye international qui drainait des dizaines de pilotes étrangers». Notre vis-à-vis exhorte les responsables de la Fasm à faire preuve de professionnalisme et à s’entourer de gens professionnels. «On ne peut pas organiser un rallye international avec des amateurs. Il faudrait faire appel à des professionnels.»

Il est utile de rappeler que plus d’une douzaine de journalistes ont rebroussé chemin après avoir passé 24 heures en compagnie des pilotes. «C’était super désorganisé. Le premier jour, nous sommes arrivés vers minuit à Laghouat. Nous n’avions même pas eu droit à un lit ou une couette. En plus, mettre à la disposition de 400 personnes six sanitaires, c’est du bricolage», s’indigne notre vis-à-vis.

«J’assume entièrement cet échec»

Signalons enfin que le président de la Fédération algérienne des sports mécaniques, Chihab Baloul, a reconnu, à l’APS, que cette

1re édition du rallye «a présenté des lacunes», affirmant qu’il «assume entièrement cet échec». Il s’est cependant accordé quelques circonstances atténuantes, affirmant que «c’était une première expérience en la matière et nous avons tout mis en œuvre pour relever le défi de bien l’organiser. Malheureusement, les choses ne se sont pas déroulées exactement comme nous l’avions espéré et c’est dommage», a reconnu le président de la Fasm. «Il s’agit cependant d’une bonne expérience, qui nous aidera à nous perfectionner et à faire mieux à l’avenir», a ajouté Baloul.

N. K.