Le Fonds monétaire international (FMI) estime qu’en 2010, la croissance gagne en puissance en Algérie et dans les autres pays de la région de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient (MENA) avec des perspectives d’une «nette embellie» par rapport à 2009.
Dans cette analyse qu’il pu- blie dans la dernière édi- tion des «Perspectives économiques régionales pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (MENA)», le Fonds monétaire international affiche un grand optimisme vis-à-vis de l’évolution économique et financière de l’Algérie sur les deux prochaines années. Grâce à une dette faible et de grandes réserves de change accumulées durant ces dernières années, les pays exportateurs de pétrole, dont l’Algérie, ont pu engager de vastes programmes concentrés sur les investissements d’infrastructures.
DES POINTS POSITIFS
Concernant spécifiquement l’Algérie, le FMI note qu’«avec ses ressources financières dont celles provenant du Fonds de régulation des recettes (FRR), le pays a pu continuer son programme d’investissements publics, ajoutant que les dépenses publiques ont augmenté à un rythme de 10% annuellement entre 2007 et 2009.»
Il relève également que la croissance des crédits en Algérie a augmenté de 20% annuellement. Concernant les perspectives économiques en chiffres, l’institution que dirige le français Dominique Strauss Khan indique que l’Algérie devra enregistrer un PIB nominal de 156,8 milliards de dollars en 2010 et de 167 milliards de dollars en 2011 contre 140 milliards de dollars en 2009.
Quant aux exportations, elles devraient augmenter à 58,1 milliards de dollars en 2010 et à 61,1 milliards de dollars en 2011 contre 48 milliards de dollars en 2009, prévoit le Fonds. Il signale également la hausse du niveau des réserves de change de l’Algérie qui devront atteindre «150 milliards de dollars en 2010, 158 milliards de dollars en 2011» (contre 147,2 milliards de dollars en 2009). Avec une croissance de +4,6% en 2010 et de+4,1% en 2011, l’Algérie est classée 7ème sur les 12 pays pétroliers de la région MENA, selon les projections du FMI.
Dans cette analyse dont une synthèse a été publiée par les agences de presse, le FMI n’évoque pas les mesures gouvernementales prises dans la loi de finances complémentaire 2009, dont l’obligation du crédit documentaire et l’arrêt du crédit automobile pour ne citer que ces mesures.
D’ailleurs, le FMI avait même appelé à la libération du crédit à la consommation en général et automobile en particulier, sans être entendu par les pouvoirs publics algériens qui veulent éviter une hémorragie de devises dans une conjoncture économique et financière mondiale en crise.
Cela dit, le Fonds table sur un prix du baril de 80 dollars en 2010 et 83 dollars en 2011, ce qui rejoint grosso modo les estimations des experts du marché. Il faut rappeler que l’Algérie demeure engagée dans une politique axée sur les investissements d‘infrastructures. Le dernier Conseil des ministres confirme cette détermination.
C’est ainsi que le programme d’investissements publics retenu pour la période allant de 2010 à 2014 va impliquer des engagements financiers de l’ordre de 21.214 milliards DA (ou l’équivalent de 286 milliards de dollars). Il concerne deux volets à savoir: le parachèvement des grands projets déjà entamés, notamment dans les secteurs du rail, des routes et de l’eau, pour un montant de 9.700 milliards DA (équivalent à 130 milliards de dollars), et l’engagement de projets nouveaux pour un montant de 11.534 milliards DA (soit l’équivalent de près de 156 milliards de dollars).
PERSISTANCE DES TENSIONS FINANCIÈRES
Cela dit, au plan international, le FMI prévoit la persistance des tensions dans le système financier international. La hausse des prix du pétrole et la reprise des flux de capitaux ont amélioré sensiblement les perspectives économiques de la région, qui comprend les principaux exportateurs de pétrole et de gaz, explique le FMI dans son dernier rapport sur les perspectives économiques régionales.
Le taux de croissance de la région notamment Moyen-Orient, fortement impacté par la chute des prix des matières premières et la crise financière, repartira à la hausse sans toutefois atteindre son niveau d’avant-crise, avertit le FMI.
La crise financière de Dubaï, qui avait fait trembler les places financières internationales en novembre, la crise grecque et les turbulences qui traversent la zone euro ont eu «pour l’instant» une portée «limitée», ajoute le Fonds. Mais, prévient-il, la dette souveraine pourrait en être affectée, ce qui «ajoute un élément d’incertitude aux perspectives» régionales.
Indépendamment de ces perspectives globalement positives que brosse le FMI, il ressort de son analyse et de ses projections qu’il faudra garder un œil très vigilant sur les marchés financiers. Les mouvements financiers et les questions monétaires demeurent des variables en mesure de changer ou même de bouleverser les perspectives, notamment au Moyen-Orient.
Oualid Ammar