Après avoir connu une période prospère, où l’argent coulait à flot, le théâtre algérien est en train de traverser la pire période de son histoire, et ce, en raison de la crise financière qui frappe le secteur de la culture de plein fouet.
En effet, après avoir connu l’âge d’or où les productions théâtrales se faisaient à la pelle parfois au détriment de la qualité, les directeurs de théâtre vont devoir faire face à un véritable dilemme : comment préserver le travail des employés et parvenir à faire fonctionner leur établissement avec un budget réduit de moitié ? Placées sous le signe de l’austérité, l’année 2017 et celle d’avant ont été marquées par la baisse des budgets alloués aux fonctionnements des théâtres mais aussi à l’organisation d’événements de grande envergure, tel le cas du Festival national du théâtre professionnel qui a failli ne pas avoir lieu l’an dernier. Cependant, les travailleurs des théâtres n’ont pas l’intention de rester de marbre face à ces coupes budgétaires qui menacent leurs propres salaires. Au Théâtre régional de Béjaïa, l’ensemble des employés ont haussé le ton pour dénoncer une réduction de 36,5 millions de dinars opérée sur le budget de fonctionnement de l’exercice 2017. Aussi ils se sont révoltés contre la décision du ministère de la Culture qui a ordonné de ne plus renouveler les contrats à durée déterminée des travailleurs.
D’ailleurs, les employés comptent organiser une marche aujourd’hui pour dénoncer le licenciement de leurs collègues à Béjaïa. Il est à noter que l’ensemble des théâtres régionaux sont dans la même situation d’incertitude, y compris le Théâtre national algérien dont les travailleurs envisagent le lancement d’un mouvement de protestation pour dénoncer la réduction de la subvention allouée au TNA. « Pour l’instant, rien n’est encore sûr car la direction reste très discrète sur les chiffres mais une chose est certaine, nos salaires sont en danger sans parler de la production théâtrale qui sera inexistante «, nous a confié une source sûre. En plus de la question financière qui tracasse l’ensemble des travailleurs, il y a aussi le problème des travailleurs contractuels qui risquent de se retrouver au chômage si leurs contrats ne sont pas renouvelés. Dans ce sillage, le Syndicat des travailleurs du Théâtre national algérien avait prévu de tenir une conférence de presse, hier, mais elle a été reportée à une date ultérieure en raison de l’absence du directeur de l’établissement qui se trouve actuellement à Oran pour le Festival du théâtre arabe. Le syndicat prévoit également de représenter l’ensemble des travailleurs des théâtres régionaux qui n’arrivent pas à se faire entendre. Affaire à suivre.