ALGER – Le dossier de la dénucléarisation de la péninsule coréenne a été marqué par un tournant « décisif » en 2018 au vu de l’évolution enregistrée dans le processus de rapprochement entre Pyongyang et Séoul, conforté par la tenue d’un sommet historique réunissant le président américain, Donald Trump, et le dirigeant nord coréen, Kim Jung-Un.
Ils étaient nombreux parmi les observateurs de la scène internationale à prédire la persistance des tensions dans cette partie de l’Asie en tenant compte de la poursuite des essais nucléaires de la Corée du Nord et des pressions exercées par les Etats-Unis à travers les sanctions et la multiplication des provocations à l’encontre de Pyongyang.
Cette confrontation maintenue depuis la fin de la guerre de Corée (1950-1953) a éloigné tout espoir d’une possible approche politique à la question coréenne. Les pays occidentaux avaient toujours misé sur l’effondrement de ce qu’ils désignaient comme « régime communiste », en intensifiant les actions de propagande et les mesures de sanctions.
Cette guerre « économique » et « psychologique » déclenchée à grande échelle par les pays occidentaux contre la Corée du Nord n’a pas pour autant permis de neutraliser cet « ennemi » placé sur « l’axe du mal », ni même obtenir son isolement sur la scène mondiale, grâce au soutien de la Chine et la Russie.
Technologie nucléaire: Pyongyang prend place sur la scène internationale
En arrachant le statut de « force nucléaire d’Etat » au prix d’énormes sacrifices, le pays de Kim Jong-Un a même bouleversé l’histoire de la péninsule provoquant un changement dans les rapports de force dans la région.
En effet, depuis son accession au statut de puissance en matière d’engins balistiques et de technologie nucléaire, les démarches diplomatiques en vue de résoudre la crise coréenne se sont intensifiées de manière interrompue durant toute l’année 2018.
En effet, Pyongyang a bousculé en 2018 les capitales occidentales et les pays voisins, contraints désormais à s’assoir à la table des négociations et à entrevoir ensemble une solution basée sur les équilibres des forces et de traitement d’égal à égal, loin du langage de menaces et de provocations.
Même si les Etats-Unis ont tenté en début de 2018 de brandir l’adoption de nouvelles sanctions « sévères » et d’interventions militaires, ceci n’a pas, toutefois, effrayé les autorités de Pyongyang, persuadée qu’aucune partie ne peut désormais empiéter sur sa souveraineté, imposant le recours à la voie diplomatique.
Balai diplomatique et succession de rencontres
Après un bras de fer qui avait longuement duré, les Etats-Unis acceptent de s’asseoir à la table des négociations avec la Corée du Nord « sans condition préalable », alors que jusqu’ici, Washington affirmaient que toute négociation ne pouvait porter que sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne.
Parallèlement aux démarches entreprises par Washington, les autorités sud-coréennes avaient répondu positivement à la main tendue par le voisin du Nord pour engager des discussions de haut niveau.
« Nous devons améliorer les relations Nord-Sud, qui sont gelées, et faire de cette année (2018) un tournant dans l’histoire nationale coréenne », avait souligné M. Kim dans son message de Nouvel An.
Depuis la fin de la guerre de Corée, les deux Etats rivaux étaient séparés par la Zone démilitarisée (DMZ), en fait l’une des frontières les plus fortement armées du monde.
Au lendemain de l’offre de dialogue faite par Séoul en réponse aux appels à une amélioration des relations lancés par Kim Jong-Un, Pyongyang a annoncé qu’il rouvrirait le canal de communication intercoréen, saluant le soutien apporté par Séoul à sa proposition de paix.
Les jeux Olympiques d’hiver organisés au mois de février en Corée du Sud furent aussi le catalyseur de ce très rapide processus de rapprochement.
Lors de leur sommet à Pyongyang en septembre, le président sud-coréen, Moon Jae-in, et le dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un, avaient décidé, entre autres, d’éliminer un nombre limité de postes-frontières le long de leur frontière lourdement armée.
Dans le sillage de ces développements sur la scène de la péninsule et dans les relations américano-coréennes, le président américain Donald Trump a assuré qu’il n’y avait « aucune urgence » dans les négociations sur la dénucléarisation de la Corée du Nord, répondant aux nombreuses voix qui s’interrogent sur ce qui s’apparente à une nouvelle impasse.
« Beaucoup de gens demandent où en sont nos négociations avec la Corée du Nord, je réponds toujours en disant qu’il n’y a aucune urgence », a tweeté M. Trump. « Il y a un magnifique potentiel pour un grand succès économique pour ce pays, Kim Jong Un le sait mieux que quiconque et saura pleinement en profiter », a-t-il ajouté, avant de conclure que « tout se passe bien! ».
Donald Trump a rencontré Kim Jong Un en juin à Singapour, devenant le premier président américain en exercice à serrer la main d’un représentant de la dynastie Kim, qui règne sur la Corée du Nord depuis 1948.
Dans ce contexte, le Vietnam a manifesté son intérêt pour accueillir le deuxième sommet prévu entre Trump et Kim et des hauts officiels vietnamiens ont fait part de leur volonté au gouvernement sud-coréen.