Aicha, une jeune étudiante malienne qui a vécu en Algérie pendant 6 ans, livre sa mésaventure avec « le racisme en Algérie », dans un entretien accordé au magazine multimédia en ligne « Perspectives » du « Goethe-Institut » paraissant dans les régions d’Afrique du Nord et du Proche-Orient.
Au départ, Aicha affirme qu’elle « voulait aller aux États-Unis ou au Canada », pour poursuivre ses études. Mais ses parents ont décidé autrement. « C’est ma famille qui a choisi l’Algérie. Ils préféraient m’envoyer dans un pays musulman », a-t-elle affirmé. La jeune étudiante considérait alors que « l’important c’était d’être libre et indépendante ».
Aicha ne connaissait pas l’Algérie, d’ailleurs avant de venir, elle « pensait que l’Algérie était un pays ouvert, où les gens vivaient bien ensemble ». L’aventure malencontreuse de l’étudiante commença déjà à l’aéroport. « Dès mon arrivée à l’aéroport, j’ai été choquée. Ils nous dévisageaient, nous pointaient du doigt et quelqu’un a crié : (welcome to Algeria, kahloucha !) », a-t-elle témoigné. À ce moment-là, elle ne comprenait pas le sens de cette expression.
Elle n’en est, malheureusement pas, au bout de ses surprises. À la cité universitaire, continu Aicha, « on nous huait ». Plus grave encore, étant coiffée en afro, elle affirme qu’un jeune lui a brulé les cheveux avec une cigarette. « Une vieille dame est venue m’aider à stopper la flamme. Je suis rentrée en courant, je pleurais… C’est alors que quelques filles sympas m’ont appris à insulter en algérien ».
À chaque fois dehors, « les insultes et les agressions » se ruent sur la jeune étudiante selon son témoignage. « Je suis rentrée dans une dépression terrible, le début de la folie. Je me promenais avec des bâtons pour me défendre », a-t-elle ajouté.
Les « violences et les insultes » continent même à l’intérieur de l’enceinte universitaire, selon Aicha. Pis encore, « une enseignante a demandé à une fille : (tu es un homme ou une femme ? Pour les Noirs, je n’arrive pas à faire la différence) », témoigne l’étudiante malienne.
« Parfois, certaines (étudiantes Ndlr) venaient s’excuser par la suite. Je me suis fait des amies aussi, qui ont vraiment été là pour moi et m’ont invitée dans leur famille ».
Même si que l’administration de l’université prend au sérieux « nos plaintes » et « sanctionne ceux qui nous agressent », continue Aicha, « mais elle ne fait rien pour sensibiliser les étudiants, à part nous partager par groupe de travail pour qu’on se mélange aux Algériens ».
Pour Aicha, la société algérienne, « est renfermée et raciste », et « les Algériens ne se considèrent pas comme Africains ». « Il faudrait leur enseigner que les gens qui viennent, appartiennent à de grands pays et qu’eux aussi sont africains », préconise-t-elle.
Rédaction d’Algerie360