Un ex-adjoint de sécurité a décrit et dénoncé le racisme omniprésent dont il a témoigné durant ses deux ans de services en Normandie.
Dans une entrevue accordée au site d’information Médiapart, Malik Allam, 28 ans, a dénoncé le racisme qui a « gangréné » son quotidien professionnel durant ses deux ans de services jusqu’à sa démission. Selon lui, le métier de policier est « un métier perverti par les dérives racistes ». Malik, d’origine Kabyle et Martiniquaise, a confié avoir fait face aux propos racistes et aux préjugés islamophobes de ses collègues lorsqu’il faisait partie des éléments du commissariat d’Évreux.
« Les termes employés pour les administrés à Évreux m’ont très rapidement choqué étant donné qu’un individu lambda, qu’il soit blanc, noir, arabe, musulman, juif, ou peu importe, subissait des propos dégradants et racistes », a affirmé l’ancien adjoint de sécurité lorsqu’il retrace sa courte carrière dans la police, de 2014 à 2016.
Selon lui, les propos racistes trouvaient un écho dans les actes de ses anciens collègues. « Envers les Maghrébins et les Noirs, ils n’y allaient pas de main morte. Pour justifier les gestes employés dans les rapports, ils disaient “On est d’accord, ça s’est passé comme ça », a-t-il indiqué lors de l’entretien vidéo à Médiapart.
Au départ, Malik Allam ne protestait pas, il pensait que ce n’était le cas qu’au commissariat d’Évreux, « je pensais que ce n’était qu’à Évreux et en fait non, étant donné que j’avais encore sur bon nombre de réseaux sociaux des anciens camarades de l’école, qui étaient un peu dispersés aux 4 coins de la France, je revoyais, j’entendais très souvent, et beaucoup trop souvent justement, ces termes-là qui étaient dégradants ».
Et puis, petit à petit, voyant que les propos dégradants prenaient de l’ampleur, ce dernier décida de riposter, ce qui n’a pas enchanté ses collègues qui se sont mis à utiliser les mêmes termes en s’adressant à lui. « Au début, je ne dirais rien parce qu’on est égaré quand on entend ce genre de termes, surtout quand c’est envers des personnes que j’ai pu côtoyer, que je peux connaître, que ce soit des papas, des mamans, des amis d’enfances… Tout le monde était affublé de ce genre de termes. Mais il y a un moment où on dit stop et on leur fait comprendre que c’est inadéquat et on ne peut pas. Et justement, c’est là où ces termes-là se sont retournés contre moi et j’en ai fait les frais. »
Ayant démissionné en novembre 2016, Malik Allam aimerait, aujourd’hui, que son message soit entendu. « Tous les fonctionnaires ne sont pas racistes, j’en suis la preuve. Mais l’institution cautionne les exactions de certains fonctionnaires, et il est temps que ça cesse ».