Après l’énorme explosion dont a été victime la capitale libanaise, des dizaines de milliers de personnes dénoncent le système politique actuel et demandent le retour d’un mandat français au Liban.
En effet, le magazine français L’édition du Soir, a rapporté que plusieurs dizaines de milliers de personnes ont adressé une demande directe à Emmanuel Macron, Chef de l’État français, afin de placer le Liban sous mandat français comme au temps de l’entre-deux-guerres.
Bien que cette demande parait « irréalisable », la pétition a dépassé son objectif de base qui était de 50 000 signatures, toutes ces voix s’unissent pour dénoncer le système politique libanais actuel, qu’elles décrivent « en faillite ».
« Placez le Liban sous mandat français pour les dix prochaines années (…) Nous pensons que le Liban devrait revenir sous mandat français dans le but de rétablir une gouvernance saine et durable », indique le texte de la pétition, publiée mercredi dernier sur le site internet de cybermilitantisme.
L’historienne spécialiste de l’histoire de la Syrie contemporaine et du Liban, Hélène De Champchesnel, a exprimé son opinion sur le sujet à L’édition du Soir. Selon cette maître de conférence, une telle idée est irréalisable et la présence française au Liban est inimaginable car la France n’a jamais possédé le Liban.
« Cette pétition est manifeste de la situation de crise majeure, de l’urgence traversée par le Liban actuellement. Elle répond à un appel de besoin de soutien matériel, financier peut-être même psychologique. Mais cette demande me paraît totalement impossible. Une présence française au Liban similaire à celle du mandat français est inimaginable », explique-t-elle.
« Il ne s’agissait pas d’une colonie ou d’un protectorat mais d’un mandat : ce n’était pas un territoire français », rajoute-t-elle.
Pour appuyer ses dires, elle fait un petit rappel historique qui contextualise le mandat français au Liban entre-deux-guerres. À la fin de la première guerre mondiale, et après la chute de l’empire Ottoman, ses territoires ont été départagés, à savoir l’Irak (actuelle Palestine) pour la Grande-Bretagne, et la Syrie et le Liban pour la France.
« Le Liban a été dessiné avec les Libanais par les autorités françaises car elles avaient cette délégation. Au niveau institutionnel, le fonctionnement du pays est également pensé avec les Français », souligne-t-elle.
Pour conclure, l’historienne met le point sur les liens forts qui unissent les deux pays depuis longtemps, et estime que la France est une des facettes de l’identité libanaise.
« Depuis cette histoire ancienne, qui remonte même à avant 1920, les liens sont indéfectibles. La France est l’une des identités libanaises. Ce n’est pas la seule mais elle est bien réelle », conclue-t-elle.
De son côté, le Chef de l’État français, Emmanuel Macron, a rappelé, dès son arrivée à Beyrouth jeudi dernier, que « le Liban n’est pas seul, et que la France ne le lâchera pas ».