Le 7 août 1921, né le doyen Algérois le « Mouloudia Club d’Alger »

Le 7 août 1921, né le doyen Algérois le « Mouloudia Club d’Alger »

Le 7 août de chaque année est une date gravée dans le cœur de chaque fidèle supporteur du doyen algérois le Mouloudia Club d’Alger (MCA). En effet, elle correspond à la naissance du club, qui fête cette année son 99ᵉ anniversaire.

La création du Mouloudia Club d’Alger remonte en 1921, où un groupe de jeunes issus de la Casbah d’Alger et du quartier populaire de Bab El Oued ont décidé de fonder un club de football algérien avec très peu de moyens et face au blocage raciste des autorités françaises.

L’idée de la création de ce club revient à Abderrahmane Aouf (dit Baba Hammoud 1902-1989), considéré, encore aujourd’hui, comme étant le père spirituel du MCA, alors âgé de 19 ans, ce jeune nationaliste rêve de voir un club de football musulman et algérien qui défit la politique coloniale fondée sur l’humiliation et la misère.

C’est à la veille de la fête religieuse du Mawlid El Nabawi El Charif que le club est né, d’où son nom « Mouloudia » en référence au « Mouloud ». Il s’habille en couleur rouge pour symboliser l’amour de la nation et le sacrifice du sang, et en couleur verte pour symboliser l’Islam et l’espoir du peuple algérien.

L’administration française n’a pas cessé de créer des contraintes sur le chemin du jeune Aouf, ce dernier n’a pas épargné d’efforts ou de malices pour esquiver ces contraintes et officialiser la création de son club. Il aurait falsifié sa date de naissance pour pouvoir créer son association, il aurait même justifié le but de son club à la préparation physique des jeunes aux épreuves du service militaire, quant aux couleurs il aurait assimilé le vert au paradis et le rouge à l’enfer.

Au-delà d’une équipe, le Mouloudia d’Alger est considéré comme un monument historique qui incarne l’esprit nationaliste des jeunes algériens face à la colonisation, cette rage de liberté s’exprimait à travers les compétitions l’opposant aux clubs français, jusqu’en 1956 où le club procède à un arrêt d’activités, suite à l’appel au boycott du FLN (Front de Libération Nationale), particulièrement suite aux événements sanglants qui ont eu lieu au stade de Saint-Eugène lors du match opposant le MCA à l’AS Saint-Eugène, où la police a transformé le match en émeute avec beaucoup de blessés et de morts parmi les supporteurs.

Ce jour sanglant qu’est le 11 mars 1956, marque jusqu’à présent la mémoire du club qui a encaissé beaucoup de ses supporteurs sous les coups violents de la police et en cellules de torture à la prison. D’ailleurs, beaucoup de joueurs issus du club figurent sur la longue et glorieuse liste des martyrs et combattants ayant pris part à la guerre de libération nationale. Certains d’entres eux sont morts en martyrs laissant derrière eux le souvenir de leur passage dans l’équipe, comme le valeureux Basta Ali qui a joué au sein du Mouloudi entre 1946 et 1948 et qui est mort en martyrs sous la torture, ou encore le jeune Bouelam Rahal lâchement guillotiné à l’âge de 18 ans, et c’est à lui que Mohamed El Badji a écrit et dédié sa célèbre chanson « El Moknin EL-Zin ».

Après l’indépendance, l’équipe enchaine les compétitions et les matchs et remporte plusieurs trophées, et continue, jusqu’à ce jour, son aventure footballistique.

Les fidèles supporteurs du MCA nous ont habitué à de grandes festivités à l’occasion de l’anniversaire du doyen algérois, la coutume est de faire un énorme craquage s’étalant de la piscine de Kettani jusqu’au stade Ferhani, accompagné de « youyous » et de feux d’artifices.

Cette année, et à cause de la situation épidémique actuelle due au Coronavirus, les festivités se feront différemment. À l’initiative des amoureux du MAC, chaque quartier organisera son propre craquage de sorte à éviter les rassemblements.

Depuis le début de la crise sanitaire en Algérie, les stades ont été désertés, mais les fidèles supporteurs de tous les clubs algériens, et ceux du MCA particulièrement, ont trouvé une nouvelle façon d’exprimer leur amour à leurs clubs.

En effet, les murs d’Alger ont adopté une nouvelle allure, ils sont peints en vert, rouge, blanc, noir et jaune, avec de grands « tags » à la manière des Ultras italiens. Ces « tags » visent à mettre en valeur les différents clubs de la capitale et leurs valeurs symboliques et historiques.

Très différents et variés, ils incarnent et emmortaisent les figures marquantes du club, son histoire notamment pendant la guerre de libération, son rapport à la ville et à son quartier natal … Cette passion infinie que porte les fidèles amoureux  de football pour leurs clubs à donner naissance à de réelles œuvres d’art qui traduisent cette passion et qui concrétisent le vrai sens de fraternité du football algérien.

Pour le cas du Mouloudia d’Alger, ces « tags » s’inscrivent dans cette même optique, mais ils visent aussi à préparer la célébration d’un grand événement de l’histoire du club, celui de la célébration du centenaire du Mouloudia Club d’Alger en 2021.

Rédaction d’Algérie 360.