Docteur Mohamed Bekkat Berkani, membre du Comité Scientifique chargé du suivi et de la lutte contre le Coronavirus (Covid-19) en Algérie, a expliqué les raisons de la baisse des contaminations.
Dans un entretien accordé à TSA, Docteur Mohamed Bekkat Berkani a répondu à des questions relatives à la situation sanitaire actuelle en Algérie, notamment la baisse des cas infectés par la Covid-19 depuis le 15 août dernier, à savoir depuis la ré-ouverture progressive des mosquées, des plages et des espaces de loisirs.
« Nous nous attendions effectivement à ce que la tendance soit haussière, en particulier après les regroupements qu’a connu l’Aïd el-Adha. Les chiffres ont été démentis par le fait que probablement les Algériens ont pris de plus en plus conscience du danger. Par conséquent, les chiffres actuels sur lesquels nous travaillons concernent l’Aïd el-Adha et non l’ouverture des mosquées (l’ouverture des mosquées et des plages, ce sera dans quinze jours que nous verrons si les Algériens ont respecté les gestes barrières), il semble que les Algériens aient pris conscience premièrement du danger que représente la Covid-19, deuxièmement de la nécessité et de l’obligation des gestes barrières », a-t-il expliqué.
« Il y a quinze jours ou trois semaines, on ne voyait pas beaucoup les masques dans la rue. Maintenant, vous voyez une grande majorité de gens qui arborent mal les masques, mais qui les arborent quand même. Il y a une prise de conscience de ce côté-là. Donc c’est de nature à casser la transmission du virus et à diminuer le nombre de cas positifs », a-t-il rajouté dans le même contexte.
Selon le Docteur Bekkat Berkani, le retour à la « normalité » est conditionné par les chiffres, particulièrement les décomptes de contaminations.
« Le gouvernement et le président de la République sont souverains dans le déconfinement. Ils ont opté pour une politique de déconfinement progressif. Si les chiffres sont, comme c’est le cas ces derniers temps, orientés vers la baisse, c’est-à-dire tendance baissière, il y aura de plus en plus de retour à la normalité. Mais seulement il faut savoir que vous avez des lignes rouges. Si on a permis aux cafés et aux restaurants de rouvrir sous réserve de respecter les protocoles sanitaires et d’obliger les clients à respecter les gestes barrières, il faut savoir que dans le transport aérien ou terrestre, il y a matière à contamination. Par conséquent, ça dépendra probablement des chiffres à l’avenir. S’ils sont favorables, je pense que le gouvernement pourra poursuivre le déconfinement petit à petit, de façon progressif », a-t-il souligné.
D’une autre part, il a expliqué que les recherches ne peuvent affirmer avec certitude l’augmentation ou la diminution de la virulence de la Covid-19, néanmoins, il a rappelé l’importance de l’adoption des gestes barrières au quotidien pour faire face au virus, particulièrement le port du masque.
« Nous n’avons aucune certitude là-dessus, d’après tous les travaux qui ont été faits dans le monde. Nous n’avons aucune certitude de l’augmentation de la virulence ou de sa diminution. Ce qui est sûr c’est qu’apparemment le virus circule plus. À un moment donné, on pensait que c’était des clusters. Maintenant il est devenu communautaire. Ça, ce n’est pas une mauvaise chose parce qu’il faut apprendre à vivre avec le virus. Qu’il circule, c’est son problème et les gestes barrières sont eux qui sont aptes à casser la transmission du virus », a-t-il déclaré.
Interrogé sur l’éventuelle nécessité de la re-fermeture des espaces, notamment face au non-respect des gestes barrières constaté au niveau des plages, le Docteur Bekkat Berkani a estimé qu’on ne pouvait pas enfermer toute une population pour toujours, et que la responsabilité de la lutte anti-Coronavirus s’orientait de plus en plus vers les autorités locales.
« Je ne crois pas. Franchement, les Algériens ont assez souffert du confinement. C’est le président de la République qui a décidé. La portée sanitaire est évidente, puisque nous avons une embellie sur le plan épidémiologique. C’est une réalité, on est autour de 400 (nouveaux cas de contamination confirmés quotidiennement). Vous avez un côté psychologique et économique certain. On ne peut pas enfermer toute une population ad vitam aeternam dans des quartiers alors que dans notre pays, le seul loisir et les seules vacances sont les plages. Mais, bien entendu, il y a un effort qui reste à faire probablement. Ça, ça dépend des autorités locales puisque de toute façon, la lutte anti-Covid devient de plus en plus le fait des autorités locales depuis que le gouvernement et le président de la République ont responsabilisé les walis, donc les collectivités locales, de prendre les décisions et de gérer la situation », a-t-il expliqué.
Dans ce même contexte, le Docteur Bekkat Berkani s’est arrêté sur la question des masques utilisés par les Algériens et la disponibilité des masques FFP-2 pour le personnel de la santé.
« Le nombre de masques pour les professionnels de santé est suffisant. Maintenant les masques pour la population générale, vous savez les Algériens ont tendance à croire que ce sont les masques chirurgicaux qui sont souverains. Or, c’est une erreur fondamentale. Ceux-là ont une durée de vie de trois à quatre heures tandis que les masques dits alternatifs, à trois plis, qui sont faits avec du tissu, etc., sont souverains. Ils sont meilleurs, ils sont réutilisables, ils sont lavables, etc. Je pense que pour la population générale, on avait commencé au début d’orienter certaines entreprises qui ont fabriqué des milliers de masques par jour et qui ne trouvent pas preneur. Vous avez la rentrée des classes, la rentrée universitaire et probablement les élections, il faut que les Algériens puissent savoir que les masques alternatifs qui sont en vente et qui ne trouvent pas preneurs sont d’une grande utilité voire d’une nécessité puisqu’ils sont réutilisables dans la mesure où quand on les lave pendant une demi-heure à soixante degrés, ils sont stérilisés et qu’ils ont meilleur confort que les masques chirurgicaux », a-t-il conclue.