Une large campagne a été lancée depuis une semaine sur les réseaux sociaux afin de sensibiliser le publique contre le phénomène du « féminicide ».
Depuis une semaine, la photo de la jeune défunte Ikram Aïssat, âgée de 19 ans, circule en masse sur les réseaux sociaux. La mère de la victime plaide le féminicide qui a été commis contre sa jeune fille, enceinte et mère d’un garçon, par son mari en présence de quelques membres de sa belle-famille au domicile familial dans la wilaya de Blida.
Suite à la déclaration par vidéo de la mère d’Ikram, demandant que justice soit faite, une campagne de sensibilisation, initiée par jeunes militantes féministes, Narimène Mouaci et Wiame Awres, a été lancée sur les réseaux sociaux. « Ces femmes assassinées sont des citoyennes algériennes, ce ne sont pas juste des chiffres, ce sont des femmes qui avaient une vie, des rêves, une famille, des amis et des enfants parfois. Donc, cet hashtag est aussi un moyen de sensibiliser contre les féminicides qui ont longtemps été étouffés ou ignorés », ont confié les deux initiatrices de cette campagne.
Toutefois, les deux militantes ont également pris l’exemple d’Asma, âgée de 30 ans, qui a trouvé la mort égorgée, le 8 août dernier à Beni Messous, à Alger, par son mari alors qu’elle était enceinte. Juste avant elle, à Guelma, un militaire retraité a tué sa femme avec un fusil de chasse, tandis qu’une autre femme âgée de 28 ans, enceinte et mère de deux petites filles, a été tabassée par son conjoint jusqu’à la mort à Boukricha dans la même wilaya.
Ces quelques cas ne sont qu’une partie des 36 féminicides recensés depuis le début de l’année, malheureusement, très peu rapportés. La DGSN, quant à elle, a évoqué quatre affaires, de janvier à juin, concernant des cas de coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort des victimes. Néanmoins, depuis le confinement à ce jour, les mêmes services n’ont mentionné aucune affaire de féminicide.
Par ailleurs, 11 affaires d’homicides volontaires ont été traitées en 2020, dont 6 depuis avril, durant la période de confinement, où une augmentation des cas de violences domestiques a été observée.
« C’est pour que ces femmes ne tombent pas dans l’anonymat et l’oubli », ont soutenus Narimène Mouaci, et Wiame Awres. Les deux Algériennes recensent bénévolement les cas de féminicide en passant au peigne fin l’actualité nationale relative aux féminicides, qu’ils soient relatés par les médias ou par des pages influentes dans le but d’attirer l’attention des médias, des pouvoirs publics et de l’opinion publique sur l’étendue de ce fléau. L’idée de lancer cette campagne leur est venue après avoir remarqué la courbe ascendante des actes de violences contre les femmes.
« Cela fait des années que les féministes algériennes alertent contre le harcèlement sexuel, contre les violences conjugales et toute forme de violence à l’encontre des femmes. Ces violences sont devenues dans notre société non pas banalisées, mais plus grave, légitimées, défendues alors qu’elles mènent au meurtre », a témoigné l’une des deux jeunes femmes.