Le pédagogue Ahmed Tessa s’est exprimé au sujet de la rentrée scolaire, notamment face à la conjoncture sanitaire actuelle, relative à la pandémie du Coronavirus (Covid-19).
Dans une entrevue accordée à notre confrère El Watan, M. Ahmed Tessa a expliqué que cette longue absence des bancs scolaires, et qui a duré plus de 6 mois, « va impacter sur les enfants, qui vont avoir mal à retrouver leurs repères d’élèves ».
« Indéniablement, les élèves sont pénalisés. Il leur est difficile de retrouver leurs repères d’élève. Les plus fragiles sont complètement démotivés. Le danger qui guette l’élève dans ce contexte malheureux réside dans l’oubli des connaissances engrangées avant la diète pédagogique. Nos élèves payent le prix d’une approche pédagogique archaïque que synthétise le triptyque infernal « parcœurisme » (par l’élève) – bachotage (par l’enseignant) et restitution des connaissances mémorisées au cours des compositions, devoirs et examens. La faute n’incombe pas aux élèves mais aux décideurs qui s’accrochent à cet archaïsme pédagogique depuis le lancement de la « supposée » réforme de 2002. Une réforme qui a accentué les dysfonctionnements qu’elle était pourtant censée corriger », a-t-il détaillé.
Interrogé sur le report de la date de la rentrée, M. Tessa a estimé que « cette décision relève des autorités sanitaires« , rajoutant qu’il « était possible que la rentrée soit prévue pour le 4 octobre prochain », notamment avec « l’évolution de la situation sanitaire qui indique des statistiques positives ».
« Si c’est une décision des autorités sanitaires, on ne peut que la respecter. Bien sûr que tout le monde voudrait que l’école reprenne. Les élèves surtout. Mais au vu des statistiques positives concernant l’épidémie, je pense que la rentrée est possible pour ce 4 octobre. Plus on tarde, plus les candidats décrocheurs risquent d’être nombreux. Mais dans une telle situation, le politique et le pédagogue doivent se soumettre à la décision du scientifique », a-t-il indiqué.
Dans ce même contexte, M. Tessa a suggéré des solutions dans le cas ou la situation épidémiologique actuelle perdurait dans le temps, entre autres, « le réaménagement des emplois du temps et du calendrier scolaire ».
« Personnellement, je suggère la mise en place d’un collège d’experts pour assister le MEN dans la gestion de cette situation afin de relever le triple défi cité précédemment. En pratique : assurer une période de révision pour remettre à niveau les élèves. Ensuite, rattraper le troisième trimestre, plus particulièrement dans les matières essentielles ou dites de spécialité. Un réaménagement de l’emploi du temps des élèves est plus qu’indispensable. Revoir la distribution du calendrier scolaire pour l’année 2020/2021 avec un choix préférentiel pour les horaires des matières de spécialité (les langues, les maths, les sciences et la physique). Rogner sur les vacances scolaires et utiliser les journées du samedi et le mardi après-midi pour des activités périscolaires à visée pédagogique (théâtre, poésie, écriture créative, autres activités récréatives liées aux maths et à la physique). Croisons les doigts pour que ce scénario ne survienne pas. L’histoire des peuples nous donne des leçons », a-t-il suggéré.
Enfin, M. Tessa a donné l’exemple de la situation des écoles pendant les deux guerres mondiales, et a souligné que « malgré leur destruction, il y a toujours eu une reprise des études », soulignant que « les élèves de l’époque ont fini par décrocher des prix Nobel ».
« Il y a chez l’être humain cette qualité qui l’aide à surmonter les difficultés : c’est la résilience. Pendant les deux Guerres mondiales, des pays ont été ravagés et leurs écoles fermées. N’empêche qu’il y a eu reprise des études. Et des écoliers de l’époque ont fini par décrocher des prix Nobel et autres distinctions. On pourra aviser en temps utile. Et les parents auront un rôle à jouer dans ce cas de figure. Seulement, il faut se dire une chose : à situation exceptionnelle, solution exceptionnelle. À tous, parents, élèves, enseignants et autorités, d’accepter ces solutions exceptionnelles, si elles sont faites de façon pertinente », a-t-il conclue.