M. Chérif Lekhlef, membre du Conseil de l’Ordre des Avocats d’Alger, s’est exprimé au sujet de la reprise de l’activité judiciaire après une semaine de grève.
Dans un entretien accordé à notre confrère Liberté, M. Chérif Lekhlef a révélé que « les avocats travaillent dans des conditions pénibles, au niveau des tribunaux, des greffes et même des établissements pénitentiaires ».
Concernant la reprise de l’activité judiciaire, après une semaine de grève, M. Lekhlef a indiqué que « les avocats courent d’un tribunal à un autre pour récupérer des renseignements sur les procès programmés durant la semaine du boycott, au lieu de s’occuper de leurs affaires en cours de procédure ».
« Malheureusement, l’accord entre le bâtonnat et les deux principaux chefs des juridictions, c’est-à-dire le président de la Cour et le procureur général, n’a pas été respecté. Les juges de sièges ont majoritairement mis en délibéré les affaires, au pénal et au civil ou les ont carrément radiées du rôle — dans ce cas, redémarrer la procédure à son stade initial. Ils n’ont pas donné la possibilité à la défense de plaider. Dans les affaires civiles et administratives, la loi est pourtant claire : les deux parties concernées dirigent l’audience », a-t-il affirmé.
En effet, et dans ce même contexte, le membre du Conseil de l’Ordre des Avocats d’Alger a souligné que « depuis le mois de mars, plusieurs réunions ont été tenues, mais aucune mesure n’a été prise par les chefs de juridictions pour mettre fin à cette situation, soit le refus des avocats de plaider devant le président de la 5e chambre ».
« Nous avons décidé de boycotter aussi la composante de la première chambre pénale à cause de la violation et de l’agression des droits de la défense. Nous ne pouvons tolérer que le bâtonnier d’Alger soit humilié par le président de cette chambre », a-t-il soutenue.
Interrogé sur les attentes de l’Ordre des Avocats d’Alger, suite à sa décision de geler la grève pour une durée de deux semaines, M. Lekhlef a indiqué que « leurs deux interlocuteurs ont promis de prendre en charge ces préoccupations », rajoutant qu’ils « se réunissent avec les chefs des juridictions et des présidents des sections ».
« Nous avons soumis au président de la Cour et au procureur général une liste de problèmes auxquels sont confrontés les avocats dans l’exercice de leurs fonctions. Ils travaillent dans des conditions pénibles, au niveau des tribunaux, des greffes et même des établissements pénitentiaires. Les juges d’instruction ferment la porte aux avocats. Ils ne leur remettent pas la troisième copie du dossier à laquelle ils ouvrent pourtant droit », a-t-il expliqué.
Enfin, M. Lekhlef a évoqué « un probable retour au boycott, dans le cas ou les revendications des avocats n’ont pas été satisfaites ».
« Les autorités judiciaires ne trouveront certainement pas de solutions à tous les problèmes. Mais si dans l’intervalle de 15 jours, les contraintes majeures ne sont pas levées, le boycott de la session criminelle sera probablement acté, à nouveau. Ça fera mal, car le magistrat ne peut pas juger une affaire criminelle sans la présence obligatoire des avocats, tout comme les procès des mineurs », a-t-il révélé.