Hommage au Moudjahid Lakhdar Bouregaa, l’homme des deux révolutions

Hommage au Moudjahid Lakhdar Bouregaa, l’homme des deux révolutions

À travers cet article, Algérie360 rend hommage au Moudjahid Lakhdar Bouregaa qui avait été victime d’une vague de diffamation par certains médias et emprisonné à l’âge de 86 ans.

Lakhdar Bouregaa est né le 15 mars 1933 à El Omaria, dans la wilaya de Médéa. À un jeune âge, il rejoint le Parti du peuple algérien puis le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD). Il effectue son service militaire à Mostaganem, puis en France, avant d’être envoyé au Maroc, d’où il s’évade pour répondre à l’appel du Front de Libération Nationale (FLN) en 1956.

Après avoir rejoint les rangs de l’Armée de Libération Nationale (ALN), Lakhdar Bouregaa est nommé Chef de la zone II de la wilaya IV historique, entre les années 1959 et 1960, puis s’installe auprès de Youcef Khatib, connu sous le nom de guerre de Si Hassan, à la tête de la wilaya IV, en tant qu’adjoint et membre du Conseil de la wilaya, et ce jusqu’à la fin de la guerre.

Ainsi, durant la guerre de Libération Nationale, le défunt Moudjahid occupe plusieurs postes de responsabilité au sein de la wilaya IV historique et se voit attribué le grade de capitaine puis  de commandant, il participe à de nombreuses opérations contre l’armée ennemie, dont le commandement de la Katiba « Zoubiria ».

Au lendemain de l’indépendance de l’Algérie, Si Lakhdar a été désigné membre du commandement de la wilaya IV, puis membre du Conseil national de la révolution. En 1963, il prend part à la création de l’Union pour la défense de la révolution socialiste auprès de Krim Belkacem et de Hocine Ait Ahmed. Cette action clandestine, qui défiait le pouvoir de l’époque avec la création d’un parti d’opposition qui n’est autre que le FFS (Front des Forces Socialistes), lui a valu la prison. En effet, le Moudjahid Lakhdar Bouregaa affirme avoir subi les affres de la torture jusqu’en 1968, où il a été transféré à la prison de Sidi El Houari à Oran.

En 1969, la Cour révolutionnaire, présidée par Mohamed Abdelghani, le condamne à une peine de dix (10) ans de prison pour avoir participé à un complot visant à assassiner le Président Houari Boumédiène, et à vingt (20) ans de prison pour avoir participé à la tentative de coup d’État de Tahar Zbiri. Si Lakhdar restera sept (7) ans en prison, jusqu’en 1975 où il retrouve sa liberté.

Le défunt Moudjahid a publié ses mémoires en 2010 aux éditions Dar El Okbia, sous le titre « Témoin sur l’assassinat de la Révolution », à travers lesquelles il est revenu sur sa lutte armée dans la wilaya IV historique et sur son parcours de combattant au sein de l’ALN.

Durant le mouvement populaire Hirak, le Moudjahid Lakhdar Bouregaa n’hésite pas à répondre présent à l’appel du peuple. À 86 ans, son esprit nationaliste et son amour pour son pays le poussent à sortir dans la rue auprès du peuple pour manifester contre le 5ᵉ mandat du Président déchu Abdelaziz Bouteflika. Le Moudjahid prend part à la réunion de signature du « pacte pour l’alternative démocratique », qui s’est tenue le 26 juin 2019, au siège du RCD (Rassemblement pour la Culture et la Démocratie), et à peine quelques jours plus tard, il est arrêté et emprisonné pour avoir déclaré que « le pouvoir est une mafia », et accusé pour « outrage à corps constitué et atteinte au moral de l’armée ».

Défendu par plusieurs avocats dont Me Mostefa Bouchachi et Me Abdelghani Badi, il refuse de répondre au juge  et conteste les chefs d’inculpation retenus à son encontre. Il restera en prison jusqu’en novembre 2019 où il est évacué à l’hôpital de Mustapha Pacha pour subir une intervention chirurgicale, puis libéré en janvier 2020.

En marge de son incarcération, alors qu’il a reçu le soutien et la sympathie du peuple et de plusieurs personnalités publiques, plusieurs médias l’ont accusé d’usurpation d’identité, et ont remis en cause son parcours de combattant au sein de l’ALN durant la guerre de Libération, certains sont allés jusqu’à le traiter de traitre. Néanmoins, son commandant en Chef, Youcef Khatib, a démenti ces accusations fallacieuses et cette vague de diffamation, engagée contre lui, a été avortée.

Si Lakhdar avait été contaminé par le Coronavirus (Covid-19) en octobre dernier, suite à quoi il a été hospitalisé, avec son épouse, à l’hôpital de la Sûreté nationale les Glycines à Alger. Le regretté a succombé à sa maladie ce mercredi, 4 novembre, à l’âge de 87 ans.

La triste nouvelle de son décès a engendré une marre de réactions, de la part des citoyens, des militants et des personnalités politiques et publiques. Son enterrement a eu lieu ce jeudi, 5 novembre, au cimetière de Sidi Yahia à Alger.

« C’est avec une immense tristesse que j’ai appris le décès du Moudjahid, du père et du combattant Lakhdar Bouregaa… », a écrit l’avocat et militant pour les droits de l’Homme, Mostefa Bouchachi.

« Ainsi donc, ce que n’ont pas pu faire les opérations de la quatrième armée du monde et les abus d’un système autocratique vient d’être commis par un misérable virus. Lakhdar Bouregâa part après avoir vécu en homme libre », a regretté Said Sadi, ancien Président du RCD.

Le Moudjahid Lakhdar Bouregaa, Si Lakhdar, nous a tristement quitté, mais il incarnera à jamais le symbole du fidèle nationaliste, qui n’hésite pas à se sacrifier pour l’amour de sa patrie en s’engageant corps et âme dans la lutte pour la justice, l’égalité et le droit … mais surtout pour scander haut et fort Vive l’Algérie.

Rédaction d’Algérie 360