Depuis une dizaine d’années maintenant, la journée du 22 mars est célébrée comme une journée contre l’oubli des victimes de l’intégrisme islamiste. Un souvenir d’une décennie des plus sombre et des plus meurtrières de l’histoire de l’Algérie.
Peut-on vraiment tourner le dos à cette période et oublier les massacres de milliers d’Algériens innocents ? Pour certains apparemment oui. Mais pour d’autres, notamment ceux qui ont perdu des proches ou ont vu des membres de leurs familles égorgés devant leurs yeux, certainement pas.
Sans parler des milliers d’autres dont le sort reste inconnu jusqu’à ce jour. Certes la plaie semble se refermer avec le temps, mais la cicatrice est toujours là, à hurler contre l’oubli et de criante d’une rechute … Si l’on considère plus judicieux de tourner cette page tragique, il en demeure aussi nécessaire de ne pas la déchirer.
Il faut plutôt la revisiter à chaque fois que l’on entend des voix semblables à celles qui ont plongé tout un pays dans le chaos. Il s’agit d’une leçon qu’il ne faut pas oublier facilement, qu’on doit graver dans nos esprits, apparemment, dépourvus de mémoires. Et c’est ainsi qu’est née la journée contre l’oubli afin de lutter contre l’amnésie”, et pour rendre hommage aux 200 000 victimes du terrorisme si ce n’est pas plus.
Le 22 mars, une journée contre l’amnésie
La journée du 22 mars contre l’oubli a été choisie en souvenir des marches populaires organisées en mars 1993 et mars 1994. Initiées en 2010 par « Ajouad Algérie Mémoires », une association crée par Nazim Mekbel, fils de Saïd Makbel le célèbre chroniqueur du journal Le Matin assassiné le 3 décembre 1994 par des terroristes, cette journée se veut comme un devoir de mémoire et contre l’oubli de la tragédie qu’a vécu le pays.
L’association qui compte principalement des familles des victimes du terrorisme islamiste, s’est donné pour mission de perpétuer et d’honorer la mémoire de ceux et celles, connus et inconnus, qui sont morts sous les coups de « la folie meurtrière des intégristes ».
« Qu’ils soient écrivains, journalistes, médecins, professeurs ou ingénieurs, qu’ils soient policiers, militaires, pompiers, lycéens ou bergers, ils font partie du patrimoine humain de l’Algérie. Ils ont existé et ont laissé une histoire derrière eux. Cette histoire est celle de l’Algérie, celle de tout un peuple », peut-on lire dans la charte de l’association.
Pour célébrer cette journée, plusieurs internautes algériens ont lancé l’hashtag #Mansinach sur les réseaux sociaux. Certains ont choisi de rendre hommage aux victimes de cette décennie, d’autres ont préféré livrer leurs témoignages sur les atrocités qu’ils avaient vécues. Ainsi, il s’agit d’une initiative des plus louables où, afin de lutter contre l’oubli, chacun raconte son expérience traumatisante.