MER MORTE (Jordanie) – Le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, a plaidé mercredi à la mer Morte (Amman) pour la réforme de la Ligue arabe et le règlement des crises politiques et des conflits par les moyens politiques et le dialogue, mettant l’accent sur l’importance de renforcer la coopération antiterroriste.
M. Bensalah qui représente le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, au 28ème Sommet arabe a soutenu : « les pays arabes sont appelés à conférer à la Ligue arabe davantage de confiance et de moyens lui permettant d’opérer le changement escompté, de garantir le principe d’égalité entre ses membres, de respecter sa souveraineté et d’unir nos rangs pour préserver la crédibilité de l’action arabe commune ».
Après avoir présenté un aperçu sur le « contexte difficile » que connaît la région arabe en l’ »absence d’une vision arabe unifiée », M. Bensalah a estimé que la situation nécessitait la « mise en place d’un projet arabe pour lequel sera mobilisé tous les efforts et toutes les énergies à l’effet d’élaborer une stratégie efficiente pour la prise en charge de nos questions politiques et sécuritaires communes et réaliser les objectifs du développement global de nos pays sur les plans culturel, économique et social afin de répondre aux aspirations de nos peuples au progrès et à la prospérité ».
Réforme de la Ligue arabe, l’un des moyens susceptibles de réhabiliter l’organisation
Le président du Conseil de la nation a souligné que « la réforme de la Ligue arabe est l’un des moyens susceptibles de réhabiliter notre organisation afin qu’elle ait une influence sur le déroulement des évènements, ce qui nous permettra de gérer, par nous-mêmes, nos causes par des décisions que nous prendrons de notre plein gré, et non par des décisions dictées d’ailleurs ».
Pour M. Bensalah, la « réforme de l’action arabe commune requiert la révision de la charte de la Ligue arabe et de ses institutions ainsi que ses relations avec son environnement direct et la réalité politique et sociale ». « Cette réforme ne doit pas se limiter à certaines questions de forme, mais également porter sur les aspects liés à la gestion et à l’organisation », a-t-il expliqué.
Le représentant du président de la République a rappelé certaines expériences dans d’autres régions, citant des « organisation régionales créées bien après la Ligue arabe et qui ont enregistré de grands progrès sur la voie de l’union et de l’intégration, ce qui les a habilitées à défendre leurs intérêts et les droits de leurs peuples et à occuper une place internationale leur permettant de hisser leurs membres au rang des pays pionniers ».
L’expérience de l’Algérie dans la lutte antiterroriste, « un exemple à suivre »
S’agissant de la menace terroriste qui pèse sur tous les pays sans exception, le président du conseil de la Nation a affirmé que l’expérience algérienne dans le domaine de la lutte antiterroriste était « un exemple à suivre ».
« La menace terroriste pèse sur tous les pays sans exception et l’Algérie n’a eu de cesse de mettre en garde contre les risques du terrorisme et de l’extrémisme et d’appeler à la coordination des efforts avec la communauté internationale face à ce fléau », a-t-il précisé. L’Algérie a préconisé, a rappelé M. Bensalah, l’élaboration, sous les auspices des nations unies, d’ »une stratégie internationale pour l’éradication du terrorisme et le tarissement de ses sources de financement.
Il est revenu à ce propos sur l’approche adoptée par l’Algérie face au fléau terroriste, basée sur le dialogue et la réconciliation nationale et qui transcende la dimension sécuritaire aux aspects intellectuels, religieux et culturels en tenant compte notamment de l’aspect socio-économique et la consécration de l’Ede droit.
« L’expérience algérienne articulée autour du dialogue inclusif est un exemple à suivre pour la concrétisation de la réconciliation nationale et le resserrement des rangs au profit de l’intérêt national loin de toute ingérence dans les affaires internes », a soutenu M. Bensalah, ajoutant que « l’approche algérienne privilégie les solutions politiques pacifiques et consensuelles qui permettent aux peuples de disposer de leur avenir et prendre leur destin en main afin de réaliser leurs aspirations légitimes en termes de liberté, de dignité et de démocratie et de manière à préserver leur souveraineté et leur intégrité territoriale ».
Concernant les élections législatives prévues en mai en Algérie, le représentant du président de la République a évoqué les réalisations accomplies en matière de « consolidation du processus démocratique et de l’Etat de droit dans le sillage d’amendements constitutionnels substantiels, y compris ceux consacrant le contrôle, par le Parlement, de l’action du gouvernement ».
« Dans le cadre de la concrétisation des réformes politiques initiées par le président de la République Abdelaziz Bouteflika, la Haute instance indépendante de surveillance des élections a été mise en place pour assurer le bon déroulement des échéances », a-t-il encore rappelé.
Le soutien à la cause palestinienne et à la solution politique des conflits réaffirmé
Concernant la cause palestinienne, le président du Conseil de la nation a fait savoir que « le rythme effréné des évènements et des graves mutations qui secouent la région arabe ne devrait pas détourner notre attention de la souffrance et de la tragédie que vit le peuple palestinien pour recouvrer sa dignité et ses droits légitimes ».
Il a réitéré dans ce sens « le soutien indéfectible et constant de l’Algérie » au peuple palestinien pour le « recouvrement de ses droits légitimes, notamment l’édification d’un Etat palestinien indépendant sur les frontières de 1967 avec Al Qods pour capitale », précisant que pour atteindre cet objectif « les Palestiniens doivent resserrer les rangs pour réaliser la réconciliation nationale, seul moyen de recouvrer leurs droits nationaux légaux ».
Pour ce qui est de la crise en Libye qui « compromet la paix et la sécurité de ce pays », M. Bensalah a indiqué que l’Algérie « n’a ménagé aucun effort pour faire aboutir le processus de règlement politique et consacrer le dialogue inclusif et la Réconciliation nationale entre toutes les parties libyennes. Elle n’a eu de cesse, a-t-il ajouté, de « rapprocher leurs vues et construire un véritable consensus national de manière à préserver l’unité de la Libye, sa souveraineté et sa cohésion sociale loin de toute ingérence étrangère, dans le cadre de l’initiative de l’ONU et en application de la Résolution 2259 du Conseil de sécurité ».
A cet effet, il a rappelé que l’Algérie « a accueilli tous les belligérants libyens entre hommes politiques, parlementaires, acteurs, chefs de partis politiques et responsables militaires pour les encourager à concourir à une solution politique qui prémunirait le pays contre les dangers de la scission et du terrorisme », ajoutant que « l’Algérie abritera la 11e réunion des pays du voisinage en avril prochain » dans le cadre de l’appui au règlement politique de la crise en Libye.
Par ailleurs, M. Bensalah a indiqué concernant la Syrie: « Nous sommes convaincus que le respect de la volonté du peuple syrien frère demeure le seul moyen de mettre fin à la crise outre l’ouverture d’un dialogue inter-Syriens pour aboutir à une solution consensuelle qui préserve l’intégrité territoriale de la Syrie, sa sécurité, sa stabilité, et sa souveraineté et partant mettre fin à l’effusion de sang du peuple syrien frère ».
Il a souhaité, d’autre part, voir les belligérants opter à la faveur du processus de dialogue syrien organisé à Genève sous l’égide de l’ONU et des rencontres d’Astana sous la supervision des pays garants, pour l’option politique et à la consécration de la réconciliation nationale », invitant les pays arabes à conjuguer leurs efforts en faveur de la stabilité et de la sécurité de la Syrie et en appui du processus de règlement pacifique ».
S’agissant de la situation prévalant au Yémen, M. Bensalah a réitéré l’appel de l’Algérie « aux belligérants yéménites pour tourner la page des hostilités et de la guerre et opter pour le dialogue, la solution politique et la réconciliation afin de surmonter la crise », indiquant que de grands espoirs étaient fondés sur la reprise du dialogue et des négociations entre les frères yéménites, en vue de parvenir à un consensus politique garantissant l’unité, la souveraineté et la stabilité du Yémen et réaliser les aspirations du peuple yéménite frère.