30 millions de têtes sont disponibles dans le pays: Les éleveurs veulent vendre leurs moutons

30 millions de têtes sont disponibles dans le pays: Les éleveurs veulent vendre leurs moutons

«Si l’on veut casser les prix du mouton, lutter contre les intermédiaires et les spéculateurs dans le marché de l’ovin de l’Aïd el-Adha et qu’on permette aux citoyens d’acheter un mouton en bonne santé et moins cher, qu’on nous désigne des endroits avec des contrôles pour permettre aux éleveurs de vendre directement aux consommateurs.»

«Les éleveurs sont prêts à venir en nombre, notamment à Alger pour écouler leur production directement aux citoyens. Le gain par tête se situe en 8 000 et 16 000 dinars. La maîtrise de la commercialisation dans la capitale est extrêmement importante. Elle a, en effet, un impact considérable sur les autres régions du pays.»

C’est l’essentiel du message que voulait faire passer Bouzid Salmi, chargé de la communication auprès de la Fédération nationale des éleveurs qui a coanimé une conférence de presse au siège de l’Association nationale des commerçants et artisans (ANCA) du président Hadj-Tahar Boulenouar.

Le président de l’ANCA avait convié la presse pour discuter des préparatifs de la fête de l’Aïd el-Adha, mais le débat a tourné essentiellement autour du mouton. Le représentant des éleveurs insiste sur le rôle des pouvoirs publics pour écarter les spéculateurs du circuit de la vente du mouton d’autant plus que la disponibilité est importante.

Selon Salmi, elle se situe entre 29 et 30 millions de têtes que détiennent environ 600 000 éleveurs. «J’ai fait un tour dans quelques marchés d’Alger où j’ai constaté que les prix sont excessivement élevés parfois complétement aberrants. Par ailleurs, c’est vraiment anormal qu’un spéculateur, qui ne fait aucun effort durant toute l’année gagne de 10 000 à 15 000 dinars sur un mouton alors que l’éleveur qui active dans des régions très difficiles et dans des conditions extrême ne gagne que très peu.» Selon lui la désignation en urgence des endroits aux alentours des grandes villes participera à la baisse des prix qui sera bénéfique aux familles.

Le mouton de l’Aïd est un marché, rappelle le conférencier, qui tourne autour de 4 millions de têtes. Malheureusement, c’est autant de peaux de moutons jetées. Salmi préconise le retour aux expériences passées (2015 et 2016) précisant que «dans ces endroits, les vétérinaires pourraient contrôler la bonne santé du cheptel. Elles (les autorités) n’autorisaient à s’y installer que les éleveurs et bien entendu, elles doivent entourer ces endroits d’un minimum de sécurité puisque des montants importants y circulent.»

Pour l’occasion, le représentant des éleveurs algériens n’a pas manqué de fustiger les «gens installés dans des bureaux à Alger» qui importent de la viande et cassent les éleveurs du pays. De plus, il s’étonne que la viande ovine soit vendue à 1 500 voire 1 800 dinars le kilo dans certains endroits d’Alger durant le Ramadhan alors que la même viande est écoulée à moitié prix dans des villes de l’intérieur du pays.

Flambée du poulet inflation à vitesse grand V

De son côté, le président de l’ANCA, Hadj-Tahar Boulenouar, a expliqué les raisons de la récente flambée du poulet qui est écoulé entre 400 et 410 dinars le kilo. D’après lui, il y a au départ un déficit en production annuelle.

Il explique : «Les besoins de l’Algérie sont estimés entre 450 et 500 000 tonnes/an. Or, notre pays ne produit qu’une quantité comprise entre 350 et 400 000 tonnes/an. De plus, comme c’est l’été la production habituelle a diminué car les éleveurs prennent moins de risques en été durant lequel le taux de mortalité est élevé. Mais le facteur le plus important de cette augmentation du prix chez le vendeur de volaille est le coût des intrants et des aliments qui est en constante augmentation. Le poussin coûte désormais 120 dinars l’unité.»

Le poulet était le produit refuge des familles à faibles revenus. Mais il s’éloigne de plus en plus de ces familles terrassées par l’inflation. Ces deux responsables ont fait beaucoup d’efforts pour expliquer comment ramener le prix du mouton vers le bas, un soutien indirect aux familles algériennes. Il y a cependant un handicap qui leur est impossible de franchir : l’érosion du pouvoir d’achat des ménages algériens. Et pour cause, la valeur économique des 50 000 dinars de 2016 – le prix d’un bon mouton en 2016 — a, probablement, diminué de 50%.

Abachi L.