Il y a 32 ans, l’auteur du fameux roman « Nedjma » nous a quitté. Kateb Yacine, écrivain, intellectuel, dramaturge et figure phare de la littérature algérienne moderne. Né en 1929 à Constantine, Kateb se voit dès son jeune âge marqué par les évènements historiques que traversait son pays à cette époque.
Il est encore au collège lorsqu’en 1945, il subit directement la répression de la manifestation populaire du 8 mai 1945 à Sétif. Une période coloniale qui forgera sa personnalité et marquera ses œuvres romancières notamment « Nedjma ».
En 1950, le célèbre romancier algérien arrive en France et débutera une carrière de militants engagée politiquement, à travers ses multiples écrits journalistiques. Étant écrivain exilé à Paris, il se fait arrêter à plusieurs reprises à cause de ses positions vis-à-vis du moralisme religieux.
Il fut cependant soutenu par de grandes figures et symboles de la littérature française à l’instar du couple mythique Sartre-Beauvoir (Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre). Ainsi, kateb Yacine vivra la belle époque d’Albert Camus. Les deux compatriotes, que 16 ans séparent, sont tous deux nés dans l’Est algérien.
Leurs relations ont été marquées par la célèbre lettre, largement relayée par les revues littéraires, que Kateb envoya a Camus en 1957, lorsque ce dernier venait de recevoir le Prix Nobel de littérature.
« Nedjma » une œuvre fondamentale de la littérature algérienne
Paru en 1956 et traduit en arabe jusqu’à 2008, « Nedjma » est considéré comme un des romans les plus compliqués à comprendre, Il gagne à être relu au moins une fois. Dans cette œuvre littéraire, Kateb raconte l’histoire de quatre amis qui tombent amoureux en plein contexte colonial, de la belle et féminine « Nedjma » .
C’est ce mélange entre Amour et Histoire qui rend en effet le roman si exceptionnel et fameux. À travers Nedjma, Kateb Yacine a tenté d’évoquer à la fois la beauté de son pays, l’atrocité du colonialisme, la résistance nationale algérienne, l’éducation française, la culture et l’ethnographie de la société algérienne, etc.
Une Algérie « Algérienne »
Les mots ne suffiront jamais pour décrire le riche parcours du poète et patriote Kateb dont la mort est survenue le 28 octobre 1989, soit sept mois après celle de Mouloud Mammeri. L’Algérie venait de perdre en une seule année deux grandes figures et intellectuels qui se respectaient mutuellement, malgré les divergences qui les séparaient.
Avant de conclure, il est utile de rappeler que Kateb croyait en une Algérie « Algérienne ». Une idée qu’il tenait à prôner dans chaque sortie et rencontre médiatique notamment dans une interview accordée aux Lettres françaises ou il a dit : « L’Algérie, c’est avant tout l’Algérie ! Il n’y a pas d’Algérie berbère, il n’y a pas d’Algérie arabe, il n’y a pas d’Algérie française : il y a UNE Algérie… L’Algérie est « multinationale » et c’est une nation très riche dans la mesure où elle est « multinationale ».