Selon la BM, le coût économique de 5 années de guerre en Syrie et de leurs retombées sur les pays voisins est estimé à près de 35 milliards de dollars de pertes de production soit l’équivalent du PIB de la Syrie en 2007.
Les perspectives économiques, à court terme, dans la région Moyen-Orient et en Afrique du Nord (MENA), indique la Banque Mondiale, « restent teintées d’un pessimisme prudent avec une croissance assombrie par la guerre, le terrorisme et, dans une certaine mesure, la chute des cours du pétrole.
D’après une évaluation provisoire, le coût des dégâts dans six villes syriennes se situaient dans une fourchette comprise entre 3,6 et 4,5 milliards de dollars à la fin de 2014. Pour rappel, la croissance économique de la région MENA en 2013 s’établissait à 2,8 % en moyenne, soit un taux inférieur de moitié par rapport aux 5,6 % estimés en 2012.
Dans son dernier bulletin trimestriel consacré à la croissance économique de cette région, publié sur son site web, la Banque Mondiale étudie les différentes façons, y compris la crise des déplacements forcés des populations, dont les guerres civiles qui mettent à mal les économies des pays de la région. Elle cherche aussi à savoir comment la situation économique se rétablira dans l’hypothèse d’un retour à la paix.
Selon ses estimations, la mise en place de régimes démocratiques à part entière dans les pays de la région MENA porterait le taux de croissance moyen du PIB à 7,8% en l’espace de cinq ans contre environ 3,33% en l’absence de transition démocratique. Car, explique la Banque Mondiale, si les conflits s’apaisent dans la région, un passage pacifique à la démocratie stimulera la croissance économique en encourageant l’investissement, la scolarisation, les réformes économiques et la fourniture de biens publics et en réduisant les troubles sociaux, insiste la Banque.
Les refugiés Syriens coutent 2,5 milliards de dollars/ an à la Jordanie
Par ailleurs, la BM estime que la remise en état des infrastructures en Libye coûterait, quant à elle, 200 milliards de dollars sur les dix prochaines années. « Non seulement les guerres civiles ont causé d’innombrables dommages humains et matériels, mais elles ont provoqué une des pires crises de déplacements forcés depuis la Seconde Guerre mondiale », constate Shanta Devarajan, économiste en chef de la BM pour la région Mena. Le chômage, poursuit l’économiste, est élevé chez les réfugiés, surtout les femmes. « Ceux qui ont un emploi travaillent souvent sans aucune protection dans le secteur informel. Au Liban, environ 92% des réfugiés syriens n’ont pas de contrat de travail et plus de la moitié d’entre eux sont embauchés de manière saisonnière, à la semaine ou à la journée pour des salaires minimes ».
La persistance des conflits et des violences ont réduit à néant des années de progrès dans le domaine de l’éducation en Libye, Syrie, au Yémen et en Irak, indique encore la BM. « En Syrie, la guerre civile a empêché plus de la moitié (50,8 %) des enfants d’âge scolaire d’aller à l’école entre 2014 et 2015. Au Yémen, le nombre de pauvres est passé de 12 millions avant la guerre à plus de 20 millions aujourd’hui, soit 80 % de la population ».
Les pays frontaliers des zones de conflit (Turquie, Liban, Jordanie et Egypte), dont beaucoup se trouvent déjà dans une situation économique difficile, sont soumis à une pression budgétaire considérable. Selon les calculs de la BM, l’arrivée de plus de 630.000 réfugiés syriens coûte plus de 2,5 milliards de dollars par an à la Jordanie, soit 6% de son PIB et un quart de ses recettes publiques annuelles. « Un règlement de paix en Syrie, en Iraq, en Libye et au Yémen pourrait entraîner un rapide rebond de la production pétrolière, qui permettrait à ces pays de disposer d’une plus grande marge de manœuvre budgétaire, d’améliorer leur balance des paiements courants et de stimuler leur croissance économique à moyen terme. Ce qui, en outre, aurait des retombées positives sur les pays voisins », estime Lili Mottaghi, auteur du rapport et économiste pour la région MENA à la BM.