De plus en plus clairement, l’offensive lancée par Khalifa Haftar, le 4 avril dernier, contre la ville de Tripoli et le GNA de Fayez al Serraj en qui il voit un rival insupportable, tourne à la déconfiture, lui qui évoquait alors « une promenade de quelques jours ».
40 migrants ont été tués et 70 blessés dans un raid aérien attribué à l’Armée nationale libyenne (ANL) autoproclamée du général à la retraite Khalifa Haftar que le gouvernement d’union national (GNA), basé à Tripoli et présidé par Fayez al-Serraj, a qualifié de « criminel de guerre ». L’ attaque a ciblé un centre d’hébergement de migrants à Tajoura, dans la banlieue de la capitale libyenne, Tripoli, et les autorités sanitaires de la ville indiquent que le bilan pourrait s’aggraver, compte tenu de l’état critique des blessés. Un porte-parole des services de secours libyens a d’ailleurs fait état de la présence de 120 migrants installés dans le hangar qui a subi de plein fouet le bombardement.
Le GNA qui est reconnu par la communauté internationale a qualifié dans un communiqué la frappe de «crime odieux», avant de s’en prendre au «criminel de guerre Khalifa Haftar», qui tente depuis trois mois de s’emparer de Tripoli. Il s’agit là, a-t-il estimé, d’une attaque «préméditée» et «précise» contre le centre de migrants où les services de secours étaient hier encore à la recherche d’éventuels survivants sous les décombres, au milieu du va-et-vient de dizaines d’ambulances. Il faut dire que cette attaque de l’ANL a été effectuée quelques heures à peine après de nouvelles menaces du général à la retraite qui ordonnait à ses troupes d’attaquer les intérêts turcs où qu’ils soient en Libye et qui promettait « une intensification des frappes aériennes contre Tripoli et l’aéroport international de Mitiga. Il s’agissait pour lui de punir le GNA dont les forces loyales sont parvenues à le chasser de la ville de Gharyan où il avait installé une base essentielle à son offensive contre la capitale. Gharyan qui est distante de 75 km de Tripoli abritait en effet un centre des opérations d’où l’ANL est partie à l’assaut du GNA et de la capitale libyenne. Elle a été reprise entièrement par les troupes loyales au GNA qui continuent ces jours derniers à infliger de nouvelles défaites aux forces de Khalifa Haftar comme à Esbiaa.
A Gharyan, les combattants du GNA ont fait prisonniers 150 soldats de Haftar et ils ont saisi un important arsenal de guerre, parois sophistiqué. Ils ont indiqué que parmi les prisonniers se trouve un certain nombre de « mercenaires soudanais », embrigadés par les soutiens de Haftar dans le cadre de cette offensive préparée depuis plusieurs mois déjà. « Nous avons pu emprisonner 150 éléments pro-Haftar et saisi 70 véhicules armés et blindés émiratis », a confirmé le porte-parole des troupes du GNA Mohamad Gnounou, lors d’une conférence de presse tenue conjointement avec le maire de la ville de Gharyan. De plus en plus clairement, l’offensive lancée par Khalifa Haftar, le 4 avril dernier, contre la ville de Tripoli et le GNA de Fayez al- Serraj en qui il voit un rival insupportable, tourne à la déconfiture, lui qui évoquait alors « une promenade de quelques jours » tant il était convaincu qu’il allait écraser en un tour de main les milices que son armée trouverait sur la route.
C’était bien mal connaître son sujet et faire peu de cas du fait que ces mêmes milices de Misrata ont mené une guerre sans merci contre les terroristes de Daesh qui occupaient la ville de Syrte depuis 2014. Plus de deux mois après, il se découvre non seulement confronté à une opposition déterminée mais, de plus, le voilà de jour en jour acculé dans ses ultimes retranchements au point que ses officiers, démoralisés puis pris de panique, n’hésitent plus à bombarder sauvagement un centre de réfugiés et ce au mépris des lois internationales. Les condamnations unanimes de cette nouvelle forfaiture font du général à la retraite Khalifa Haftar un sombre idiot et l’auteur sinistre de « crimes horribles » dont la principale motivation est son insatiable appétit de pouvoir. Rappelons que l’agression entamée début avril contre le GNA, au lendemain d’une rencontre « chaleureuse » avec Fayez al- Serraj à…Abou Dhabi, a fait plus de 700 morts et 4000 blessés ainsi que près de 100.000 déplacés, selon un décompte de l’ONU…
Condamnations en série de l’attaque de Haftar
La frappe contre le centre de migrants a suscité l’indignation de plusieurs pays et ONG, condamnant un «acte horrible» dont les auteurs doivent rendre des comptes. Le président de la commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, qui a «fermement» condamné la frappe, a demandé également que soit menée une enquête indépendante pour s’assurer que les responsables du meurtre horrible de ces civils rendent des comptes», poursuit le communiqué. De son côté, le ministre italien des Affaires étrangères, Enzo Moavero, a fait part de sa «consternation». «Cette nouvelle tragédie montre l’impact atroce de la guerre sur la population civile», a-t-il déclaré dans un communiqué assorti d’une condamnation. Pour sa part, le bureau du Haut Commissariat des Nations unies pour les (HCR) s’est dit «extrêmement préoccupé» par des informations sur des frappes aériennes contre le centre de détention de Tajoura, et «sur la mort de réfugiés et de migrants». La mission d’appui de l’ONU en Libye (Manul) a maintes fois exprimé son inquiétude sur le sort d’environ 3500 migrants et réfugiés «en danger dans des centres de détention situés près de zones d’affrontements». L’Union européenne a condamné elle aussi «l’horrible attaque» et s’associe à l’appel lancé à l’ONU pour une enquête immédiate sur les auteurs de cet horrible attentat».
Chaabane BENSACI