Près de huit ans après une guerre dévastatrice, la Syrie doit panser ses plaies béantes et réunir les conditions indispensables à sa reconstruction.
Avec l’entrée en lice des puissances occidentales dans le conflit syrien, en 2011, le président Bachar al-Assad était devenu à son corps défendant une cible privilégiée des états-majors et des officines, tant des diplomaties occidentales que des groupes extrémistes soutenus par certaines parties régionales. Voué aux gémonies, il se trouvait alors sous la menace d’une condamnation urbi et orbi pour de prétendus «crimes de guerre», alors que les villes syriennes bombardées sans relâche subissaient le sort de Dresde au temps de la seconde guerre mondiale.
Au plus fort de la tourmente, l’homme a démontré qu’il sait tenir le cap et n’a cure des rodomontades de chancelleries plus obsédées par l’appât de l’or noir que par les exigences, toutes relatives, des droits de l’homme. Ni les commentaires invraisemblables d’un dirigeant du Quai d’Orsay, il est vrai très proche d’Israël ni les tentatives d’intimidations d’autres dirigeants de la région moyen-orientale n’ont réussi à l’ébranler et encore moins à le faire renoncer alors que nombreux étaient ceux qui «exigeaient son départ», notamment dans les rounds de «pourparlers» organisés à Genève par l’émissaire onusien Staffan de Mistura avec les représentants des groupes extrémistes rebelles.
Près de huit ans après une guerre dévastatrice, la Syrie doit panser ses plaies béantes et réunir les conditions indispensables à sa reconstruction. Pour le président syrien, plus que jamais en phase de retour en grâce dans la région, au point d’exacerber la hantise et la colère de l’Etat hébreu qui aura tout fait pour son anéantissement, il n’y a plus d’obstacle à sa réintégration au sein de la Ligue arabe dont il avait été injustement expulsé. Baghdad tente la réconciliation avec le Qatar, Le Caire affiche sa disponibilité et des tractations ont lieu pour une présence syrienne au sommet économique de Beyrouth que la Ligue arabe organise les 19 et 20 janvier 2019, trois mois à peine avant son prochain sommet. Les premiers signes sont là, édifiants, avec le retour des Emirats arabes unis, dont l’ambassade a été rouverte jeudi dernier et d’autres pays du Golfe soucieux de voir Damas «réfréner les ambitions de l’Iran et de la Turquie» dans la région. Chacun lorgne vers les investissements que requiert la reconstruction du pays évaluée à plus de 400 milliards de dollars. La guerre s’était complexifiée avec l’implication de puissances étrangères et régionales, ainsi que d’une multitude de groupes terroristes dont celui d’al Qaïda (Al Nosra) et le bilan suffit à en indiquer la dramaturgie: plus de 360 000 morts,
5 millions de réfugiés et un effritement du socle national syrien. Qui plus est, en 2012, le président américain Barack Obama affirmait à qui voulait l’entendre que «les jours d’Assad sont comptés» tandis que ses alliés occidentaux et arabes se frottaient les mains en rivalisant de charme auprès des groupes extrémistes censés incarner l’opposition.
Dès l’entrée en lice de la Russie, en octobre 2015, les forces armées syriennes sont reparties à la conquête des territoires perdus, aussi bien au profit de Daesh, que des groupes comme Al Nosra, baptisée selon les étapes, Fateh al Cham et autres. Moments ultimes comme lors de la bataille de la Ghouta, non loin de Damas, à Alep, Homs, Deir Ezzor ou Idlib, le chemin a été long mais sans cesse victorieux, de sorte qu’il n’y a aucun doute pour que l’Armée arabe syrienne parvienne à libérer le dernier tiers du territoire encore sous domination extrémiste et/ou étrangère, surtout que la population kurde et les FDS-YPG engagés aux côtés des Etats-Unis contre Daesh viennent d’appeler le gouvernement syrien à leur secours pour parer à une intervention militaire turque imminente.
Ceux qui ont été surpris par la décision, le 19 décembre dernier, du président Donald Trump de retirer les 2000 soldats encore présents au nord-est de la Syrie, en particulier ses principaux alliés occidentaux, n’ont pas encore compris que la donne a changé du tout au tout et que la Maison-Blanche n’a fait qu’anticiper les évènements. En témoigne le déploiement, depuis quarante-huit heures, de l’armée syrienne à Manbij. C’est la preuve que le président Bachar al Assad est en passe de restaurer pleinement son pouvoir aussi bien sur le plan militaire que diplomatique, sans même avoir à reprendre par la force une région pétrolière de la plus haute importance pour la Syrie, dés lors qu’il y est appelé, avec supplique, par toute la population kurde.