La pièce de théâtre « El Mizbala El Fadila » (L’idéale décharge), une mise en garde contre les dangers et les risques d’une société délabrée et sans repères, faute d’absence de projet susceptible de définir clairement ses choix fondamentaux et ses perspectives pour l’avenir, a été présentée samedi au Théâtre El Moudja de Mostaganem dans le cadre du 48e FNTA.
Mis en scène par Rabie Guichi sur un texte qu’il a lui-même adapté d’une oeuvre éponyme de Abbes El Hayek et auquel il a ajouté quelques textes poétiques dont des extraits d’Ahmed Matar, le spectacle s’inscrit dans le genre expérimental avec une pointe de réalisme et repose essentiellement sur le jeu intensif des comédiens. Sur une scène nue, la scénographie se suffisant uniquement à un casier métallique à tiroirs administratifs, les sept comédiens se sont surpassés dans un jeu plein occupant tous les espaces de la scène dans des échanges soutenus et un rythme régulier, faisant des casiers et du corps de l’armoire des accessoires polysémiques.
Devant un public recueilli, sept existences, venant chacune d’un univers différent se rencontrent dans un lieu commun auquel ils tenteront de donner vie. Chacun y allant de son argumentaire pour assoir les fondements de la nouvelle société selon sa vision, la mésentente totale et l’anarchie générale étaient inévitables, ce qui a généré des affrontements et des conflits dans des situations parfois ubuesques.
Faisant référence par moments à des oeuvres classiques, le metteur en scène a tenté de justifier son choix du registre expérimental qui exige que le travail démarre d’une ou plusieurs œuvres appartenant au genre universel. Utilisant le langage du corps et de la gestuelle, se jouant des intonations vocales et faisant adopter toutes les postures possibles, le metteur en scène a réussi son pari de diriger remarquablement ses comédiens à partir de rien.
L’incohérence voulue par le concepteur du spectacle des corpus propres à chaque comédien, aidera à situer l’espace de ce rendu dans un asile psychiatrique que les spectateurs ne saisiront qu’à l’issue de la prestation lorsque les sept personnages par leur médecin, leur ordonnant d’enfiler leurs camisoles de force.
D’une durée d’une heure, « El Mizbala El Fadila », produite par l’Association « El Amel » de Bordj Bou Arreridj, a été marquée par une vision complexe mais bien ordonnée de la mise en scène dans laquelle Rabie Guichi s’est investi dans un vrai défi créatif.Dix-sept troupes théâtrales sont au programme du 48ème Festival national du théâtre amateur de Mostaganem qui se poursuit jusqu’au 2 septembre prochain, avec en marge de la compétition des spectacles en « Off », des ateliers de formation et des conférences scientifiques .