Sans préavis ni tapage médiatique, le gouvernement décide d’instaurer un « salaire » ou une « allocation » pour les chômeurs dont l’âge oscille entre 18 ans et 40 ans.
La décision est entrée en vigueur, pour ceux qui l’ignorent, le 5 octobre dernier.
Les citoyens ont eu écho de cette mesure à travers la presse, laquelle s’est référée au Journal Officiel qui a publié, dans son dernier numéro, le décret n°09-305 relatif au dispositif d’activité sociale.
Le texte de loi ne le dit pas clairement, mais les jeunes postulants auront un poste d’emploi que le gouvernement tâchera de créer.
Ce dispositif concerne les domaines d’activités dans le cadre des travaux d’utilité publique et sociale, comme la protection de l’environnement, l’agriculture, le tourisme, les services, l’artisanat, l’accompagnement des personnes âgées, l’aide à domicile des personnes handicapées, etc.
Les bénéficiaires du dispositif sont engagés sur la base d’un contrat d’une année renouvelable une seule fois.
Ils perçoivent une indemnité de 6 000 dinars par mois. Ils peuvent en outre, bénéficier d’une formation compatible avec les tâches qui leur sont confiées.
Toutes les personnes insérées dans le dispositif bénéficient des prestations d’assurance sociale en matière de maladie, de maternité, d’accident du travail.
Les dossiers des postulants seront étudiés par la commission de wilaya. Une fois admises, les personnes insérées dans le dispositif seront placées auprès des collectivités locales, des administrations publiques, des entreprises publiques ou privées et des entreprises et institutions intervenant dans l’artisanat ou dans des associations ou coopératives agricoles.
L’insertion des jeunes sans revenus et en situation de précarité, la valorisation d’action pour le développement local et la lutte contre la pauvreté et la marginalisation sont les objectifs assignés à ce projet.
Des objectifs qui rappellent ceux déjà attribués aux autres formules qui ne sont en réalité pas très différentes de celle prévue par le décret 09-305.
En effet, le gouvernement a « inventé » une panoplie de formules d’emploi dans le cadre du filet social dont les bénéficiaires reçoivent une indemnité mensuelle de 3 000 DA pour activités d’intérêt général (Iaig).
Ces dispositifs mis en place pour contribuer à la résorption du chômage ont prouvé leur inefficacité.
Avec le temps, l’Exécutif a essayé d’améliorer ce dispositif. Les programmes tels que CPE, Esil et Tup Himo, ont désormais changé de nom et de direction.
Gérés dorénavant par la DAS (Direction de l’action sociale) sous différentes appellations, ils ont pris la dimension de primes.
Ainsi, l’ex-CPE est devenu PID (prime d’insertion des diplômés), l’Esil converti en Pais (prime de l’action d’insertion sociale) et le Tup Himo en ABC (action des besoins collectifs) devenus PID.
Qu’ont-elles apporté ces mesures pour les chômeurs algériens ? Pas grand-chose, sinon rien, notent les observateurs.
Que faire de 3 000 DA ou même de 6 000 DA alors que les prix des aliments de base flambent d’une manière vertigineuse ?
L’on évitera d’évoquer le cas des pères de famille. Ces emplois précaires et temporaires seront-ils inclus dans le programme de 3 millions d’emplois prévus dans le plan quinquennal du gouvernement ?
Est-ce à cela que faisait allusion le Président dans son programme électoral ? Certainement pas.
Le gouvernement fera face à un autre problème : qui est chômeur ?
Jusqu’à ce jour le gouvernement peine à établir un fichier national des chômeurs.
Encore une fois, l’on fera face à des intrus qui tenteront de profiter des défaillances du système de l’emploi.
Selon les observateurs, le recours à des emplois précaires témoigne de la grande incapacité du gouvernement à relever le défi du chômage en Algérie.
Ce qui l’a amené à multiplier des formules identiques.
ACHIRA MAMMERI