Le Marché du film est une des institutions sur lesquelles repose, en grande partie, la réputation du plus grand rendez-vous mondial du cinéma.
Plus de… 1800 films ont été visionnés par les sélectionneurs sous la houlette du décideur en chef, Thierry Frémaux… Et il en ressort, selon le baromètre le moins fiable, en place de la Croisette, que la guerre sera le théâtre essentiel des histoires proposées cette année aux festivaliers qui ont commencé à débarquer sur la Côte d’Azur, en groupes de plus en plus compacts, le gros des «envahisseurs» (aux yeux des «indigènes» cannois) arrivera avec le week-end qui s’annonce ensoleillé.
C’est important aussi de donner des nouvelles du temps, car la pluie est le phénomène le plus redouté par les professionnels: l’année dernière il a plu des temps de «chiens et de chats» comme diraient les Anglais («It’s raining cats and dogs»), que le Marché du film a fermé ses portes plus tôt que prévu…
Et le Marché du film est une des institutions sur lesquelles repose, en grande partie, la réputation du plus grand rendez-vous mondial du cinéma. C’est si important que, faute de professionnalisation, la plupart des pays arabes (et africains) qui y tenaient boutique ont fini par jeter la clé à la mer, se contentant d’une présence étatique au niveau du «Village international»… Hormis l’Egypte, l’Iran (Fondation Farhabi), le reste des participants au marché sont des professionnels rompus aux techniques de la vente et des acquisitions.
D’ailleurs, le turnover est très important, car chaque année, les délégués au Marché de Cannes, sont jugés par leurs employeurs, au vu des résultats. «Notre devenir est tributaire du rapport de mission que l’on doit remettre, une fois de retour au pays», confiait, un jour, le responsable d’un stand égyptien, qui a fini par disparaître au vu du bilan, nul, enregistré…Il est vrai que chaque année, et en 2014, encore plus, nous avons observé un changement de plus en plus notable.
Pour cette édition, par exemple «plus de 80% des professionnels concernés, par le Marché du film, ont reçu par mails la presque totalité des propositions de vente ou d’achats de la part de films, sur la base d’oeuvres finies ou de scripts développés», confiait un vieux loup du festival… Dès le mois de mars les projections du Marché sont presque «full» et les intéressés n’ont qu’à planifier pour y venir faire leurs» courses»… Car c’est là que Les trois-quarts des films produits dans le monde sont vendus sur toute la planète…
«On n’y vient pas pour y faire de la figuration», c’est presque le slogan, en vogue ici. Mais à Cannes on vient aussi pour faire sa cure de films (d’autres parleraient d’indigestion.) et il y en a pour tous les goûts, mais la saveur, n’est pas forcément garantie, pour tous les palais… Comme au resto, sur la carte, les plats s’annoncent, toujours, pour la plupart alléchants, mais, en réalité, c’est devant son assiette que le festivalier commence à se faire sa propre idée…
Cette année le menu sentirait la poudre, celle dont on a fait la boucherie de 1914-1918, dont on commémore le centenaire, en 2014… Mais visiblement, cette même poudre qui a fait les massacres de Sétif, en 1945, et ensuite celle de la guerre de 1954, n’a pas eu l’heur de satisfaire aux humeurs des sélectionneurs et c’est pourquoi que la «planète cannoise» ne verra pas Le Crépuscule des Ombres, le dernier film de Mohamed Lakhdar-Hamina, l’homme qui révéla la guerre d’Algérie au public cannois, des décennies durant… Alors, à Venise peut-être? En attendant, place aux paillettes (et à la soupe à la grimace) qui vont accompagner le film d’ouverture Grace de Monaco du Français Olivier Dahan.
La famille Grimaldi qui règne sur le Rocher monégasque, gardienne du temple familial depuis le décès des parents, Rainier et Grace, ont d’ores et déjà rejeté l’oeuvre, au détail près, ce qui est en soi une des meilleures façons de lancer ce film…