A la veille de la commémoration du 8-Mai 1945, l’association portant le nom de l’événement, accuse et soupçonne une volonté de blocage de cette loi. La polémique frôle la crise.
Les dossiers en suspens s’accumulent entre Alger et Paris, les sujets de discorde aussi. En Algérie, on tente de rattraper le temps perdu après plusieurs années d’indépendance du pays, alors qu’en France on essaye de gagner du temps en charriant les débats sur de fausses pistes.
Des déclarations de hauts responsables ont été faites de part et d’autre, mais toutes ont fini par envenimer davantage les relations déjà tendues. Mais point de réponse à la question posée. Faut-il que la France demande pardon pour les crimes commis durant la période allant de 1830 à 1962 ? Des personnalités historiques et animateurs de la société civile se sont montrés intraitables à ce sujet, et ce, malgré la tergiversation qu’on prête au gouvernement.
En fait, plus de deux mois après le dépôt au niveau du gouvernement de la loi incriminant le colonialisme français, initiée et soutenue par plus de 120 députés, aucune réponse n’infirme ni ne confirme la position officielle quant à ce projet de loi.
La balle est dorénavant dans le camp de l’APN, mais là aussi toutes les formations qui y siègent ne partagent pas la même vision. A la veille de la commémoration du 8-Mai 1945, l’association portant le nom de l’événement, accuse et soupçonne une volonté de blocage de cette loi.
La polémique frôle la crise. De plus en plus de voix s’élèvent et font de cette question une condition sine qua non pour tou retour à la normale avec l’Hexagone.
De l’autre rive de la Méditerranée, on tarde à afficher toute volonté de se plier aux exigences algériennes. 65 ans après le massacre de 45 000 Algériens à Sétif, Guelma, Kherrata etc. un certain 8-Mai 1945 et près de 48 ans depuis le recouvrement de l’indépendance, l’Algérie et la France continuent à se regarder en chiens de faïence. Beaucoup de non-dits subsistent encore. Pour la première fois, tous, ou presque tous les sujets de discorde ont été remis sur la table.
A l’inconditionnel pardon de la France, Alger exige également la reconnaissance, l’indemnisation et le recouvrement de ses archives. Comme il fallait s’y attendre, Paris n’est pas resté les bras croisés. Bernard Kouchner déclarait dernièrement que l’amélioration des relations entre l’Algérie et la France est tributaire du départ de la génération de la révolution.
Ce qui a été considéré comme une aberration de plus de la part du chef de la diplomatie française. Avant cela, Paris a décidé de soumettre les ressortissants algériens à des mesures de contrôle spéciales au niveau de ses aéroports, une décision qui a fait réagir les hautes autorités du pays qui ont menacé d’appliquer la réciprocité.
Aussi, la carte de l’assassinat de Ali Mecili et la détention du diplomate Mohamed Ziane Hasseni, a été sortie des tiroirs de la justice française. Décidément, tous les coups sont permis et des lignes rouges ont été dépassées. Sur le plan diplomatique, Alger convoque à deux reprises l’ambassadeur français.
La visite officielle du président de la République, Abdelaziz Bouteflika en France risque de ne jamais avoir lieu. Idem pour celle de Bernard Kouchner reportée sine die, faute d’un feu vert d’Alger. En 2010, on continue de reprocher aux responsables français la persistance de leur «mentalité de colonisateurs envers l’Algérie».
D’ailleurs, Sarkozy et son administration voient d’un mauvais œil la réaction, plutôt offensive, de leur ancienne colonie du Sud ; mais surtout les choix opérés sur le plan économique et la décision d’opter pour de nouveaux partenaires. Autant d’enjeux qui font peur à la France, qui, contre vents et marées, ne démord pas et campe sur sa position.
A considérer les vagues provoquées par les derniers rebondissements que connaissent les relations entre les deux pays, l’Algérie ne fera, à son tour, pas marche arrière. La France finira par céder face à sa phobie de reconnaître ses crimes et génocides.
Aomar F.