A la veille d’une journée historique, l’Algérie se prépare à observer ce samedi 8 mai sa première « Journée nationale de la mémoire » suite au décret institutionnel publié en juin par le chef d’État instituant le 8 mai « journée de commémoration en reconnaissance des immenses sacrifices consentis par le peuple algérien lors du massacre du 8 mai 1945 et lors du déclenchement de la révolution de libération le 1er novembre 1954″.
Cette date coïncide avec le 76ᵉ triste anniversaire de la répression sanglante des manifestants indépendantistes algériens par les forces armées françaises, en l’an 1945.
Cette journée printanière du 8 mai à Sétif qui débuta avec le défilé célébrant la victoire des Alliés au lendemain de la seconde guerre mondiale – guerre à laquelle le peuple algérien à être mobilisé à l’encontre de sa volonté et ou il a été victime de la double haine raciste des nazis et du colon, où il a été traité comme de la chaire à pâté. À une époque où, quand ces sous-soldats ne tombaient pas sous les balles, mourraient des mauvais traitements infligés dans les camps de fortunes ou ils étaient parqués tel du bétail après avoir été isolés de leurs camarades métropolitains – se mua en une manifestation en la faveur d’une Algérie libre et indépendante et tourna au massacre, déclenchant ainsi des émeutes suivies d’une répression sanguinolente qui menèrent plus tard au déclenchement de la guerre d’Algérie. La violence inouïe de cette journée qui fit des milliers de morts marque indélébilement la mémoire collective algérienne et ce un siècle plus tard.
Selon un communiqué du ministère des Moudjahidines, une marche sera organisée dans les rues de Sétif et sera similaire à la marche historique. La procession commémorative se dirigera vers la stèle érigée à la mémoire du jeune Bouzid Sâal, abattu par un policier français après avoir refusé de baisser le drapeau algérien.
France : Reconnaissance d’un crime contre l’humanité
A cette occasion, le gouvernement algérien presse pour la énième fois Emmanuel Macron à reconnaître la barbarie ainsi que la responsabilité de l’État Français dans ces crimes de guerre considérés comme étant des crimes contre l’humanité.
Bien que le président français ait admis la culpabilité du général Massu, à la suite du rapport présenté par l’historien Benjamin Stora, dans d’innombrables affaires de torture et d’exécutions sommaires dont l’assassinat d’Ali Boumenjel, maquillé en suicide par le tout aussi coupable général Aussaresses, ces aveux sont loin d’être suffisants et ne représente qu’une partie infime de la vastitude de l’horreur causée par le colonialisme et par l’armée française.
L’Algérie exige donc de la France une déclassification des archives, ainsi que la reconnaissance totale et complète des raids, des disparitions, et des exécutions aléatoires commises, pour, un jour, espérer une réconciliation sincère entre les deux pays.
L’historien et politologue français, Olivier Le Cour Grandmaison, a exhorté le président français à reconnaître «clairement et franchement» les crimes commis par la France coloniale le 8 mai 1945 en Algérie comme «crimes de guerre et contre l’humanité».
«Le président de la République française, qui se dit prêt à travailler sur la réconciliation des deux mémoires, aura l’occasion, à l’avenir, à l’occasion de la commémoration des massacres du 8 mai 1945 en Algérie, de rendre ses actions conformes à ses paroles », a également déclaré l’historien, dans une interview donnée à l’APS.
Ce dernier a ajouté que « La justice l’exige, tout comme les descendants des victimes et les enfants issus de la migration coloniale postcoloniale, qu’ils soient français ou algériens, qui attendent depuis longtemps, et l’exigent sans être écoutés « .
Il a également souligné que si la réconciliation des deux mémoires entre l’Algérie et la France est compromise, après 76 ans de ces événements douloureux, « la première responsabilité de cette situation incombe avant tout aux différents chefs d’Etat Français, et maintenant au président Emmanuel Macron ».
À noter que lors des élections présidentielles françaises de 2017, le candidat Emmanuel Macron a affirmé que s’il était élu à l’issue du 2e tour de l’élection présidentielle, il prendrait « des actes forts » et porterait « des discours forts sur cette période de notre histoire » au sujet de la reconnaissance des massacres de l’Est algérien du 8 mai 1945.