La célébration de la Journée mondiale de l’environnement a été marquée à Tizi Ouzou par l’organisation de plusieurs festivités, initiées notamment par la direction de l’environnement, la conservation des forêts ainsi que par des associations activant dans le domaine.
Toutes les manifestations ont eu pour principal objectif la sensibilisation des citoyens sur la protection de l’environnement qui en a pris un coup au cours de ces dernières années au niveau de la wilaya, à cause de la prolifération des décharges sauvages.
Cependant, les expositions et les conférences organisées par la direction de l’environnement, au niveau de la maison de la culture Mouloud Mammeri, montrent que le problème est beaucoup plus sérieux que l’on pensait. La problématique ne réside pas uniquement dans la prise en charge des ordures ménagères générées par les foyers, mais plutôt dans celui des déchets toxiques stockés au niveau de nos entreprises.
C’est le cas au niveau de l’entreprise nationale des industries de l’électroménagers (ENIEM) de Oued Aïssi, confrontée aujourd’hui à un véritable casse-tête dans le domaine environnemental, à savoir l’élimination des déchets dangereux stockés en son sein mais aussi des boues cyanurées et résiduaires relevant de l’ancien mode de fonctionnement des années 1970.
La quantité est immense, puisque le directeur de la qualité et de l’environnement, Hafis mahieddine, rencontré au stand d’exposition de l’entreprise à la maison de la culture, a donné le chiffre de 80 tonnes de déchets cyanurés ou solutions contenant des cyanures, stockés depuis plus de 30 ans à l’ENIEM, et pour lesquels on peine à trouver une solution. Selon notre interlocuteur, le problème devait être pris en charge par le ministère de l’Environnement qui a engagé une entreprise française spécialisée, censée éliminer les déchets en question.
A ce jour, rien ne semble avoir été fait concernant ce dossier. Le stock de l’ENIEM contient également 92 080 kg de boues de peinture liquide, actuellement remplacée par la peinture en poudre, 520 462 kg de boues résiduaires industrielles, 125 kg de produits chimiques, 11 transformateurs fonctionnant à l’huile PCB (polio-chloro- béphényle) retirés de la production, ainsi que d’autres déchets toxiques dormant dans un hangar.
M. Hafis a expliqué que le ministère de tutelle avait inscrit un centre d’enfouissement technique destiné à l’élimination des déchets spéciaux dangereux au niveau de Bir El-Atter, à Tébessa. A ce jour, ce CET n’existe toujours pas et les déchets s’accumulent de plus en plus à l’intérieur de nos entreprises.
Une situation qui n’a pas découragé les responsables de l’ENIEM, lesquels se sont inscrits dans une dynamique visant à mettre en place tous les moyens possibles pour protéger un tant soit peu l’environnement. Ainsi, et après l’élimination du CFC (chloro-fluro- carbone) en 1997, l’unité a mis en place, en 2008, un système de management environnemental certifié ISO 14001. Une convention a été signée avec le ministère de tutelle, lequel avait engagé un bureau d’étude allemand (GTZ) pour accompagner huit entreprises pilotes dans ce domaine, dont l’ENIEM.
Et c’est dans cette logique qu’il y a eu l’identification de tous les aspects ayant un effet sur l’environnement et qu’un programme a été mis en place pour diminuer la pollution occasionnée par l’activité industrielle, touchant notamment à l’eau, air, sol, bruit, huiles et énergie. Concernant la pollution des eaux, et à titre d’exemple, l’ENIEM s’est dotée d’une station d’épuration.
A cela s’ajoute la réduction de la consommation de l’eau, qui est passée de 323 777 m3, en 2010, à 308 409 m3, en 2011. Il y a eu, par ailleurs, la dotation de points de rejets atmosphériques d’un dispositif de réduction de la pollution. Un système similaire a concerné les rejets des chaudières et des fours de cuisson.
En outre, les chariots élévateurs à gaz-oil sont remplacés progressivement par des chariots électriques. On notera également la dotation de l’entreprise d’un réchaud à gaz naturel qui protège l’environnement avec son système d’arrêt automatique en cas de refoulement de monoxyde de carbone et sa non-évacuation vers l’extérieur.
Des efforts non négligeables dans le domaine de la protection de l’environnement mais qui nécessitent une volonté politique et un accompagnement de qualité, dans la mesure où les déchets dangereux et toxiques sont toujours là, pesant sur cet environnement qui nous interpelle.
A. Drifa