86% des enfants algériens ont subi, au moins une fois, une forme de punition physique ou psychologique entre 2012 et 2013, selon une enquête à indicateurs multiples (MICS 4) sur la situation des femmes et des enfants en Algérie, réalisée par le Ministère de la Santé en collaboration avec l’Unicef. 23% de ces enfants ont subi des punitions physiques « sévères ».
La « punition » fait partie de « l’éducation » des enfants algériens même si ces derniers sont bien entourés dans la « famille » comme le précisait une étude. Menée auprès de 28.000 ménages, dont 33.828 enfants âgés de 2 à 14 ans, l’étude a révélé que les punitions psychologiques constituent la méthode correctionnelle « préférée » des parents.
81% des enfants ont ainsi subi une punition psychologique. Mais la « correction » physique n’est pas en reste. 71% d’entre de ces enfants ont fait l’objet d’une une punition physique, « mineure », précise le rapport.
Quant à la proportion des enfants qui ont reçu des « punitions » physiques sévères est de 23% de l’ensemble des enfants interrogés, ou concernés. Seulement 9% d’entre eux ont reçu des disciplines non violentes, selon le MICS 4. Les garçons sont légèrement plus touchés par ce phénomène que les filles. 88% des garçons ont ainsi subi des « punitions » psychologiques et physiques, contre 85% chez les filles.
L’enquête montre aussi que les enfants les plus exposés à ces formes de violence sont dans la tranche d’âge de 5 à 9 ans (89%). Le Sud (90%) et le Nord Centre (91%) de l’Algérie ont enregistré les taux les plus élevés des punitions par rapport aux autres régions.
« Dans cette enquête, il a été posé aux mères/gardiennes d’enfants âgés de 2-14 ans une série de questions relatives aux façons dont les parents ont tendance à discipliner leurs enfants lorsqu’ils se conduisent mal », explique le rapport MICS 4.
Deux indicateurs sont utilisés pour décrire les aspects relatifs à la discipline des enfants, explique le ministère de la Santé: le nombre d’enfants de 2-14 ans qui expérimentent une agression psychologique comme punition ou une punition physique, et le nombre de répondants qui croient qu’afin d’éduquer les enfants de façon appropriée, ils ont besoin d’être punis physiquement.
Le même document explique que la punition non violente consiste « à retirer les privilèges à l’enfant, lui expliquer pourquoi sa conduite a été mauvaise ou lui donner quelque chose d’autre à faire ».
Quant à la punition physique sévère, il s’agit, selon cette étude, du « fait de frapper l’enfant sur le visage ou à la tête ou de le frapper avec un instrument dur ».
Plus de 6.000 actes de violence en 2014
Pour rappel, plus de 6.000 actes de violence ont été commis à l’encontre des enfants durant l’année 2014 en Algérie. 3.533 cas sont liés à des maltraitances physiques, dont 1.663 des sévices sexuels.
1.700 autres cas ont été constatés en 2015, dont 517 pour des motifs sexuels, selon Kheira Messaoudène, commissaire divisionnaire et chef du bureau de protection de l’enfance à la Direction générale de la Sûreté Nationale (DGSN), dans un entretien à la rédaction de la Chaîne III de la Radio Algérienne.
Quelque 195 cas de disparition d’enfants ont, par ailleurs, été signalés en 2014. En 2015, la Sûreté nationale a recensé 195 cas de tentatives ou d’agressions sexuelles, a rajouté Mme. Messaoudène.
Si les « punitions » dénombrées par le MICS sont surtout l’oeuvre des parents, il est nécessaire d’intensifier la lutte pour la protection des enfants en Algérie, où il « beaucoup reste à faire ».
Mme. Messaoudène a d’ailleurs évoqué dans son entretien la difficulté à détecter des cas de violences sexuelles se produisant en milieu familial.
6% des enfants travaillent
Dans la révélé que 92% des enfants âgés de 5 à 14 ans fréquentent l’école. Seulement 6% sont impliqués dans des activités de travail.
Cette proportion atteint 7 chez les garçons contre 6% chez les filles. Par âge, elle atteint 9% parmi ceux âgés de 5-11 ans contre 1% parmi ceux âgés de 12-14 ans, explique le MICS.
La proportion de 6% à l’échelle nationale, atteint 7% dans le Sud et 8% au Nord Centre.
Elle dépasse aussi le niveau national de presque deux points parmi les enfants des ménages les plus pauvres (8%) alors qu’elle enregistre deux points de moins que la moyenne nationale parmi les enfants des ménages les plus riches (4%).
Par contre, sur les 6% d’enfants qui sont impliqués dans le travail des enfants, la majorité d’entre eux vont également à l’école avec 94% d’enfants travailleurs qui fréquentent l’école.
Le MICS 4 produit des statistiques précises sur la situation des enfants, des femmes et des ménages au niveau national, selon les milieux de résidence urbain et rural, par espace de programmation territoriale, et selon les caractéristiques socio-démographiques et socio-économiques des membres des ménages, dans différents domaines relatifs à la santé, à l’éducation, à la protection, au VIH/SIDA et aux conditions de vie de la population.
En Algérie, l’enquête MICS4 a ciblé un échantillon de 28000 ménages répartis selon les sept espaces de programmation territoriale et fournit ainsi des statistiques représentatives de la population algérienne au niveau national et au niveau de ces territoires.