Au neuvième vendredi du Hirak, les rues des chefs-lieux de wilayas, voire toutes les places publiques des grandes villes, ne désemplissent pas. De plus en plus engagée, la population marche avec détermination, et dans une ambiance de liesses populaires, afin de faire entendre sa voix pour un changement radical du système en place.
La contestation populaire pacifique contre le régime politique en Algérie se poursuit sous une nouvelle démonstration pour déloger le système en place. Elle est marquée par des marches et des rassemblements à travers le territoire national de plus en plus imposants contre, d’une part, toute forme de dérive répressive et contre la démarche consultative du chef de l’Etat intérimaire qui veut réunir les acteurs politiques pour l’examen d’une issue consensuelle à la crise politique que traverse le pays.
Unis dans le fond et la forme, les fondamentaux slogans scandés de bout en bout du pays sont les mêmes à l’instar de » Système dégage ! « , » Abat les 3 B ! « , » Djeich-chaâb khaoua khaoua ! » ou encore » Unis pour le meilleur et pour l’avenir ! » et » Pour un Etat de droit » auxquels il faut ajouter des pancartes et banderoles où l’on peut lire des réflexions dont les messages convergent dans le même sens des principaux slogans exigeant le départ de toutes les figures du régime. Dans le centre du pays, des milliers de citoyens ont participé à des marches pacifiques imposantes pour demander un « changement radical du système » et le « départ de tous ses représentants ». Les manifestants ont sillonné les artères principales des villes de leurs wilayas respectives, en brandissant fièrement l’emblème national, pour réitérer leur demande de « départ de toutes les figures qui représentent le système et le refus de son recyclage », « la réforme et l’indépendance de la justice et une équité sociale ».
Des dizaines d’anciens éléments de la garde communale et du corps d’autodéfense de la wilaya de Médéa ont appelé l’Armée nationale populaire (ANP) à être aux côtés du peuple contre « les forces anticonstitutionnelles qui tentent de se maintenir dans le système ».
La marche de ce 9ème vendredi qui a coïncidé avec la célébration du double anniversaire du printemps berbère (20 avril 1980) a été marquée, dans les wilayas de Tizi-Ouzou et de Béjaïa, par un hommage à tous les militants de la cause identitaire et à la mémoire des martyrs du printemps noir à qui une minute de silence a été dédiée par les manifestants. Les chansons du chantre de l’amazighité et de la démocratie Matoub Lounes, dont la veuve Nadia a participé à la marche de Béjaîa, résonnaient dans ces deux villes diffusées par des magasins et des véhicules. « Pour une Algérie réconciliée avec son histoire et son identité », « Oulach Smah Oulach » et « pouvoir assassin », ont fusé lors de cette marche avec les traditionnels slogans portés par le mouvement populaire depuis le 22 février dernier, dont « système dégage » et pour « l’instauration d’une République démocratique et plurielle ».
Les citoyens des wilayas dans l’est du pays étaient au rendez-vous et les marches populaires et pacifiques ont été reconduites pour réaffirmer l’attachement aux premières revendications : « le changement radical, le départ des figures apparentées au système et une transition réelle et démocratique ».
Les petits groupes de citoyens qui ont commencé à converger vers les centres des villes de leurs wilayas se sont transformés en véritable marée humaine, juste après la prière de vendredi et ont arpenté les artères principales, revendiquant « le respect de la volonté du peuple ».
Les manifestants, dont des femmes présentes en force, ont appelé, à partir de leurs wilayas respectives, les magistrats à prendre leurs responsabilités brandissant des banderoles sur lesquelles est écrit : « La nourid wakafat, inama fath milafat » (Le peuple ne veut pas de mouvement de protestation des magistrats, mais attend d’eux qu’ils ouvrent les dossiers de la corruption), tout en signifiant leur rejet de l’initiative de la conférence nationale lancée par le chef de l’Etat par intérim, scandant : » Non au recyclage », ou encore le départ des 3B (Abdelkader Bensalah, Noureddine Bedoui et Mouad Bouchareb) et dénonçant la désignation d’un nouveau président du conseil Constitutionnel.
Des dizaines de milliers de citoyens dans l’ouest du pays ont battu le pavé pour le 9ème vendredi consécutif, sous une pluie battante, pour faire aboutir leurs principales revendications « le changement radical de tout le système », « la lutte contre la corruption » et le départ des 3B.
Juste après la prière du vendredi, les protestataires, sillonnant les principales artères des villes de leurs wilayas, ont brandi l’emblème national et d’autres banderoles sur lesquelles étaient inscrits des slogans comme « pour l’indépendance de la justice et des magistrats », « le peuple avec l’armée pour combattre les gangs » et « lutte implacable contre la corruption.
Les marches dans les différentes wilayas du pays ont été marquées par une forte prise de conscience et un haut sens de civisme de la part des manifestants qui ont œuvré à ne pas bloquer la circulation automobile. Des bénévoles ont distribué de l’eau et de la nourriture au marcheurs alors que d’autres ont procédé au nettoyage des rues à la fin des marches.
Des foules nombreuses ont marché pacifiquement au travers les principales artères des villes des différentes wilayas dans le sud du pays, pour la neuvième semaine consécutive, afin de réitérer leur appel à un changement politique profond, et au départ de l’ensemble des figures du système (dont les 3 B restants).
L’appel à « l’indépendance de la Justice », à « la lutte contre la corruption » et à « la préservation de la Nation et de l’unité nationale », ont été d’autres slogans scandés lors de ces marches par les manifestants qui se sont également prononcé contre la rencontre de concertation projetée par M. Bensalah (chef de l’Etat par intérim).
Les manifestants ont réitéré leur appel pour le respect de la volonté du peuple et le soutien de l’Armée nationale populaire, ainsi qu’au refus de toute ingérence étrangère dans les affaires intérieures du pays.
Encadrées par un dispositif de sécurité discret, déployé dans certains points névralgiques des villes pour éviter tout dérapage, les manifestations, bien que perturbées par une vague de chaleur et des soulèvements de sable, se sont déroulées dans le calme
Imad D.