A Aïn-Defla, une affaire de jalousie éclipse le rôle occulte de policiers

A Aïn-Defla, une affaire de jalousie éclipse le rôle occulte de policiers

Trois femmes ont été arrêtées à Aïn-Defla, et condamnées à de lourdes peines de prison, à la suite d’une sombre affaire de vengeance contre une enseignante. Mais le fait divers a occulté une autre affaire, autrement plus dangereuse, celle concernant la participation de policiers à ce complot. Cet aspect incriminant des agents de l’Etat a été effacé du dossier, selon des proches du dossier.

A l’origine, il s’agissait d’une banale affaire de rivalité entre femmes. Une jeune fille voulait se venger d’une rivale, une enseignante, qu’elle accusait de lui avoir ravi son fiancé.

Avec l’aide de sa soeur et d’une amie, elle a monté un stratagème pour éliminer la rivale. Dans l’autobus ramenant l’enseignante de son école, la principale accusée lui a glissé dans son sac un lot de 700 grammes de kif, après un incident qui a vu un enfant renverser un pot de yoghourt sur l’enseignante. Pendant que celle-ci nettoyait ses vêtements, l’accusée lui a glissé la drogue dans le sac.

Visiblement de mèche avec l’auteure de ce scénario, des policiers ont peu après pris d’assaut le bus, et arrêté l’enseignante. Mais celle-ci n’avait plus de drogue. Interrogée, l’enseignante a déclaré qu’elle avait effectivement trouvé quelque chose dans son sac, mais qu’elle l’avait jeté, pensant que c’est un produit de sorcellerie. Elle a indiqué le lieu où elle s’en était débarrassée. Les policiers s’y sont rendus, et ont fini par retrouver le sac de drogue.

L’enseignante a été littéralement mise au secret pendant près de trois jours, jusqu’à ce que l’affaire s’ébruite et que des doutes apparaissent chez les enquêteurs. C’était une femme sans histoire, ne répondant pas au profil de trafiquant de drogue. Et puis, comment les policiers ont-ils appris qu’elle détenait de la drogue?

L’enquête a permis de remonter toute l’histoire, jusqu’aux aveux de la sœur de la rivale. Celle-ci a tout reconnu, y compris la participation de policiers à la combine. Elle a aussi décrit comment un chauffeur de taxi a transporté la jeune femme qui a monté le guet-apens jusqu’à El-Affroun, dans la wilaya de Blida, où elle s’est procurée la drogue.

Toutefois, lors du procès, le rôle des policiers a été occulté. Des pressions de toutes sortes ont largement redéfini l’affaire. Un site internet a même parlé de trafiquant de drogue en djilbab !

Les parents de l’enseignante, eux, ne veulent pas lâcher le morceau. Ils affirment que les trois femmes, reconnues coupables et condamnées respectivement à sept, cinq et trois ans de prison, n’auraient jamais pu organiser un tel coup sans les conseils des policiers.

Pour les parents de l’enseignante, qui veulent que celle-ci soit totalement réhabilitée, seule la complicité de policiers ripoux pourrait expliquer le scénario rocambolesque mis en place.

Selon des informations recueillies sur place, l’affaire a été close en un mois, procès compris. Au lendemain du procès, deux officiers de police ont été mutés, l’un à Bou Medfaa, le second à Djendel, dans la même wilaya.

Ce sont les seuls sanctions « administratives » enregistrées, selon des proches de parents de l’enseignante. Selon eux, l’enseignant, choquée, est devenue diabétique.

Une autre affaire retentissante a eu lieu trois semaines plus tard dans la commune voisine d’El-Attaf. Une femme policière, qui vivait en couple avec un collège, a appris que ce dernier avait décidé d’épouser une autre femme. Elle lui a tiré deux balles dans le thorax, avant de retourner sa propre arme contre elle. Blessée à la tête, elle est décédée, alors que son compagnon semblait pouvoir s’en sortir.