Vêtements importés de Chine ou de Turquie, ustensiles, pièces de rechange… tout intéresse les clients tunisiens qui, faut-il le signaler, font les affaires des marchands soufis ou tébessis.
L’on assiste ces derniers mois à un véritable rush de familles tunisiennes sur les marchés des wilayas frontalières d’Oued Souf et de Tébessa. La cherté de la vie et les conditions sociales de plus en plus difficiles qui prévalent actuellement dans ce pays voisin ont contraint ses habitants à franchir la frontière Est dans le but de s’approvisionner en produits alimentaires et autres. Compte tenu de tous ces paramètres, de l’érosion du pouvoir d’achat et de la valeur plus élevée du dinar tunisien par rapport à la monnaie nationale, soit 38 dinars tunisiens pour 1 dinar algérien, les marchandises algériennes demeurent indubitablement plus accessibles aux citoyens tunisiens. Les prix pratiqués au sein de ces deux wilayas limitrophes, pour ne citer que ces deux exemples, demeurent très abordables étant donné que les produits de large consommation sont subventionnés par l’État. Ainsi, le soutien des pouvoirs publics pour cette catégorie de produits profite amplement aux Tunisiens qui ne parcourent pas une longue distance pour faire leurs emplettes. Juste une petite heure de route. Ils viennent souvent en famille avec leur véhicule. Parfois, ils “s’infiltrent” dans des soi-disant voyages touristiques organisés, mais leur objectif premier n’a rien à voir avec les visites de sites ou autres monuments et symboles, mais beaucoup plus avec les achats et les offres intéressantes que proposent les commerçants de ces deux wilayas. Vu les offres plus qu’alléchantes suggérées en Tunisie, le sens inverse de la destination touristique entre les deux pays n’est forcément pas pour demain. Le produit le plus convoité par les voisins reste le carburant. Les stations-services se trouvant dans les communes les plus proches de cette zone limitrophe sont prises d’assaut quotidiennement par les Tunisiens. De longues files de voitures immatriculées en Tunisie se forment tous les jours devant ces pompes d’essence. Il faut dire que le prix du carburant dans notre pays est insignifiant comparé à celui pratiqué en Tunisie. Après l’essence ou le mazout, le lait en poudre et/ou en sachet est le produit le plus prisé. Ce produit de base subventionné par l’État est très demandé de l’autre côté de la frontière, à la fois par les consommateurs domestiques et les fabricants des produits laitiers tels que les yaourts, les fromages. Vêtements importés de Chine ou de Turquie, ustensiles, pièces de rechange… tout intéresse les clients tunisiens qui, faut-il le dire, font les affaires des marchands soufis ou tébessis. Leur business connaît en effet un essor. Attirés par cette nouvelle donne au marché quotidien d’El-Oued, de nombreux soufis s’improvisent commerçants dans une sorte de bazar à ciel ouvert où toutes les transactions commerciales licites ou non sont permises. Mais ce n’est pas le cas des citoyens qui, eux, se confrontent régulièrement au problème des pénuries récurrentes de ces produits sur le marché et subissent par ricochet la flambée de leurs prix à cause de cette rareté. Les Tunisiens évitent, toutefois, de prendre des produits interdits aux postes frontaliers où ils sont contrôlés, à l’aller et au retour, par les agents douaniers. Outre la contrebande et son impact socioéconomique désastreux sur les citoyens et les autorités locales, un nouveau phénomène commercial s’installe durablement dans cette région frontalière. Désormais, les responsables locaux doivent s’attaquer à deux fléaux au lieu d’un seul.
B. K.ns cz