À la découverte des laboratoires et usines du n°2 mondial des smartphones et leader des équipements de télécommunications: Voyage au cœur de l’empire Huawei

À la découverte des laboratoires et usines du n°2 mondial des smartphones et leader des équipements de télécommunications: Voyage au cœur de l’empire Huawei

De notre envoyé spécial en Chine, Azedine Maktour

Elle n’en finit pas de prendre de la dimension, la position du géant chinois Huawei dans le monde, Algérie comprise. Une dimension qui, depuis plusieurs mois maintenant, lui a permis de supplanter l’américain iPhone, à la seconde place dans la hiérarchie des fabricants et distributeurs mondiaux  de smartphones, après le leader sud-coréen Samsung, tout en se plaçant comme le plus grand fabricant d’équipements de télécommunications au monde, présent dans 170 pays.

Partenaire de haute volée déjà avec plusieurs entités algériennes, en tout premier lieu Algérie Télécom et ses filiales, ainsi que des ministères névralgiques tels ceux de l’Intérieur et des Collectivités locales ou encore celui de l’Energie, Huawei devrait atteindre, cette année, une autre importante étape dans son intégration dans l’écosystème algérien, en pleine mutation, avec le lancement effectif de sa ligne de production de smartphones, une de plus, qui viendra s’ajouter aux 35 déjà en activité de par le monde avec, au total, chaque mois, deux millions de nouveaux smartphones destinés à une clientèle répartie à travers plus de 200 pays.

Des chiffres qui donnent un peu une idée sur le gigantisme de Huawei qui, il faut le souligner, s’appuie sur la vingtaine de laboratoires de recherche implantés en Chine et à travers le monde, dont les plus importants sont établis à Pékin et surtout dans cette véritable ville qu’il s’est construit en plein dans la nouvelle capitale mondiale des technologies de l’information et de la communication, la ville ultramoderne de Shenzhen qui, avec les huit autres grandes villes de la province du Guangdong, dans le delta de la rivière des Perles, dispute le statut de paradis des TIC à la Silicon Valley, à l’autre bout du monde, au sud de la baie de San Francisco.

Sécurité, recherche et développement (R&D)

Huawei c’est, comme qui dirait, une petite planète qui élague ses satellites à partir de Shenzhen d’abord, dans le delta de la rivière des Perles, puis de Pékin, la capitale de l’Empire du Milieu totalement transformée depuis une quarantaine d’années jusqu’à rattraper et même dépasser certaines capitales et grandes métropoles occidentales sur tous les plans.

Une mue qui se confond un peu avec l’histoire de Huawei, et d’autres géants locaux ainsi que d’autres incontournables de l’économie mondiale qui s’y sont établis, notamment à partir de la fin des années 1990 et du début des années 2000. Le leader des équipements destinés aux technologies de l’information et de la communication, comme on peut l’imaginer, ne s’est pas fait du jour au lendemain pour devenir une des success stories les plus marquantes de la révolution technologique qui n’en finit pas de transformer la face du monde. Le géant qu’il est aujourd’hui est né en 1987, quelques années après l’ouverture économique décidée par le régime, avec l’objectif de se faire une place dans le monde fermé des fournisseurs de solutions pour les naissantes — à l’époque — technologies de l’information et de la communication, avant de connaître le début de son apogée surtout au tout début du nouveau millénaire, notamment en mettant le cap sur la recherche et le développement (R&D) dans le domaine de la cybersécurité, antivirus et solutions les plus pointues, pour ensuite développer de nouveaux axes, aujourd’hui majeurs, dans ses activités comme la téléphonie mobile, les technologies de stockage de l’information et l’intelligence artificielle. Ainsi, du cœur de la mégalopole pékinoise, à quelques kilomètres de l’impressionnant China Business District, l’immense quartier d’affaires de la capitale chinoise, une savante reproduction de la city londonienne en plus large et de Manhattan et ses immeubles, et à l’écart de la multitude de skyscrapers, ces gratte-ciel à perte de vue plantés sur le long des infinies avenues qui n’ont rien de l’austère Pékin des plus dures années communistes, Huawei se déploie comme par enchantement à partir d’une des banlieues de la ville millénaire, en bordure de campagne, avec ses immeubles «frappés» à leur sommet de cette fleur à huit feuilles rouges, le logo de l’entreprise.

Là, dès le seuil du premier building franchi, ça respire très fort la Hitech, et quelle technologie ! En effet, c’est à partir des impressionnants laboratoires dédiés à la sécurité informatique que l’immersion dans le monde de Huawei commence.

Est-il utile de dire combien ces lieux sont sensibles, donc hautement sécurisés, et auxquels – grand privilège – la délégation composée d’une quinzaine de journalistes algériens a pu accéder pour voir «en live», entre autres prouesses technologiques dans le domaine de la sécurité des réseaux, le très précis traçage de l’origine de la multitude d’attaques quasiment simultanées dirigées contre les terminaux et centres portant le logo Huawei, en Chine comme partout ailleurs dans le monde.

La réplique s’opère pratiquement au moment où ces attaques sont déclenchées, et aussitôt se met en branle un processus qui aboutira en un temps record à la mise au point d’une solution qui annihilera l’attaque et pouvant aller jusqu’à la prévoir. Huawei détient dans son enviable escarcelle plusieurs centaines de brevets dédiés à la sécurité des réseaux, tel celui dont est équipé le très sensible Centre d’information à Pékin d’où sont interconnectées l’ensemble des institutions publiques, et d’autres solutions sorties des laboratoires de la capitale donc, de Shenzhen, la ville intelligente par excellence, et Hangzhou, l’autre pôle dédié à la recherche et le développement.

Des réalisations à la pelle qui valent à Huawei, depuis plusieurs années maintenant, une croissance qui donne le vertige, surtout à ses rivaux occidentaux, comme l’illustrent les prévisions sur le revenu global de l’année 2018 qui devrait atteindre les… 100 milliards de dollars !

Une récompense pour le deuxième plus gros distributeur de smartphones au monde et leader en innovation technologique, résultat de ses investissements en R&D qui ont atteint les 45 milliards de dollars sur les dix dernières années avec des pics comme ce fut le cas il y a deux ans, lorsqu’il a été consacré une enveloppe de plus de 13 milliards de dollars à ce département qui, il faut le savoir, s’accapare 80 000 sur les 180 000 membres du personnel de l’entreprise.

A Shenzhen, le futur c’est déjà aujourd’hui

Huawei a donc étendu son filet jusque partout dans le monde, à partir de Pékin, mais c’est à environ deux mille kilomètres au sud-est de la capitale de l’Empire du Milieu que la grandeur de l’entreprise se révèle encore un peu plus dans toute sa splendeur : la ville de Shenzhen, celle qui illustre peut-être le mieux l’histoire de Huawei parce qu’elle se confond avec ce qu’il est advenu de la région du delta de la rivière des Perles — dans la province du Guangdong— dont fait partie la métropole de Shenzhen, une partie du monde où l’on enregistre un des taux de croissance économique les plus stratosphériques. Shenzhen est une des neuf villes les plus importantes du delta de la rivière des Perles, là où tout a commencé il y a exactement 40 ans, lorsque la ville a reçu le statut de «zone économique spéciale», décrété par le président Den Xiaoping, foulant aux pieds des principes purs et durs du communisme en accordant aux potentiels investisseurs privés des terrains pour ériger des manufactures et surtout en leur octroyant la possibilité de lever des fonds. Une orientation de l’économie chinoise qui allait permettre de voir naître une floraison d’entreprises, des manufactures et quelques pionniers dans l’innovation dont Huawei, moins d’une dizaine d’années plus tard, en 1987.

Comme on peut l’imaginer, le fabricant de smartphones qui a chassé iPhone il y a quelques mois de l’enviée seconde place mondiale derrière Samsung ne s’est pas fait du jour au lendemain pour devenir une des success stories les plus marquantes de la révolution technologique qui n’en finit pas de transformer le monde.

Le géant qu’il est aujourd’hui est né avec l’objectif de se faire un nom dans le monde fermé des fournisseurs de solutions pour les technologies de l’information et de la communication, avant de connaître le début de son apogée au tout début du nouveau millénaire en mettant le cap sur la recherche et le développement (R&D) dans le domaine des technologies de sécurité, parmi lesquelles les solutions les plus pointues, pour ensuite développer plusieurs axes d’activité, dont la téléphonie mobile, et d’autres parmi lesquels deux branches aujourd’hui majeures : le stockage de l’information (le cloud) et l’intelligence artificielle. C’est surtout il y a près d’une quinzaine d’années que Shenzhen voyait la constitution d’un écosystème qui va bouleverser le monde, composé de fabricants de composants électroniques, d’incubateurs, et de laboratoires dédiés aux nouvelles technologies.

Shenzhen, quelle ville ! C’est en fait la parfaite illustration de l’histoire de ces trente dernières années de la Chine avec les technologies de l’information et de la communication.

Trois décennies en arrière, le delta de la rivière des Perles, dans cette région du Guangdong où Shenzhen tout comme plusieurs autres villes y sont rattachées, entamait son entrée dans une dimension qui n’a pas fini de prendre de l’ampleur.

Shenzhen est l’une des métropoles au cœur du plan décliné en 2008 par les autorités chinoises pour la création d’une zone urbaine, de la taille d’un pays, autour des neuf villes de la rivière des Perles, Macao et Hong Kong que l’on peut rejoindre de Shenzhen en un petit quart d’heure en TGV.

Selon un agent de l’immigration, ils sont ainsi plus d’un demi-million de personnes à voyager entre Shenzhen et Hong Kong quotidiennement et donnent une envergure ahurissante à ce qu’a subi comme transformations la région après la crise qui a emporté un tas d’usines manufacturières ayant vu le jour il y a quelques années après les largesses accordées en 1979 par le régime en classant Shenzhen «zone économique spéciale».  Une transformation qui se voit à travers tous les recoins de cette métropole, comme par exemple dans le quartier de Quianhai où le long d’immenses boulevards ont «poussé», comme des arbres ailleurs, des dizaines d’immeubles en verre où se sont installés quelques géants tels Microsoft, ZTE, DJI (le leader mondial dans la fabrication des drones miniatures) ou encore Tencent aux côtés d’une multitude de start-up et de petites entreprises toutes versant dans les nouvelles technologies et… celles du futur. Dès lors, on comprend qu’à Shenzhen et dans le delta de la rivière des Perles, le futur, on est déjà en plein dedans. Ils ne traînent pas pour s’offrir les infrastructures qui vont avec leurs ambitions, comme ce pont inauguré il y a moins de trois mois, le plus long au monde (55 km) pour relier Hong Kong, Macao et le pôle industriel de Zhuhai, en attendant celui, en construction, qui permettra de connecter Shenzhen à Zhongshan. C’est dans cet environnement que trônent les installations de Huawei, dont le siège de l’entreprise.

Le campus de Huawei : une ville dans la ville

En parallèle aux plans quinquennaux menés par les autorités du pays pour doter celui-ci d’infrastructures adéquates, Huawei s’est engagé de son côté à se donner des moyens pour son développement afin d’arriver et surtout se maintenir à une place de choix dans le monde hermétiquement fermé jusqu’à il y a quelques années par des «monstres» de la technologie issus de l’Occident. Sans trop se forcer, on comprend dès le début de cette immersion dans le monde de Huawei que l’entreprise fondée par Ren Zhengfei en 1987 doit son arrivée dans le gotha des fournisseurs de solutions en technologies de l’information et de la communication  et de la téléphonie mobile à son pari sur la recherche et le développement (R&D). Au cœur de ce département, il y a l’homme, un capital qui prend toute sa signification dès les premiers pas effectués dans les entrailles de cette ville dans la ville qu’est l’extraordinaire Campus de Huawei, au nord de Shenzhen, où s’étendent sur plus de 2 km² des répliques à couper le souffle de merveilles architecturales comme les châteaux de Heidelberg et de Versailles, des restaurants et cafétérias, dont une «copie» du Café de Flore, le tout étendu sur un cadre verdoyant «entrecoupé» de lieux conviviaux pour les plus de 30 000 étudiants ou stagiaires et leurs enseignants afin de se relaxer après des heures d’études et de travail dans ces immenses bâtiments répartis sur d’authentiques arrondissements avec des rues aux noms célèbres telles la  AG Bell Road  ou la  M. Curie Road,  pas loin du cœur du campus constitué de plus d’une centaine de salles où sont dispensés les cours par des enseignants dont nombre d’entre eux sont considérés comme les véritables héros de l’institution Huawei, leurs immenses portraits ornant des murs du campus qui abrite un centre destiné à des tests des produits, notamment de l’AI, tel cet appartement «intelligent» destiné à faciliter comme peu pourraient l’imaginer à faciliter la vie dans un futur proche. C’est une véritable ville, ce campus où ont trouvé place également des partenaires de Huawei, issus de start-up et autres laboratoires impliqués dans le développement d’applications, produits de l’imagination débordante de spécialistes en intelligence artificielle (AI), dont quelques-unes ont fait l’objet de démonstrations qui ont laissé sans voix la délégation de journalistes algériens encore plus que ce fut le cas lors de la visite à l’Exhibition Center de Pékin où, pourtant, l’on croyait avoir atteint le sommet de l’émerveillement et des… regrets. Les regrets de ne pas avoir vu l’Algérie miser, lorsque les moyens le permettaient, sur un modèle de développement en s’inspirant de ce qu’a accompli la Chine ou d’autres pays n’ayant jamais eu les moyens qui étaient les nôtres il n’y a pas longtemps.

Les ambitions de Huawei en Algérie

C’est dans les locaux du luxueux Huawei Executive Briefing Center qu’une conférence de presse a été animée par M. Alexandre Tian Jia, le maître de cérémonie et directeur des relations publiques de Huawei Algérie. L’occasion pour l’accompagnateur et le co-organisateur avec Algérie Télécom de ce voyage pas ordinaire de s’étaler sur les relations et les ambitions de l’entreprise dans notre pays qu’elle accompagne depuis plusieurs années, notamment dans la grande œuvre consistant à généraliser le FTTX en Algérie, c’est-à-dire faire parvenir la fibre optique au plus près de l’utilisateur, afin d’augmenter la qualité de service, en particulier le débit. Des projets, Huawei en a en Algérie, mais ce qui semble lui tenir le plus à cœur c’est la formation des personnels entre ingénieurs et techniciens. Selon M. Tian Jia, 80% du personnel employé par la filiale algérienne de Huawei sont des ingénieurs auxquels l’entreprise a dispensé des formations. L’on saura, également, que parmi les 120 projets de smart cities répartis à travers une quarantaine de pays, l’Algérie y figure et Huawei compte participer pleinement à la création de l’écosystème parfait en Algérie pour arriver à une plateforme impliquant de nombreux partenaires, dont 130 ont déjà adhéré. Un autre projet devrait également être matérialisé lors des tout prochains mois, il consiste en le lancement effectif de la ligne d’assemblage de téléphones.

«On compte y aller crescendo», a confié le directeur des relations publiques de Huawei Algérie, en précisant que l’usine en question commencera par la production de smartphones d’entrée de gamme.

Ceci en parallèle avec son implication dans le lancement de la 5G avec Algérie Télécom et sa filiale Mobilis. En tous les cas, ce qui est certain, c’est que l’Algérie intéresse au plus haut point Huawei où, d’abord, il entend mettre le paquet sur la formation.

A. M.